Dans une tribune publiée le 25 janvier dans Le Monde, le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) posait la question de la gratuité des soins pour les non-vaccinés car, selon lui, ils prennent la place d’autres patients en soins intensifs. Dans le même temps, un rapport de la même AP-HP prouvant le contraire fuitait.
Alors que Martin Hirsch faisait le tour des médias pour accuser les non-vaccinés d’être responsables des déprogrammations d’opérations dans les hôpitaux, un document interne de l’institution, contredit son argumentaire.
◆ Seules 4 % des fermetures de blocs expliquées par la Covid
Comme le rapporte Le Figaro, un document interne de l’AP-HP qui n’était pas destiné à être rendu public, explique que 17 % des blocs opératoires étaient fermés entre le 17 et le 23 janvier 2022. Pourtant, seulement 3 % l’étaient en raison de la réaffectation de personnels dans les unités Covid et 1 % par l’indisponibilité temporaire des personnels contaminés par la Covid-19. Pour les 13 % restants, le manque de personnels et les postes vacants étaient responsables de ces fermetures. Au vu de ces chiffres, comment expliquer les propos de Martin Hirsch ces dernières semaines, dans différents médias ?
◆ Ignorance ou mensonge ?
« On peut poser la question en des termes crus : est-il logique de bénéficier des soins gratuits quand on a refusé pour soi la vaccination gratuite et qu’on met doublement en danger les autres […] en pouvant prendre une place en soins intensifs, nécessaire pour un autre patient ? » s’interrogeait Martin Hirsch, dans une tribune publiée le 25 janvier dans Le Monde. Le lendemain, il persévérait sur le plateau de C à Vous de France 5 : « Il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas de conséquence [à ne pas être vacciné] alors qu’il y aura des conséquences pour d’autres personnes hospitalisées. » Et d’ajouter : « Est-ce qu’on doit avoir droit au même niveau de prestation et de remboursement ? »
Comment M. Hirsch peut-il tenir ce genre de propos dans des médias mainstream alors que le document de l’AP-HP, dont il est directeur, les dément ? M. Hirsch fait-il ses déclarations outrageantes sans réelle connaissance du sujet ? Ou préfère-t-il cibler les non-vaccinés, au risque de mentir, afin d’éviter de parler de la situation catastrophique des hôpitaux ?
◆ L’AP-HP, victime de l’austérité
Haut fonctionnaire, à la tête de l’AP-HP depuis 2013, la gestion de M. Hirsch est largement contestée. Le journal Le Monde nous apprend que l’urgentiste Christophe Prudhomme lui reproche d’avoir « supprimé des lits, fermé des hôpitaux, imposé une réorganisation du temps de travail… Son bilan : un hôpital délabré », et que le Dr Gérald Kierzek, qui s’est opposé à lui, au sujet de la fermeture de l’Hôtel-Dieu à Paris, explique que « ceux qui ne le connaissent pas le prennent pour l’abbé Pierre. Ceux qui le connaissent pour Caligula ».
Comme le rappelle Mediapart, M. Hirsch n’a cessé de supprimer des postes ces dernières années. La multiplication des contrats intérimaires, l’accumulation sur les comptes épargne-temps de journées travaillées non payées, l’instauration des 35 heures sans embauches supplémentaires ou encore les salaires gelés sont autant de symptômes du malaise de l’hôpital public. Martin Hirsch ne devrait-il pas se concentrer sur son bilan plutôt que de faire des non-vaccinés des boucs émissaires ? Ignore-t-il autant les chiffres de son institution que le Manifeste des valeurs de l’AP-HP qu’il dirige ?
Enfin, doit-on s’inquiéter qu’un homme capable de tenir ce genre de propos et faisant fi du serment d’Hippocrate soit le président de la Commission d’orientation de la démarche éthique à l’AP-HP ?
Image principale extraite de l’émission C à vous
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