Tréguennec est connu pour ses magnifiques plages de sable fin qui bordent la tumultueuse baie d’Audierne (29). Mais aussi pour son ancienne usine de concassage de galets, qui étaient réduits en graviers durant la seconde guerre mondiale. Un site aménagé par les Allemands pour la construction des milliers de blockhaus du mur de l’Atlantique.
À quelques centaines de mètres du concasseur, au lieu-dit Park ar Hastel, se trouve une ancienne carrière aujourd’hui noyée d’eau. Pendant des décennies elle a été exploitée. On y extrayait des granulats routiers.
Après guerre, et jusqu’en 1969, ce sont les feldspaths qu’on y recherchait. Un minéral utilisé en céramique pour abaisser la température de cuisson, qui prenait la direction des faïenceries de Quimper mais aussi celle et des ateliers de porcelaine de Limoges.
Cela fait donc plus de 50 ans que la carrière a été abandonnée. Pourtant, d’après le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), elle contiendrait des milliers de tonnes de lithium, minerai très recherché sur la planète, entrant dans la fabrication des batteries des voitures électriques et celles des smartphones.
Ces deux secteurs ont le vent en poupe et, ces dernières années, la demande a littéralement explosé : en 2021, près de 90.000 tonnes de ce minerai blanc ont été extraites des mines à travers le monde. En 2025, les besoins devraient avoisiner les 183.000 tonnes !
66.000 tonnes de lithium pur !
D’après les études menées à Tréguennec, de 1977 à 2010 - notamment des sondages effectués à 130 m de profondeur -, le granite de la carrière serait très riche en lithium. Le filon s’étend sur 1.400 m de long. Ce qui en ferait le site breton le plus important, avant Santec (29), Saint-Sébastien-sur-Loire (44), où des roches lithinifères ont aussi été découvertes, présentant des teneurs moins importantes en lithium qu’à Tréguennec.
Sur ce dernier site, les experts évaluent à 8,5 millions de tonnes, la quantité de roches qui pourrait être extraite. Sachant que la teneur en lithium est de 0,78, %, le tonnage global serait de 66.000 tonnes ! Soit 70 % des besoins de la planète sur une année.
Depuis quelques mois, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a fait le vœu que la France soit moins dépendante de l’étranger en ce qui concerne les métaux rares tels que le lithium, le graphite et le nickel. « Si nous voulons être véritablement indépendants et autonomes, il est indispensable d’avoir des approvisionnements sécurisés en produits essentiels et en matières premières », martèle le ministre.
Le maire découvre l’existence du filon
Pour autant, peut-on envisager demain l’exploitation d’une carrière de lithium à la pointe de Bretagne ? Nous avons posé la question au maire de Tréguennec -350 habitants - Stéphane Morel.
« Cela fait onze ans que je suis élu et je n’ai jamais entendu parler de ce filon. C’est énorme et passionnant ! Bien entendu, je connais l’histoire de la carrière et du concasseur. Mais je ne savais rien à propos du lithium. Si, demain, cette carrière pouvait être exploitée, on deviendrait richissime. D’autant plus que le site appartient à la commune. On pourrait s’acheter les meilleurs joueurs de football de France et affronter le PSG sur notre terrain », plaisante le maire.
Plus sérieusement, Stéphane Morel sait bien que la zone en question est inscrite dans le périmètre des terres gérées par le conservatoire du littoral. Et que, de ce fait, il s’agit d’un espace naturel protégé. Un sanctuaire où l’ouverture d’une mine - et toutes les nuisances qui s’y attachent - peut difficilement être envisagée.
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