21 janvier 2023

Économie : petit tour d’horizon des ennemis intérieurs et extérieurs


L’IRA (« Inflation Reduction Act) ») de Biden prévoit depuis l’été 2022 de subventionner les entreprises, notamment européennes, qui décideraient de délocaliser sur le sol américain…

Cet acronyme risque de ne pas nous porter chance : l’IRA (« Inflation Reduction Act) ») de Biden prévoit en effet depuis la fin de l’été 2022 de subventionner massivement les entreprises, notamment européennes, qui décideraient de délocaliser sur le sol américain. Cette décision a été prise depuis que certains grands groupes industriels ont été contraints de suspendre, voire d’annuler, tous leurs projets de création de nouveaux sites en Europe en raison de coûts énergétiques devenus faramineux du fait des efforts conjoints de Bercy et Bruxelles pour « faire s’effondrer l’économie russe ». D’autres ont même déjà cédé aux chants des sirènes américaines puisque les prix de l’énergie y flambent moins qu’au sein de l’UE et que l’IRA – c’était le but – leur promet des subventions colossales.

Voté en août dernier, le texte n’a pas tardé à voir ses effets se concrétiser. Au premier rang des victimes de ce meurtrier IRA, on trouve, sans surprise (sauf pour Bruno, voir ci-dessous), les économies européennes, dont le déficit d’attractivité saute désormais aux yeux des plus connivents des chefs d’entreprise. Thierry Breton (commissaire européen en charge du marché intérieur) n’hésite même plus à brandir la menace d’une saisine de l’OMC pour régler ce litige et envisage déjà des mesures de rétorsion. A titre d’exemple, Northvolt, le fabricant suédois de batteries pour véhicules électriques, a indiqué ne plus vouloir implanter sa nouvelle usine en Allemagne mais… outre-Atlantique ! What a surprise! Sous l’impulsion du « plan Biden », Siemens Energy va, d’ici 2030, construire 30 gigawatts de parcs éoliens offshore… aux Etats-Unis et Volkswagen investir 7 Mds $ dans la production de SUV… au Tennessee. Me voilà définitivement rassuré par les paroles, paroles de Thierry Breton, que j’aurais bien vu remplacer Alain Delon aux côtés de Dalida. Et c’est un compliment.

Le chiffre de la semaine

30 à 50% – La fourchette de hausse des prix dans la grande distribution que pourrait provoquer la loi Descrozaille

A 5,9% en glissement annuel, l’inflation doit décidément refluer trop vite au goût des macronistes ! En effet, un texte de loi explosif sur les prix en supermarché est dans les rayons : surnommé « Egalim 3 », il porte sur les négociations annuelles entre industriels et distributeurs et pourrait accélérer la hausse des prix dans les linéaires en déplaçant au profit des fournisseurs le centre de gravité des tractations. De quoi faire enrager les dirigeants d’enseignes (je pense à un certain Michel-Edouard, qui, en son temps, devant une Ferrari médusée, avait d’abord envisagé de claquer la porte de ses magasins au nez des non injectés, avant, bizarrement, de se raviser), lesquels craignent de voir leurs clients déserter.

Du côté de Lidl, la Rolls du low cost, Michel Biero (son patron en France) estime que cette loi risque d’entraîner des hausses sur les étiquettes dans une fourchette allant de 30 à 50% ! Il tacle au passage avec force les « pompiers pyromanes » du gouvernement qui, d’un côté « cherchent des solutions dans tous les sens » et de l’autre « vont voter une loi pro-inflation ». Côté Leclerc, on dénonce un « lobby d’enfer ».

Réponse du député renaissant à l’origine de ce texte, Frédéric Descrozaille : « Je comprends que la grande distribution ne soit pas contente. Mais ils doivent s’adapter au contexte. » Voilà qui est singulièrement convaincant.

La déclaration de la semaine

« Il n’y a pas de mur de faillites. » Bruno Le Maire

N’en déplaise à celui qui a été décoré par Berlin de l’ordre national du mérite (en récompense à une allégeance cachée ? on rappelle à tout hasard que le prix français du kWh d’électricité est indexé sur le coût marginal du gaz… allemand justement !), Samarie & Cie propose, sur la base des dépôts de bilan 2022, le scénario peu réjouissant d’une récession structurelle cumulée du PIB français de l’ordre de 25% (gloups !) d’ici 2033.

Si l’on veut voir le verre à moitié plein, on retiendra qu’en 2022 le nombre de défaillances d’entreprises est resté inférieur de 20% à la situation pré-Covid. Certes à grands coups de planche à billets. Mais, côté verre à moitié vide, nous dénombrons 41 020 défaillances en 2022, contre 27 592 en 2021, soit un bond de 48,6%. Dans le détail, en décembre 2022 (en glissement annuel), les défaillances avaient déjà, dans l’hébergement et la restauration, plus que doublé (105,7%). L’industrie, le commerce et la réparation automobile ont également enregistré de nettes hausses du nombre de faillites (respectivement +64,3% et +54,4%). La remontée des défaillances est aussi particulièrement marquée parmi les PME (+48,7%). Mais, pour Bruno Le Maire, une hausse de 95,8% des défaillance des très petites entreprises et de 92,2% des petites entreprises n’est « pas un mur de faillites ». De là à croire que son cabinet ne lui a communiqué que la hausse des dépôts de bilan des entreprises de taille intermédiaire et des grandes entreprises (+20,8%), les seules qui comptent vraiment pour Davos, il n’y a qu’un pas que nous franchissons allègrement.    

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