L’ARN Messager est-il une thérapie génique ? Cette affirmation
angoisse beaucoup Big Pharma (et quelques autres), alors qu’elle est
pourtant confirmée par des sites scientifiques. Mais pourquoi la
combattre ? Il faut ici rappeler une série d’événements qui se sont
succédé depuis les années 90 pour comprendre l’angoisse des
laboratoires.
Big Pharma se bat pour distinguer ARN Messager et thérapies géniques
Il faut lire les articles de presse insistant sur le caractère complotiste de l’affirmation selon laquelle l’ARN Messager ferait partie des thérapies géniques pour combattre l’importance de cette question technique en apparence secondaire. Ainsi, alors qu’un cadre de Bayer a déclaré, le 8 novembre, lors d’un événement officiel filmé de l’entreprise, que le vaccin à ARN Messager était une thérapie génique, la presse subventionnée s’est mise en ordre pour expliquer qu’il s’agissait d’un “lapsus” et que, bien entendu, il n’y avait aucun lien entre les deux.
Cet article récent fait suite à une longue série d’autres, véhiculés par les fact-checkers habituels (dont le site de la RTBF). Pour tout ce petit monde :
Ces affirmations sont fausses ou infondées et ont déjà été vérifiées par l’AFP à plusieurs reprises.
Alors si l’AFP le dit, l’ARN Messager ne doit pas être une thérapie génique… et Stefan Oehlrich, dirigeant de Bayer, a réellement commis un lapsus en affirmant le contraire à la convention de l’entreprise.
L’ARN Messager n’est pas une thérapie génique ? Vraiment ?
La difficulté de cette opinion selon laquelle l’ARN Messager n’est pas une thérapie génique tient au fait qu’on la lit beaucoup sous la plume des fact-checkers (et l’on sait que la rubrique fact-checking est confiée aux journalistes les moins compétents), mais qu’elle est démentie par les sites scientifiques.
Par exemple, le site de la Société Française de Thérapie Cellulaire et Génique, dont l’objectif est de “favoriser le développement d’études scientifiques, technologiques, précliniques et cliniques sur la thérapie cellulaire et génique”, dit le contraire. On y lit en effet, sur la page consacrée aux vaccins contre le COVID 19, cette phrase sans ambiguïté :
Jusqu’à présent, quatre Autorisations de Mise sur le Marché Conditionnelles ont été accordées par la Commission pour les vaccins développés par BioNTech et Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Janssen Pharmaceutica NV, en accord avec leur évaluation positive par l’EMA. Les technologies qui se cachent derrière les vaccins AstraZeneca et Janssen ne concernent pas le domaine de la thérapie génique. Ils utilisent des vecteurs adénoviraux pour transporter de l’ADN vers les cellules et générer des anticorps contre COVID-19.
Donc, dans le groupe des vaccins commercialisés, seuls les vaccins AstraZeneca et Janssen ne relèvent pas le thérapie génique. Donc, Pfizer et Moderna en relèvent. C’est en tout cas le point de vue de la société de thérapie génique, mais on veut bien croire qu’il soit moins valable, moins compétent, que l’avis du fact-checker de l’AFP.
Au passage, la page Wikipedia consacrée aux vecteurs viraux ne dit pas autre chose : elle indique que les thérapies géniques, comme les vaccins à ARN Messager, utilisent des technologies similaires.
La mauvaise réputation de la thérapie génique
Ce qu’il faut comprendre, c’est la raison pour laquelle les journalistes qui relaient comme des chiens fidèles les éléments de langage de Big Pharma sur le prétendu complotisme de tous ceux qui doutent, se mobilisent contre un rapprochement technologique qui n’est contesté par aucun site scientifique. Pourquoi désinforment-ils avec autant d’opiniâtreté ?
Tout le problème tient à la mauvaise réputation de la thérapie génique, et tout particulièrement aux cas de cancers déclenchés par les enfants qui l’ont reçue en traitement expérimental. Malgré toutes les campagnes de nettoyage de réputation sur Internet, il est en effet impossible d’effacer complètement de malheureuses séquences ont des enfants sont morts de leucémie plusieurs mois, parfois quelques années, après avoir reçu ce traitement.
