On trouve beaucoup de publications sur la variole du singe dans la presse française depuis l’apparition des premiers cas début mai 2022. Environ 400 cas dans 26 pays ont été recensés au 28 mai 2022 alors que les premiers cas de cet épisode ont surgi simultanément dans plusieurs pays en zone non endémique. Cependant, l’une des questions essentielles qui consiste à déterminer le foyer originel de cette épidémie et les liens entre les personnes infectées n’est pas résolue.
Dans cette nouvelle épidémie – dont l’évolution reste encore incertaine faute de recul – le Royaume Uni est le pays qui a notifié le plus de cas en Europe au moment où nous rédigeons cet article (106 cas entre le 7 et le 28 mai 2022).
Cependant, l’impasse est faite sur l’analyse épidémiologique et la cinétique virale, c’est à dire l’identification du cas 0 et la traçabilité des cas contacts et le nombre de ces cas contacts infectés dans un délai déterminé. Cela e peut se faire qu’en début d’épidémie pour des raisons évidentes de traçabilité. Cette approche permet notamment d’estimer – dans les meilleurs délais – la contagiosité de la souche circulante et de mettre en place des mesures adaptées de prévention et de prise en charge de la maladie.
Une épidémie de monkeypox multi-foyers survenue simultanément en dehors des zones endémiques
Dans le cas de « l’épidémie de mai 2022 », il est en effet très surprenant de constater plusieurs départs d’épidémie qui touchent simultanément des personnes qui n’ont pas voyagé en zone endémique – à savoir l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale (pas voyager du tout pour la très grande majorité) et qui vivent dans les 4 coins du monde. Ces personnes n’ont par ailleurs pas été en contact les unes avec les autres dans un aéroport, une gare, un lieu de rassemblement…
Il faut lire un article du Monde accessible à tout public pour comprendre comment se repère un départ d’épidémie de variole du singe (ou de toute épidémie de nature infectieuse). Une étude parue dans le Lancet Infectious Diseases fait état de 7 cas de monkeypox humain établis au Royaume Uni entre août 2018 et septembre 2021. L’étude phylogénétique précise que le virus de mai 2022 est une souche ouest africaine, probablement le Nigéria qui avait fait une première incursion en 2018 et 2019 au Royaume Uni, en Israël et à Singapour. Les analyses phylogénétiques sont généralement rapides, elles sont d’ailleurs publiées sur le site https://virological.org.
La souche ouest africaine (taux de létalité d’environ 3%) est moins dangereuse que celle issue du bassin du Congo (taux de létalité d’environ 10%). Dans l’étude du Lancet précédemment citée, sept patients britanniques ont été identifiés parmi lesquels quatre ont contracté le monkeypox en dehors du Royaume Uni (voyage), alors que trois ont été infectés dans le pays (personnes issues d’une même famille). Deux patients avaient été identifiés peu de temps après leur retour du Nigéria. Le troisième patient était un personnel de santé qui avait été en contact avec l’un des deux voyageurs alors qu’il ne portait pas de tenue de protection. Monkeypox se transmets notamment par les voies respiratoires (gouttelettes de salive).
Des questions en suspens
La traçabilité de l’épidémie reste lisible pour les cas notifiés au Royaume Uni de 2018 à 2021 mais quid de l’épidémie actuelle ? Peu de voyages des premiers cas notifiés début mai 2022 en Europe, au Canada, aux Etats-Unis ou en Australie. Si les publications scientifiques incriminent, à juste titre, les voyages en zone endémique pour la transmission du monkeypox, pourquoi une implosion soudaine de cette épidémie en dehors de la zone endémique et sans voyage pour la plupart des malades diagnostiqués ?
Certains scientifiques font l’hypothèse d’un réservoir actif chez l’homme après le traitement et la guérison des patients atteints de monkeypox, ce qui pourrait expliquer une résurgence épidémique en dehors des zones endémiques. Cela reste une hypothèse mais on aurait alors établi un lien (contact) entre les nouveaux cas de mai 2022 et d’anciens cas, ce qui n’a pas été évoqué. Par ailleurs, la survenue simultanée de différents foyers épidémiques dans plusieurs régions non endémiques ne permet pas de valider une telle hypothèse.
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