Aujourd’hui, les États-Unis, qui souffrent déjà d’une forte inflation causée par un manque d’approvisionnement, lancent une nouvelle salve de sanctions les plus stupides qui soient :
Une nouvelle loi, la Loi pour Empêcher le Travail Forcé des Ouïghours (ETFO), entre en vigueur mardi aux États-Unis et interdit l’entrée dans le pays de produits fabriqués au Xinjiang ou ayant des liens avec les programmes de travail dans cette région. Elle exige des importateurs ayant un lien quelconque avec le Xinjiang qu’ils produisent des documents prouvant que leurs produits, et toutes les matières premières avec lesquelles ils sont fabriqués, sont exempts de travail forcé ; une entreprise délicate étant donné la complexité et l’opacité des chaînes d’approvisionnement chinoises. …
En théorie, la nouvelle loi étasunienne devrait bloquer tous les produits fabriqués avec des matières premières associées au Xinjiang jusqu’à ce qu’il soit prouvé qu’ils sont exempts d’esclavage ou de pratiques de travail coercitif. Mais il reste à voir si le gouvernement américain est prêt ou capable de refuser un tel éventail de produits étrangers.
Les 12 millions de Ouïghours vivent principalement dans le sud de la province chinoise du Xinjiang. La région est aride et il n’y a pas assez d’eau pour une population en augmentation. Au fil des ans, cette situation a entraîné la pauvreté, des troubles sociaux et, avec l’aide de certains prédicateurs wahhabites formés en Arabie saoudite, le terrorisme contre les non-wahhabites.
Le gouvernement chinois a lancé un programme à grande échelle pour résoudre le problème une fois pour toutes. Il a subventionné des entreprises pour qu’elles déplacent leurs installations de production au Xinjiang. Pour des raisons géographiques, celles-ci se trouvent désormais principalement dans la partie nord du Xinjiang. Le gouvernement a également organisé de grands camps pour la formation professionnelle et linguistique. Une fois que les gens y sont passés, on leur a offert des emplois dans les nouvelles usines où ils travaillent en échange de salaires normaux.
La campagne de propagande anti-chinoise des États-Unis prétend que ces Ouïghours ont été contraints d’accepter leurs nouveaux emplois et appelle cela du « travail forcé ». Ce n’est pourtant pas le cas.
Travailler dans une industrie loin de chez soi est normal en Chine. C’est la raison pour laquelle, chaque année, pendant la saison de la fête du printemps, 300 millions de personnes en Chine voyagent pour retrouver leur famille.
Le vrai travail forcé, c’est ce que l’on voit dans l’industrie pénitentiaire étasunienne où les prisonniers n’ont pas d’autre choix que de travailler pour quelques sous que la prison finira par récupérer en raison des prix absurdes des petits produits de première nécessité que les prisonniers doivent payer.
Il est probable que l’administration Biden appliquera la nouvelle loi à de nombreux autres produits.
Les producteurs nationaux en concurrence avec les produits chinois peuvent se plaindre auprès du département du commerce qui devra alors retenir les importations à la frontière, lancer une enquête et pourra éventuellement saisir les produits.
C’est exactement ce qu’a fait Auxin, un petit producteur américain de panneaux solaires, dans une affaire de droits de douane qui a provoqué le chaos dans le secteur :
L’enquête réduira de 46 % les installations solaires prévues pour 2022 et 2023 et pourrait coûter plus de 100.000 emplois dans le secteur de l’énergie solaire si le ministère impose les tarifs douaniers, selon une analyse publiée hier par la Solar Energy Industries Association (SEIA), qui a organisé les réunions du Congrès.
L’enquête a « déjà un impact assez dévastateur », a déclaré Abigail Ross Hopper, présidente et directrice générale de la SEIA, à The Climate 2022.
La nouvelle loi remplacera un Ordre de Retenue et de Libération (ORL) que le service américain des Douanes et de la Protection des Frontières (DPF) a émis sous l’administration Trump en janvier 2021. L’ORL s’appliquait aux produits en coton provenant du Xinjiang et a entraîné un certain chaos dans l’industrie du vêtement.
La nouvelle loi ETFO est beaucoup plus large et touchera beaucoup plus de produits. De nombreuses matières premières, comme le lithium et le nickel, sont produites au Xinjiang et entrent dans la composition de nombreux produits en aval :
Xinjiang Nonferrous et ses filiales se sont associées aux autorités chinoises pour accueillir des centaines de ces travailleurs [ouïghours] ces dernières années, selon des articles affichés fièrement en chinois sur le compte de médias sociaux de l’entreprise. Ces travailleurs ont finalement été envoyés dans les mines du conglomérat, dans une fonderie et dans des usines qui produisent certains des minéraux les plus recherchés sur terre, notamment le lithium, le nickel, le manganèse, le béryllium, le cuivre et l’or.
Il est difficile de savoir précisément où vont les métaux produits par Xinjiang Nonferrous. Mais certains ont été exportés vers les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, la Corée du Sud et l’Inde, selon les déclarations de l’entreprise et les registres des douanes. Et certaines sont allées à de grands fabricants de batteries chinois qui, à leur tour, fournissent, directement ou indirectement, de grandes entités américaines, notamment des constructeurs automobiles, des sociétés d’énergie et l’armée américaine, selon des rapports de presse chinois.
Les efforts bureaucratiques que les importateurs de l’industrie solaire et d’autres secteurs devront déployer pour éviter d’être punis en vertu de la nouvelle loi sont considérables :
Le DPF a publié la semaine dernière les directives de l’ETFO, qui comprennent une section sur les importations de polysilicium. Afin de se conformer à l’ETFO, le DPF a déclaré que les entreprises du secteur solaire doivent
- Fournir une documentation complète sur la chaîne d’approvisionnement qui énumère toutes les entités impliquées dans le produit exporté.
- Fournir un organigramme décrivant chaque étape de la production et identifier la région d’où provient chaque matériau.
- Fournir une liste de toutes les entités associées à chaque étape de la production, même si la société exportatrice n’a pas travaillé directement avec elles.
Les directives du DPF indiquent également que les entreprises solaires qui s’approvisionnent en polysilicium à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du Xinjiang risquent d’être bloquées, car il peut être plus difficile de vérifier que les produits ne se sont pas mélangés avec du polysilicium du Xinjiang à un moment quelconque du processus de fabrication.
Pour les petits importateurs, il sera impossible de faire ce qui précède. Seules les grandes entreprises peuvent se permettre de rechercher et de fournir toutes ces données et de prendre le risque d’importer des produits qui pourraient être confisqués à la frontière. Elles demanderont bien sûr à leurs clients de payer pour tout cela.
Pour le consommateur américain, cela ne signifie pas seulement des prix plus élevés, mais probablement un accès plus limité aux produits dont il a besoin ou qu’il désire. L’industrie américaine n’est pas dans un état où elle peut fournir à l’échelle de la Chine.
Pour éviter les contrôles, les producteurs chinois pourraient éventuellement déplacer leurs usines. Mais ils se déplaceront vers des pays d’Asie du Sud et non vers les États-Unis.
Je ne comprends pas pourquoi l’administration Biden, qui a un « programme vert », a pensé que c’était une bonne idée.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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