05 février 2022

Macron va devoir faire le mur. Le mur vaccinal

Il y a quelques jours sur LCI et avant de réduire unilatéralement la validité de l’immunité naturelle de 6 à 4 mois, Olivier Véran annonçait avec une gourmandise qu’il avait bien du mal à cacher que des millions de Français allaient bientôt « perdre le bénéfice du pass vaccinal ».

Le 25 janvier dernier, sur le ton docte de la maman envahissante qui rappelle à ses petits de bien se couvrir car il fait froid en hiver (et en été, « hydratez-vous ! »), le ministre de la Santé a ainsi exhorté les Français à prendre leur rendez-vous pour la nouvelle picouse aussi vite que possible et ne pas attendre le dernier moment tant il faut éviter la bousculade. Pensez donc : c’est que la dosette miracle de Pfizer, tout le monde en veut !

Reconnaissons-le tout de suite : le ministre a été entendu et, avec application, les Français se sont donc très bien organisés pour ne surtout pas se bousculer. En fait, les centres de vaccinations sont déserts.

Et cela va, inévitablement, poser un petit souci.

En effet, comme le mentionne le petit Olivier entre deux sourires pour le moment narquois, on pourrait donc aboutir à la désagréable situation où il faudrait désactiver plusieurs millions de passeports vaccinaux. En l’espace de quelques jours, des centaines de milliers puis des millions de Français pourraient alors se retrouver propulsés de l’autre côté du miroir, avec l’immonde ramassis d’antivax et autres complotistes affreux qui puent des aisselles, qui fument et qui roulent au diesel…

Or, tout indique que, dans les imposantes cohortes de vaccinés à deux doses, se sont glissés quelques étonnants réfractaires à la troisième dose, voire, abomination absolue, des triple-picousés qui refuseront obstinément la quatrième onction sanitaire. De façon intéressante et grâce aux chiffres gouvernementaux de CovidTracker qu’un lecteur s’est fort aimablement paluché pour nous, on peut même essayer d’anticiper un peu les évolutions des forces en présence, avec l’attrition plus ou moins naturelle des pfanzer-divisions au profit des rangs jusque là clairsemés des moudjahidins anti-picousards.

Ainsi, en prenant les règles de péremption définies par le gouvernement, à partir du 15 janvier 2022, le pass a été désactivé à tout dernier injecté de plus de 7 mois (soit une désactivation de ceux qui ont été injectés avant le 15 juin 2021). Cette durée de validité de 7 mois sera valable jusqu’au 14 février (et donc pour les vaccinés jusqu’à 14 juillet). En revanche (changement de règle !) à partir du 15 février, le pass sera désactivé pour tous ceux qui ont été vaccinés avant le 15 octobre 2021. Les vaccinés d’août et de septembre apprécieront l’entourloupe.

En utilisant les données du site, croisées avec les données INSEE pour avoir la population par tranches d’âge, on obtient le tableau indicatif suivant (auquel il faudrait ajouter les passes obtenus par rétablissement, mais dont il est difficile d’avoir les nombres exacts) :

Comme le montre ce tableau, la désactivation du pass à dernière injection plus 7 mois n’est en fait pas très contraignant, les injections des troisièmes doses étant pour l’instant supérieures aux nombres de doses arrivant à échéance, et devant atteindre les 29 millions au 14 février. Ceci n’exclut pas des désactivations de pass, certains n’attendant pas la péremption de leur dernière dose pour en prendre une nouvelle, masquant ainsi ceux qui ne prennent pas de nouvelle injection malgré la désactivation de leur pass. Le nombre de pass désactivés pour l’instant est donc relativement marginal.

Et s’il nous prenait la fantaisie de tracer la courbe des schémas vaccinaux qui arrivent à péremption en fonction du temps, on obtiendrait un graphique intéressant… que s’est empressé de produire mon fidèle lecteur et qui obtient ceci :

Et là, on comprend immédiatement que les changements de règles dans l’attribution du nouveau sésame républicain de conformité vaccinale vont provoquer de nouvelles petites tensions dans la société française apaisée par un quinquennat Macron menée de main de maître : eh oui, l’abaissement de la durée de péremption de la dernière dose à quatre mois au 15 février va – comme qui dirait – provoquer un véritable « mur vaccinal », dans lequel, subitement, des millions de Français vont se retrouver instantanément du mauvais côté électoral sanitaire.

Peut-être l’existence de cette falaise abrupte explique-t-elle la fébrilité actuelle du gouvernement dans l’accélération des mesures restrictives, sur l’impérieuse nécessité d’emmerder les non-vaccinés pour qu’ils cèdent, enfin, au bonheur sucré de la dosette magique : si rien n’est fait, de peu nombreux, ils pourraient devenir quasi-majoritaires et ça, cela ferait désordre dans le bilan pourtant majestueux de l’actuel chef de l’État et de son gouvernement de cadors lumineux.

L’équation gouvernementale se résume donc à essayer de vacciner des millions de bras (on évoque donc 9 millions) dans les 10 jours qui viennent, soit quelque chose comme 900.000 à la journée. Voilà une performance qui méritera d’être suivie de près et ce d’autant plus que ce niveau d’abattage de vaccination n’a jamais été atteint dans le pays. Parions que, déjà, des médecins, des infirmières et tous ceux qui le voudront sont déjà sur le pont, seringue en main et RIB frétillant, pour garantir à tous un accès renouvelé au Pass De La Liberté.

En attendant, le gouvernement et Macron derrière lui s’acheminent tout doucement devant un petit souci : continuer la rhétorique idiote qui a été mise en place contre les refuzpiks risque d’être très contreproductif à mesure que les élections approchent.

En effet, non seulement les rangs des joyeux bénéficiaires du pass risquent de mécaniquement s’étioler nonobstant les gesticulations grotesques des clowns à seringue, mais en plus peut-on constater qu’autour de la France, les pays retirent progressivement leurs contraintes sanitaires pour revenir à la raison, pendant que le pouvoir hexagonal s’entête.

Les prochaines semaines devraient donc nous offrir un spectacle intéressant avec un Macron qui fera tout pour que l’actualité sanitaire – seule à même de faire oublier son bilan absolument catastrophique – occupe le devant de la scène et ce alors même que tout le monde passera à autre chose. Pire encore : alors que l’Ukraine pouvait constituer un écran de fumée potentiel pour le mirliflore psychopathe, l’actuelle déroute au Mali achève d’évaporer toute crédibilité du petit Chef de Guère.

Avec un pass complètement à contre-temps, des vaccins dont les Français se sont lassés et une actualité internationale très défavorable aux petits mouvements de menton du locataire de l’Élysée, il va devenir particulièrement complexe d’éviter le bilan macronien.

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