Une situation ubuesque. La semaine dernière, la totalité des bénévoles des Restos du cœur de Fréjus a démissionné brutalement. Un coup dur pour les 200 familles qui bénéficient de l’aide alimentaire de l’association caritative (implantée au 71, rue du Vignal), à un mois du lancement de la saison hivernale.
Depuis le début de la crise sanitaire, les bénévoles rechignaient à servir et nourrir les personnes étrangères en situation irrégulière ainsi que les migrants. Une situation qui avait déclenché des tensions avec la direction départementale. Elles se sont soldées par la démission massive de la semaine dernière.
“Des désaccords de point de vue”
Pour justifier cette défection spectaculaire et soudaine, un ancien bénévole évoque “des désaccords de points de vue“. C’est du côté de la direction varoise qu’il faut chercher une explication plus précise.
“Aux Restos du cœur, il y a une charte des bénévoles, précise Jean-Philippe Florenson, le président départemental. Toute personne qui vient proposer ses services dans notre structure doit la respecter. Dans cette charte, il est dit que l’accueil est inconditionnel. Cela veut dire qu’on accueille n’importe quelle personne qui entre dans les conditions financières. Toutes celles qui entrent dans les barèmes doivent être accueillies sans aucune discrimination et sans aucune sélection. Cette charte n’était plus respectée par les bénévoles“.
“Nous ne sommes pas racistes”… Les ex-bénévoles des Restos du cœur de Fréjus réagissent à la polémique
“Nous ne sommes pas racistes, prévient d’emblée Chantal (membre des Restos depuis 16 ans). Sur Facebook, des personnes nous traitent de xénophobes. On se sent insultés car cela ne correspond pas à la réalité. Africains, Russes, Afghans… Nous avons toujours accueilli tout le monde sans aucune distinction. Tous les bénéficiaires le savent. D’ailleurs, certains ont pleuré quand nous leur avons annoncé notre départ. Nous n’avons pas démissionné de gaîté de cœur. Cet engagement au sein de l’association était toute notre vie. Aujourd’hui, les Restos du cœur ont beaucoup changé”.
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“Certains sont devenus menaçants”
“Nous avons toujours accueilli tout le monde, y compris les sans-papiers qui, si on se réfère à la charte, ne pouvaient pas prétendre à l’aide alimentaire, ajoute Hervé. Étant donné que nous ne pouvions pas les inscrire, nous leur donnions des colis de dépannage. Le problème, c’est qu’il y a deux ans, certains d’entre eux sont devenus menaçants. Un jour, un membre de notre équipe s’est même pris une boîte de conserve en plein visage. Il fallait réagir avant qu’un bénévole soit blessé. On a continué à servir les migrants à condition qu’ils soient accompagnés du travailleur social qui les suit dans leurs démarches légales de demande d’Asile. En ce qui concerne les clandestins et les sans-papiers en situation irrégulière, qui par définition ne sont suivis par aucun travailleur social, nous avons dû prendre la décision de ne plus les inscrire”.
“Mais nous continuions quand même à leur fournir des colis de dépannage. La direction est venue nous expliquer qu’il fallait continuer d’inscrire tout le monde, même ceux qui n’avaient pas les papiers requis. En septembre 2021, pendant l’Assemblée générale, on m’a posé cet ultimatum: ‘tu acceptes ou tu démissionnes”. J’ai choisi de démissionner à contrecœur et les autres m’ont suivi”. “Les Restos du coeur sont devenus une véritable entreprise, poursuit Catherine (6 ans de bénévolat). On n’y retrouve plus l’esprit de Coluche. Nous sommes écœurés”, ajoute Hervé. Aujourd’hui, Hervé, Chantal et Catherine réfléchissent à fonder leur propre association caritative.
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