16 mai 2022

En Chine, un stupéfiant ciel rouge

Il y avait une explication très simple à la teinte spectaculaire du ciel qui a inquiété les habitants de Zhoushan pendant quelques instants.

La situation dans certaines municipalités chinoises est en ce moment assez tendue, dans un contexte de lutte sans merci du gouvernement contre le Covid-19 qui impacte parfois lourdement les habitants.

Récemment, les habitants de la ville de Zhoushan, à l’Est de la province du Zhejiang, ont assisté à un spectacle carrément apocalyptique : le ciel s’est teint d’une couleur rouge écarlate décidément très menaçante. Très vite, des témoins se sont mis à proposer des dizaines d’explications, dont certaines extrêmement pessimistes. Certains s’attendaient à ce que cette couleur inhabituelle soit le résultat d’un incendie de grande envergure. D’autres suspectaient même un nuage chimique, voire même le début d’un conflit nucléaire.

De nombreux observateurs y ont également vu une sorte de prophétie. Le Science Times rapporte plusieurs commentaires de locaux qui y ont vu un signe annonciateur d’une catastrophe comme un séisme, ou encore les prémices du jugement dernier. D’autres ont cependant été plus optimistes, préférant l’interpréter comme un signe de “bonne chance et de prospérité”.

Les plus superstitieux continueront peut-être d’y voir un signe du destin, mais ce qui est sûr, c’est que ce ciel rouge sang n’était dû ni à une catastrophe de grande ampleur, ni à une guerre, ni à une force surnaturelle démoniaque. La réponse est en fait bien plus simple et moins dramatique.

Mais les explications sont beaucoup moins dramatiques que ce que les premiers observateurs avaient suggéré. Le petit vent de panique qui a menacé de souffler sur le pays est très vite retombé suite aux explications des météorologues locaux; il s’agissait tout simplement d’un ou plusieurs chalutiers qui auraient allumé de puissants projecteurs afin de chasser le Cololabis saira, un petit poisson local.

Les spécialistes ont expliqué que si le phénomène a pris des proportions pareilles, c’est avant tout à cause des conditions météorologiques particulières qui régnaient dans la zone. En effet, le temps était particulièrement maussade à Zhoushan. Un brouillard très dense planait sur certaines parties de la ville, qui était elle-même recouverte d’une épaisse couverture nuageuse. Ajoutez cela une pluie fine ininterrompue et éventuellement une dose de polluants atmosphériques, et vous obtenez les conditions idéales pour étudier certains phénomènes optiques comme l’effet Tyndall qui est en jeu ici.

Rappelons que cette dernière n’est ni plus ni moins qu’une onde électromagnétique, c’est à dire un flux de particules chargées qui oscillent plus ou moins vite. La distance entre ces oscillations matérialise ce qu’on appelle la longueur d’onde, un paramètre qui va donner ses propriétés à l’onde en question.

Lorsque cette longueur d’onde est comprise entre environ 380 et 750 nanomètres, cette onde électromagnétique appartient au domaine du visible; à notre échelle, nous interprétons cette gamme comme de la lumière dont la couleur varie en fonction de la longueur d’onde.

Mais ces ondes peuvent aussi rencontrer des obstacles sur leur passage sous la forme de minuscules particules de matière en suspension (gouttes d’eau microscopiques, particules de poussière…). Et lorsqu’un rayon de lumière traverse un milieu particulièrement chargé en particules de ce type, on assiste à un phénomène de diffusion couplé à un phénomène de réfraction.

Cela signifie que lorsqu’ils entrent dans un nuage de particules, les rayons de lumière qui voyageaient auparavant dans une direction précise à partir du projecteur du bateau se retrouvent déviés dans toutes les directions : on dit qu’elle est diffuse, d’où le ciel rouge visible à longue distance.

Ce phénomène a aussi été amplifié par le phénomène de réfraction, qui modifie la trajectoire des rayons lorsqu’ils passent dans un milieu à la densité différente – de l’air à une microgoutelette, par exemple.

Quand les conditions sont bonnes, on a davantage d’eau dans l’atmosphère qui crée des aérosols. Ils réfractent et diffusent alors la lumière des chalutiers et créent le ciel rouge observé par le public”, explique le personnel du Bureau Météorologique de Zhoushan interviewé par le Global Times.

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