09 novembre 2021

Migrants: la Pologne alerte sur une tentative massive de violation de ses frontières

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Plusieurs vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des groupes de centaines de personnes marchant en direction d'un passage frontalier, alors que le gouvernement polonais en a décompté 4.000 au total.

Les autorités polonaises ont dénoncé lundi 8 novembre que des milliers de migrants essayaient de franchir la frontière de ce pays, limite orientale de l'Union européenne, en provenance de la Biélorussie, l'Otan jugeant l'utilisation des migrants par Minsk de «tactique hybride inacceptable».

L'UE accuse le président biélorusse Alexandre Loukachenko, qui le dément, d'avoir orchestré une vague de migrants et de réfugiés, venus principalement du Moyen-Orient pour tenter d'entrer sur le territoire de l'UE, en représailles aux sanctions imposées par Bruxelles à la suite d'une répression brutale de son régime contre l'opposition. La Pologne a envoyé des milliers de soldats à la frontière, y a construit une clôture à lames rasoirs et appliqué un état d'urgence local où les journalistes sont interdits de travailler.

Selon Piotr Muller, porte-parole du gouvernement polonais, cette opération est organisée «par les personnes liées à des services spéciaux biélorusses». «L'utilisation des migrants par le régime (du président biélorusse Alexandre) Loukachenko comme tactique hybride est inacceptable», a estimé dans un communiqué un responsable de l'Otan, se disant «préoccupé» par «l'escalade» de la situation à la frontière.

«Nous sommes préoccupés par la récente escalade à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Nous appelons la Biélorussie à se conformer au droit international», ajoute-t-il. Depuis la matinée, des dizaines de vidéos ont été publiées sur les réseaux sociaux montrant des groupes de centaines de personnes, avec des vêtements chauds et des sacs à dos, marchant le long d'une route.

Des milliers de migrants

Selon une géolocalisation faite par le service de fact-checking de l'AFP, une des vidéos a été prise près de bâtiments à Bruzgi en Biélorussie, à 1,2 kilomètre de la frontière avec la Pologne. Une vidéo publiée par le ministère polonais de la Défense fait état de centaines de migrants réunis le long de la frontière près du poste frontière Bruzgi-Kuznica. Une autre vidéo publiée par le ministère de l'Intérieur montre une partie de la clôture frontalière installée par la Pologne détruite, avec d'un côté des centaines de migrants, et de soldats, gardes frontières polonais et la police en tenue antiémeute de l'autre. Le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Muller a finalement indiqué à la presse que 3000 à 4000 migrants s'étaient massés près de la frontière.

«Les services polonais ont empêché les migrants de se frayer un chemin du côté polonais au sud du poste frontière de Kuznica. La situation était sous contrôle», a indiqué le ministère dans le tweet. Les gardes-frontières biélorusses ont confirmé lundi dans un communiqué qu'«en ce moment, un grand groupe de réfugiés avec des effets personnels se déplace le long de l'autoroute vers la frontière avec la Pologne».

À Varsovie, une cellule de crise du gouvernement avec la participation du premier ministre Mateusz Morawiecki, les ministres de l'Intérieur et de la Défense s'est réunie à 13:00 locales (12:00 GMT) pour discuter de la situation. Au moins 10 migrants sont morts jusqu'à présent dans la région, dont sept du côté polonais de la frontière, selon le quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

L'UE appelle aux sanctions

La chef de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovskaïa a reproché lundi dans un tweet à l'homme fort le président Alexandre Loukachenko d'avoir orchestré ce qu'elle a qualifié d'«attaque hybride» et a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à réagir dans un message publié lundi sur Twitter. «Les migrants sont poussés à la frontière par des hommes armés. Loukachenka est pleinement responsable de l'attaque hybride contre la Pologne, la Lituanie et l'Union européenne. Le trafic de migrants, la violence et les mauvais traitements doivent cesser. Une réponse forte est nécessaire. #UNSC devrait discuter de cette crise», a déclaré Tikhanovskaya.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé lundi 8 novembre les États membres à approuver de nouvelles sanctions contre les autorités biélorusses, responsables d'un afflux de migrants à la frontière de la Pologne. «L'instrumentalisation des migrants dans un but politique est inacceptable», a dénoncé la présidente dans un communiqué. Outre les sanctions contre Minsk, elle indique que l'UE «va examiner comment sanctionner les compagnies aériennes de pays tiers» qui acheminent les migrants en Biélorussie.

«Nous n'hésiterons pas à adopter des sanctions si nécessaire contre les compagnies et les pays qui font le jeu des passeurs», avait averti à la mi-octobre, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell. «Les migrants sont munis de visas, de billets d'avions et un appareil est prêt pour les transporter jusqu'à Minsk d'où ils sont acheminés jusqu'aux frontières de la Lituanie, de la Lettonie et de la Pologne», avait-il expliqué. «La route de l'Irak a été fermée cet été, mais d'autres routes ont été ouvertes», avait déploré Josep Borrell. Le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas, va se rendre «dans les prochains jours dans les principaux pays d'origine et de transit pour s'assurer qu'ils agissent pour empêcher que leurs propres ressortissants tombent dans le piège tendu par les autorités bélarusses», précise le communiqué.

Washington a appelé la Biélorussie à cesser de «manipuler» les flux de migrants vers l'Europe. «Les États-Unis condamnent fermement l'exploitation politique et la manipulation de personnes vulnérables par le régime de (Alexandre) Loukachenko», a indiqué le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.

L'Allemagne a appelé mardi l'Union européenne à «faire front commun» pour parer à la situation, assurant par la voix de son ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer, que «la Pologne ou l'Allemagne ne peuvent pas faire face à ceci toutes seules». «Nous devons aider le gouvernement polonais à sécuriser sa frontière extérieure. Cela devrait être l'affaire de la Commission européenne. Je l'appelle maintenant à prendre des mesures», a-t-il insisté.

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