Le Monsieur Vaccin du gouvernement au coeur des polémiques
Ce risque de réputation lié à la thérapie génique est au demeurant parfaitement connu d’Alain Fischer, le “Monsieur Vaccin” du gouvernement, puisqu’il en est l’un des principaux auteurs. Avant de représenter les intérêts d’Emmanuel Macron et de faire partie de l’équipe de Martine Aubry, le professeur Alain Fischer était en effet connu pour ses expérimentations en matière de thérapie génique sur les “bébé-bulles”, c’est-à-dire les enfants souffrant d’immuno-déficience.
Si ces expériences sont présentées comme de grands succès sur sa page Wikipedia, elles ont fait pas mal de remous à l’époque où elles étaient pratiquées. Elles ont notamment été interrompues deux fois en urgence à cause de leurs effets secondaires, consistant à favoriser l’apparition de cancers chez les enfants.
Comme l’indiquait, en 2014, la Revue Médicale Suisse :
Après dix mois de suivi, la publication de Science faisait état du succès de la technique chez deux patients. Ce résultat remarquable fut toutefois suivi de deux échecs (sur dix tentatives) dont un décès. L’essai clinique fut alors suspendu en urgence en 2002.
(…) Parmi les neuf bébés-bulle qui ont participé au nouvel essai, cinq ont été traités en France et quatre aux Etats-Unis. Ils avaient entre 4 et 10 mois et demi, la plupart souffrant d’infections sévères. Un enfant est décédé rapidement après la thérapie. Un autre a dû recevoir une greffe de sang de cordon et il a été retiré de l’essai (il est vivant). Les sept autres enfants vont bien et ont pu surmonter leurs infections. «La thérapie génique a corrigé leur déficit immunitaire, mais pas tout à fait», a clairement expliqué le Pr Fischer au Monde. Il se refuse à user du terme de guérison. «Ce traitement est efficace sur les lymphocytes T, mais peu sur les lymphocytes B, précise-t-il. Ces enfants doivent donc recevoir des injections d’immunoglobulines toutes les quatre semaines. A part cela, leur vie est normale.»
Autrement dit, les deux essais de théraphie génique menés en dix ans par le professeur Fischer ont chaque fois conduit à des décès prématurés chez une partie des petits patients. Beaucoup de scientifiques en ont conclu que la thérapie génique appliquée aux enfants était une idée très risquée, qui pouvait produire des effets désastreux à moyen ou long terme.
On comprend que Big Pharma n’ait guère envie de laisser s’installer l’idée que le vaccin à ARN Messager ressemble à la thérapie génique : cette banalisation de la comparaison ou du rapprochement ne pourrait que nourrir la méfiance vis-à-vis du vaccin.
Où l’on retrouve le bon docteur Fauci
Il n’est pas sans intérêt de souligner que l’impuissance de la thérapie génique utilisée par le docteur Fischer à stimuler la production de lymphocytes B chez les enfants traités a donné l’idée, à des chercheurs américains, de corriger ce problème en utilisant des lentivirus. Cette expérimentation menée en 2018 et 2019 était conduite par… Anthony Fauci, qu’on retrouve à la manoeuvre aux Etats-Unis pour faire la promotion des vaccins à ARN Messager. Comme le monde est petit !
On reprendra les propos de Fauci à l’époque :
Pour Anthony S. Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (Niaid) du NIH, « ces nouveaux résultats passionnants suggèrent que la thérapie génique pourrait être une option de traitement efficace pour les nourrissons atteints de cette maladie extrêmement grave, en particulier ceux qui ne disposent pas d’un donneur optimal pour la greffe de cellules souches. Cette avancée leur offre l’espoir de développer un système immunitaire entièrement fonctionnel et la chance de mener une vie saine et bien remplie. »
Entre Fischer et Fauci, on comprend désormais quelle communauté d’intérêts scientifiques fait la promotion d’une technique vaccinale dont aucun ne reconnait la mauvaise réputation et les risques éventuels. Et on comprend mieux pourquoi tout ce petit monde évite de nuire à la “confiance dans le vaccin” en prenant soin d’établir une cloison artificielle entre l’ARN Messager et la thérapie génique.
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