Courses de karting à la prison de Fresnes |
Selon le ministère, la tenue de cette activité avait bien été validée mais les images qui en ont été diffusées ne correspondaient pas à ce qui avait été accepté. L’organisateur a assuré avoir « travaillé main dans la main avec l’administration ».
Le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, a annoncé, samedi 20 août sur Twitter, avoir « ordonné une enquête » administrative après l’organisation, au sein de la prison de Fresnes, d’épreuves inspirées du jeu télévisé « Koh Lanta », au profit d’associations. Cet événement, baptisé « Kohlantess », s’était tenu le 27 juillet au sein de l’établissement du Val-de-Marne, mais une vidéo, diffusée vendredi 19 août, notamment sur YouTube, a aussitôt suscité une vive polémique.
Trois équipes – détenus, surveillants et habitants de Fresnes – s’affrontaient lors d’épreuves variées : questionnaire, karting, mime ou tir à la corde au-dessus d’une piscine.
Le garde des sceaux a tweeté : « Après les images choquantes de la prison de Fresnes, j’ai immédiatement ordonné une enquête pour que toute la lumière soit faite. La lutte contre la récidive passe par la réinsertion mais certainement pas par le karting ! »
Dans la vidéo, Djibril Dramé, organisateur de ce « Koh Lanta des cités » – dont une première édition opposant jeunes et policiers avait eu lieu en juillet dans la ville de Fresnes – précisait que les détenus ayant participé au jeu étaient en détention « pour de courtes peines ». « D’accord, toutes les personnes [détenues] qui sont là le sont pour une bonne raison et la voie de la réinsertion passe par le travail en prison, mais nous avons aussi un devoir de ne pas les mettre de côté et de ne surtout pas oublier qu’ils sont des humains comme vous et comme moi », ajoutait-il.
Le directeur de la prison, Jimmy Delliste, s’était félicité d’un « moment d’engagement fraternel au bénéfice de trois associations », en remerciant les organisateurs.
Polémique chez les politiques
Sollicité par l’Agence France-Presse (AFP), le ministère a souligné que le garde des sceaux s’était « toujours montré favorable à ce que des détenus se voient proposer des activités sportives et culturelles, mais, dans le projet tel qu’il avait été présenté, n’apparaissaient pas les activités telles qu’elles se sont révélées dans cette vidéo, notamment celle de karting ».
L’organisateur, Enzo Angelo Santo, a précisé sur BFM-TV, n’avoir « à aucun moment pris au dépourvu quiconque ; tout le monde était au courant de notre action ». « On a travaillé, avec ce projet, main dans la main avec l’administration. On n’a pas avancé tout seuls », a-t-il ajouté.
Contactés par l’AFP, ni le directeur de la prison ni la direction de l’administration pénitentiaire n’ont pu être joints.
Samedi, plusieurs élus d’extrême droite ont vivement critiqué l’organisation de ces « activités estivales pour les détenus » à Fresnes. « Pendant ce temps-là, un enfant sur trois ne part pas en vacances par manque de moyens financiers. Les contribuables seront heureux de voir où part leur argent », a tweeté Hélène Laporte, vice-présidente (Rassemblement national) de l’Assemblée nationale.
Le député (Les Républicains) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti s’est également insurgé : « Nos prisons ne sont pas des colonies de vacances dans lesquelles détenus et gardiens tissent des liens d’amitié. »
Plusieurs organisations de policiers ont également réagi négativement, tel le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT) jugeant les images « choquantes » et ironisant, sur Twitter :
« La prison doit favoriser la réinsertion mais doit-elle se transformer en centre de loisirs ? » Cédric Boyer, responsable du syndicat Force ouvrière Justice à la prison de Fresnes, a souligné, auprès de l’AFP, que « la réinsertion passe par la formation professionnelle, le travail, l’école et surtout l’indemnisation des victimes » et que « la prison est un lieu de privation des libertés ».
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