La “plus puissante” armée du monde a bien des soucis... L’US Army ne recrute plus, elle n’attire plus les patriotes et les héros : le 1er octobre, il lui manquera 15.000 hommes (et femmes) sur les engagements qui lui sont nécessaires et elle comptera 445.000 soldats fin 2023 alors qu’elle avait fixé ses effectifs minimaux à 495.000 après la réforme et les réductions de 2015. Les motifs sont divers, mais on notera surtout les dégâts fait par la “wokenisation” des forces armées et la crétinisation générale de la population pour les capacités exigées.
Dans une époque de danger de guerre sans doute sans précédent puisque face à l’ennemi, potentiellement aux deux ennemis les plus dangereux de la planète, l’US Army se trouve dans une situation désastreuse et potentiellement catastrophique. Ainsi la Secrétaire à l’US Army Christine Wormuth a-t-elle été invitée à commenter cette situation lors d’une audition au Congrès.
Elle a abordé l’un des aspects de cette crise, la crise de ce qui fait la base d’une force professionnelle sur base de volontariat (instaurée aux USA en 1974) : le recrutement. Le maintien à niveau d’une force réduite à 476 000 soldats au minimum est abandonné (alors que ce niveau était encore fixé à 495 000 en 2015, au terme d’une réforme de réduction des forces, comme le minimum absolument nécessaire pour faire face aux conditions géopolitiques générales). L’U.S. Army tombera à 466.400 soldats à la fin de cette année, et à 445.000 à la fin 2023. Le constat est piteusement exposée par le choix de la qualité contre la quantité, – pour ne pas être obligé de recruter des idiots accomplis et diplômés inaptes dans les forces armées...
« L’US Army [armée de terre US] est confrontée à l’environnement de recrutement le plus difficile depuis la création d’une force de professionnels faite uniquement de volontaires. Ce n’est pas le défi d’une année difficile. Nous sommes confrontés à une question très fondamentale et nous ne la résoudrons pas en une seule mesure... Abaissons-nous les normes pour remplir les projections des effectifs ou bien abaissons-nous ces projections pour maintenir une force professionnelle de qualité ? Nous pensons que la réponse est évidente, – la qualité est plus importante que la quantité. »
Qualité contre quantité, d’accord, le choix est noble et judicieux. Mais que dire lorsque la situation n’a jamais été aussi tendue face à des adversaires qui sont bien autre chose, en termes de masses nécessaires pour les guerres conventionnelles de haute intensité, que les talibans et les anciens soldats de Saddam reformés en guérilla après l’attaque du printemps 2003 en Irak ? Il est évident que la situation de l’US Army telle qu’elle se dessine va avoir un impact de plus en plus grand sur les capacités opérationnelles des USA, et sur les ambitions de projection des forces, dans une époque où la Russie et la Chine sont désignés comme des ennemis directs, déjà presque en affrontement direct en Ukraine.
L’armée a institué un bonus de $50.000 pour un engagement de six ans, – qui se révèle d’ailleurs nettement moindre une fois diverses charges réglées. Le résultat n’est pas exaltant : le mois dernier, le Pentagone admettait être en retard de 23% sur ses prévisions de recrutement, ayant atteint à peu près la moitié des 60.000 engagés qu’elle avait prévu pour l’année fiscale se terminant le 1er octobre. Le déficit attendu est donc de l’ordre de 25% de l’effectif au minimum.
L’argument officiel est assez vague, mais il entrouvre la porte sur le fondement même de la crise, qui fait que nous la qualifions effectivement de “postmoderne” (“crise postmoderne” pour « effondrement postmoderne »).
