13 octobre 2021

Pénurie d’engrais = pénurie de bouffe !

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J’ai pu discuter ce week-end avec un copain agriculteur qui a une exploitation dans mon petit coin de Normandie. Nous faisions les comptes. Je voulais savoir où il en était des pénuries dans son secteur agricole. Il avait eu le plus grand mal cet été à se faire livrer sa nouvelle moissonneuse qui était arrivée à moins d’une semaine des premières récoltes et de la moisson, tant les retards étaient importants.

Il me disait que côté pneus, c’était réglé, il n’y en avait plus et que les pneus d’occasion coûtaient aussi chers désormais que les pneus neufs.

Et puis nous avons évoqué le sujet des engrais.

C’est important les engrais.

Pour deux raisons.

D’abord parce que leur prix peut avoir des conséquences sur le prix de vos aliments lors de la prochaine saison, et ensuite parce que s’il n’y a plus d’engrais, cela aura un impact direct sur la quantité de miam-miam dans votre assiette. Or nous avons un gros problème du côté des engrais.

Le premier est bien un problème de prix puisque globalement les prix ont explosé et que pour vous la faire courte, le surcoût se rapproche dangereusement des 200 euros à l’hectare. En moyenne sur le blé, nous sommes à 1.500 euros l’hectare. Donc 200 euros se surcoût c’est très, très significatif.

Mais là nous ne parlons que de gros sous.

Le problème c’est qu’au moment où vous allez lire ces lignes, seuls 15 % de l’engrais nécessaires à nos agriculteurs ont été livrés.

Pas d’engrais, pas de miam-miam.

« Le prix des engrais azotés flambe. Une tonne de solution azotée (Fop Rouen) cotait 390 €/t au 24 septembre 2021, contre 167 € en début d’année. Une hausse de 133 %, qui continue de se creuser : chaque jour, les prix augmentent sous l’effet de la forte hausse des prix du gaz. Cette hausse concerne toutes les formes d’engrais minéral : solution azotée, urée et ammonitrate ». Source Réussir.fr ici

« Désormais, il ne s’agit plus d’une question de prix mais de disponibilité », confirme Isaure Perrot. Certains opérateurs ne proposent déjà plus de cotations. « On obtient des volumes au compte-goutte, confirme Clément Le Fournis. Quand on commercialise 300 tonnes de solution azotée sur notre site, ils sont partis en moins de deux heures. Il faut être alerte ». »

93 % de notre engrais sont importés !

Et là vous voyez bien évidemment le problème qui arrive.

Mes poules de cristal sont déjà toutes inquiètes et me demandent de faire des réserves de grains pour deux ans, ces gros sacs de 20 kilos de graines mélangées dont elles raffolent en plus de nos restes qu’elles préfèrent à tous les autres grains d’ailleurs.

Nous en apprenons ainsi un peu plus dans action-agricole source ici.

« Tant et si bien que depuis le début de la morte saison, nous ne sommes qu’à 10-15 % de livraisons de solutions azotées quand celles-ci atteignent, normalement à cette date 60-70 %. En termes de disponibilité, il risque d’y avoir des tensions au cours du printemps 2022. À titre d’exemple, le Norvégien Yara, numéro deux mondial de la production d’ammoniac, a décidé de réduire de 40 % sa production (lire ci-dessous). Une solution consisterait à s’approvisionner en Biélorussie, mais par peur des représailles des Américains, aucun importateur européen n’envisage de le faire »

Et ce n’est pas tout.

L’Union Européenne, n’a rien trouvé de mieux que d’imposer des surtaxes sur les engrais qui sont déjà très coûteux, pour les rendre encore plus chers. Quand je vous dis que l’Union Européenne est un terrible problème je vous assure qu’à chaque fois que l’on confie une tâche à ces europathes, ils nous transforment tout ce qu’ils touchent en catastrophe. Confiez-leur le désert et en 10 ans vous aurez une pénurie de sable.

« L’AGPB est très remontée contre le prix des solutions azotées ? Pourquoi ?

Depuis quatre ans, nous portons le fer auprès de la Commission européenne pour qu’elle abroge les taxes antidumping sur l’azote et, notamment, sur les solutions azotées. En effet, certains pays notamment du Nord et de l’Est de l’Europe (Lituanie, Pologne) veulent protéger leurs industries qui sont peu compétitives. Ces pays ont convaincu l’Union européenne d’imposer des surtaxes à l’importation, ou plutôt ce qu’on appelle dans le jargon fiscal, des droits additionnels car ils s’ajoutent aux droits de douane ordinaires de 6,5 %. Ces taxes frappent les importations de solutions azotées originaires de Trinité-et-Tobago, des États-Unis et aussi de Russie, avec des surtaxes variant de 22 € à presque 43 €/t. »

La disette organisée, et après le manque de masques le manque de miam-miam ?

Nous avions dans notre pays l’une des plus belles et plus puissantes agricultures. Nous étions devant l’Allemagne et cela pendant des décennies. Depuis l’Allemagne est devant nous. Nous perdons notre indépendance alimentaire et ce n’est pas faute d’alerter depuis plusieurs années. Vous pourrez revoir cette vieille vidéo de 2017 où je parlais des tensions sur le marché alimentaire, une époque, souvenez-vous où nous avions des pénuries, déjà, et de beurre en particulier puisque tout notre beurre ou presque partait en Chine.

La souveraineté alimentaire de notre pays, comme sa souveraineté énergétique sont bien évidemment des sujets fondamentaux et essentiels.

Tout gouvernement doit avoir comme préoccupation première de garantir le nourrir, le loger, le chauffer qui sont les éléments de base d’une vie digne.

Il faut donc d’urgence, que notre pays repense sa souveraineté alimentaire.


Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

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