Le ministre allemand de l’Economie s'attend à ce que les sanctions prises contre la Russie aient d’«importantes répercussions» sur sa propre économie. Avant même le début du conflit, Berlin anticipait un recul de son activité au second trimestre.
«L'impact des sanctions et de la guerre est tel que l'on peut craindre que même de petites perturbations aient d'importantes répercussions», a déclaré ce 3 mars le ministre de l'Economie d’Allemagne Robert Habeck lors d'une conférence de presse à Berlin, après des discussions avec le patronat allemand.
Le ministre a ajouté que ces effets étaient «prévisibles et déjà partiellement perceptibles», et a estimé être «confronté à une situation d'une complexité jamais vue depuis plusieurs années».
Robert Habeck a précisé que les «entreprises allemandes détenaient environ 20 milliards d'euros d’investissement, dont seulement 7,4 milliards d'euros couverts par des assurances». Pour compenser ces pertes, il a annoncé le déblocage de certaines aides pour les entreprises allemandes présentes en Russie, sans toutefois préciser les sommes débloquées. «Nous allons mettre en place un programme de crédit [...] afin que les entreprises en difficulté puissent bénéficier des taux d'intérêts favorables de l'Etat», a-t-il ajouté.
Les conséquences du conflit en Ukraine interviennent alors que l'Allemagne était déjà plombée, depuis plusieurs mois, par la pandémie de Covid-19, et les pénuries sur les chaînes d'approvisionnement mondiale. En vertu des sanctions prises contre la Russie par les Occidentaux, de nombreux grands groupes allemands ont annoncé la suspension de leurs opérations dans ce pays ainsi que leurs livraisons de marchandises.
Certaines industries, comme les constructeurs automobiles, ont également dit souffrir de problèmes d'approvisionnement en raison de l'interruption de l'activité chez leurs fournisseurs ukrainiens. Le conflit devrait donc freiner la reprise de l'économie allemande, qui était déjà affectée ces derniers mois par la pandémie de coronavirus.
«Une récession serait à craindre si l'économie allemande n'était plus en mesure de produire, c'est-à-dire si le scénario du pire se produisait effectivement, mais nous sommes un gouvernement capable d'agir, nous sommes un pays fort [...] et nous travaillons pour que cela ne se produise pas», a voulu rassurer Robert Habeck.
55% de gaz russe
Toutefois, avant même le déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine, la Bundesbank avait prévu qu'une chute «sensible» de l'activité pour le début d'année 2022, après un trimestre de léger recul (-0,3%) au quatrième trimestre 2021, autrement dit, deux trimestres consécutifs de recul économique signifiant une récession.
L'Allemagne peut aussi s'inquiéter des conséquences du conflit sur l'approvisionnement en gaz de son économie, qui dépend pour l'instant à plus de 55% de la Russie.
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