« “Nous sommes confrontés à des défis sans précédent, à la fois dans un environnement et un marché du travail post-Covid-19, mais aussi dans la concurrence avec des entreprises privées qui ont modifié leurs incitations au fil du temps”, a déclaré le vice-chef d'état-major de l'armée, le général Joseph Martin, devant une sous-commission des services armés de la Chambre des représentants, selon AP. »
Une armée comme miroir de la société
La situation générale aux USA est, selon le même général Martin, que « seulement 23% de la population est physiquement, intellectuellement et moralement à un niveau nécessaire pour servir dans l’US Army, et, bien entendu, une petite portion de ce pourcentage envisage une telle possibilité ». Il s’agit bel et bien, pour le cas exemplaire et non exceptionnel de l’US Army, d’une situation qui reflète l’état général du pays où l’effondrement des structures se reflète directement dans l’effondrement des capacités personnelles de tous ordres des citoyens ; l’effondrement humain accompagne, accélère, précède ou est produit c’est selon, par l’effondrement structurel. En ce sens, l’effondrement des capacités d’attraction de l’armée est le reflet fidèle de l’effondrement des Etats-Unis. Tout ce désordre est “dans l’ordre” de la logique d’un effondrement, et, dans ce cas, cet effondrement frappe de plein fouet les forces armées qui faisaient une partie essentielle de “la puissance de l’Empire” ; et cela, à une vitesse absolument stupéfiante, à la mesure de l’évolution de tous les facteurs sociétaux et psychologiques !
Effectivement, il est caractéristique de constater que les causes identifiées de cette dynamique extrêmement rapide de destruction des forces armées sont des produits directs de la dégénérescence sociale et psychologique affectant la société civile aux Etats-Unis à une vitesse stupéfiante ces dernières années. Certes, on retrouve le même phénomène dans la plupart des pays du bloc-BAO, mais de façon beaucoup moins visible car la puissance qui reste à détruire du fait de la dégénérescence est beaucoup moins importante, et le processus de dégénération beaucoup moins rapide en regard des excès et des extrémismes américanistes qui sont aujourd’hui en pleine action.
On peut rapidement faire un inventaire du processus qui touche les forces armées des États-Unis.
• Il y a la crise-Covid, qui est, au-delà d’une pandémie normale, un phénomène typiquement postmoderne dans les remèdes imposées, les mesures de contraintes, le climat de censure et de bienpensance qui ont causé et continuent à causer des dégâts structuraux et psychologiques énormes. On a vu, le 16 juillet, les réductions de personnel possibles avec l’expulsion des forces des réfractaires à la vaccination.
» ... [A]lors que le Pentagone commence à licencier les hommes et femmes qui ne sont pas en conformité, pour raisons personnelles, avec la vaccination covidienne. Cette mesure touche tout de même plus de 13% de l’effectif du Pentagone, ce qui implique quelques problèmes potentiellement fort graves pour le volume des forces armées, confrontées désormais à deux ennemis non prévus par la RAND Corporation : le vaccin Covid et l’armement des forces ukrainiennes... »
• Le wokenisme général qui touche les forces armées depuis l’arrivée de Biden fait des ravages dans tous les domaines qui affectent le recrutement. Au niveau de la communication d’abord, impliquant l’incitation à s’engager dans les forces armées désormais basée sur tous les caractères développés dans le cadre du wokenisme, qui prétend par conséquent toucher les personnes selon des caractères sans rapport avec le métier des armes (diversité, genre, culture de la ‘cancellation’, etc.), tandis que ces caractères du métier des armes (patriotisme, aptitude au combat, emploi des armes, héroïsme, etc.) sont systématiquement ignorés :
« Le problème a été largement imputé à une mauvaise publicité, – en particulier la récente tendance à la publicité “woke”, qui a fait l'objet de nombreuses moqueries sur les médias sociaux, – et à un système de recrutement négligé et obsolète qui confie trop de responsabilités à des contractants extérieurs [sensibles aux seules tendances sociales et sociétales] »
• Les conditions existantes dans les armées, justement à cause de ces contraintes wokenistes postmodernes sans rapport avec la métier des armes, mais dupliquant en fait des conditions de contraintes de la vie civile ‘wokenisée’, ou des abus pour échapper à ces contraintes. C’est notamment le cas de l’afflux de femmes au sein des forces armées pour répondre à la cause sociétale du féminisme, qui conduit à une hausse exponentielle des abus sexuel, ce fait devenant paradoxalement un argument conduisant à la réduction des engagements de femmes. L’aspect psychologique des contraintes sociétales, aussi bien que des guerres conduites au nom de la ‘politiqueSystème’, alimentant un flux considérable de de pathologies ‘post-traumatiques’, est également identifié comme une cause de la crise de l’engagement dans les forces armées.
• Un des effets indirects de cette “dé-militarisation” de l’armée est que les engagements sont considérés de plus en plus par le public en quête d’emplois comme équivalents des emplois civils, dans un effet de concurrence tout à fait inattendu et où l’armée perd des plumes. Le prestige qui existait pour certains dans le fait de s’engager dans l’armée ne joue plus qu’un rôle très mineur puisque, en quelque sorte, et selon le principe de l’égalité absolu du wokenisme, il doit être perçu et exposé par l’armée elle-même que “l’armée n’est plus l’armée”...
• Le résultat est dit simplement par le constat de l’évolution ultra-rapide du statut et du rôle que l’armée tient aux USA. Elle fut souvent considérée dans le passé comme une voie pour éviter les crises, les maux et le désordre de la société civile, notamment pour la séquence envisagée après sa professionnalisation de 1974 succédant à la catastrophe vietnamienne, où le système de la conscription avait introduit dans les forces armées des conduites de mutinerie extrêmement graves du fait de l’infamie de cette guerre. Désormais, l’armée, bien que professionnalisée, est devenue au contraire le reflet des “crises, des maux et du désordre de la société civile”. Par conséquent et pour s’en tenir à cette logique, l’avenir est catastrophique :
« Une enquête interne du ministère de la défense, consultée par NBC le mois dernier, a montré que seuls 9 % des citoyens éligibles âgés de 17 à 24 ans ont l'intention de servir dans les forces armées, soit le chiffre le plus bas depuis 2007. Dans le même temps, le nombre total d'Américains physiquement, mentalement et moralement qualifiés pour s'engager a chuté de 29 % à 23 % ces dernières années. »
“Salut aux couleurs” LGTBQ+
Ce qui ressort de cette évolution, – extrêmement rapide, répétons-le encore une fois car cette rapidité est le facteur central de la Grande Crise, – c’est l’annulation (la “cancellation’) de tous les caractères spécifiques de l’institution impliquée. Les caractères propres au service dans les forces armées (« Servitude et grandeur militaires ») sont de plus en plus ignorés, souvent avec brutalité, au profit d’arguments moraux propres à la postmodernités que sont “nos valeurs”. Qu’est-ce que le climat wokeniste dans l’armée conduit à penser du patriotisme comme du “salut aux couleurs”, si ces couleurs sont celles du drapeau des Etats-Unis et non pas celles du glorieux fanion des LGTBQ+ ?
Tout cela implique une formidable décroissance, – disons un effondrement, là aussi, – de la légitimité des forces armées dans leurs fonctions traditionnelles, donc de la légitimité de l’autorité à l’intérieur de ces forces, – si tant est, d’ailleurs, que cette légitimité ait encore un sens dans le corps des officiers, surtout des officiers généraux qui pensent beaucoup plus à leur place dans un conseil d’administration d’une société d’armement pour leur retraite, qu’à de quelconques exploits dans des batailles qui seraient plus “dérangeantes” pour leurs carrières que les classiques “batailles rangées”. S’il n’y a plus la quantité, et de moins en moins d’une façon inquiétante du point de vue US, on ne voit pas en quoi la qualité prônée par la ministre de l’armée de terre est sauvegardée de quelque façon que ce soit : dans le cas US, et c’est comme un privilège postmoderniste particulièrement donné à cette puissance en glissade effrénée, quantité et qualité s’effondrent ensemble.
Tout cela survient, répétons-le également, au moment où la folie politique des USA, ou la non-politique des USA (‘politique-Système’ poussée au terme de sa folie), augmente d’une façon extraordinaire les risques de conflits conventionnels de haut niveau avec les deux autres grandes puissances militaires (Russie et Chine). Dans ce cadre, le Pentagone résoudrait-il le problème quantitatif par un retour à la conscription dont, jusqu’ici, personne ne veut entendre parler, et pour de bonnes raisons ? Vu l’état des choses et des ‘citoyens’, une telle décision ouvrirait la porte à un désordre considérable et à des refus généralisés de répondre à la mobilisation, avec des conséquences certaines sur la cohésion du pays, les tendances sécessionnistes, des refus d’utilisation des Gardes Nationales dans des conflits extérieurs, etc. Il ne sera même pas nécessaire de se pencher sur l’aspect qualitatif, concernant notamment les qualités morales, – par exemple, la comparaison du patriotisme d’un soldat russe à celui d’un conscrit du système de l’américanisme dans de telles conditions.
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