La « crise du Covid » a fait prendre conscience à beaucoup d’entre nous que nous ne voulions plus du monde dans lequel nous vivons. Partant de ce constat, des citoyens s’organisent et des actions concrètes voient le jour un peu partout en France. Nous sommes allés à la rencontre de Marcellus qui, dans son département de la Vienne, a lancé Les Ateliers d’Un nôtre monde. En à peine deux mois de temps, ce qui se passe par chez lui est révélateur de ce besoin de tout à chacun de s’ouvrir, d’aller à la rencontre des autres et de construire notre monde à nous.
« Je n’oublierai jamais ces instants. Nous étions alors dans un nôtre monde… »
Le Média en 4-4-2 : Bonjour Marcellus et bienvenue sur Le Média en 4-4-2 ! Nous sommes ravis de vous recevoir pour parler des « Ateliers d’Un nôtre monde » que vous venez de lancer chez vous dans la Vienne. Afin de commencer la présentation de votre projet, pouvez-vous nous expliquer comment vous vous êtes retrouvés avec quatre-vingts personnes chez vous le 15 août dernier ?
Marcellus : Bonjour ! Alors toute cette aventure est née suite à la mise en place de mon premier groupe sur le réseau Telegram : « Un Nôtre Monde ». J’ai constaté très rapidement que les gens, un peu déboussolés il faut l’avouer, telle une boule de flipper sur ce plateau nauséabond de ce déferlement totalitaire, avaient ce désir palpable de vouloir agir localement afin de fédérer, de mutualiser, de partager, par le biais des propres connaissances et capacités, ce besoin de se mettre en lien, d’une manière productive et légitime, de chacun et chacune. Alors m’appuyant sur mes propres expériences au cours de ma vie, il était pour moi grand temps de proposer humblement, suite à la création du groupe, sur ce même réseau « Les Ateliers d’Un Nôtre Monde » une première journée : « Atelier autonomie énergétique ». Les messages s’entassaient, et de là, d’autres thèmes sont venus également se greffer à cette magnifique journée, où finalement, des citoyens et citoyennes de 3 à 100 kilomètres à la ronde se sont rejoints dans un même lieu jusqu’alors inconnu de tous… Et comme par enchantement, toutes ces belles énergies se connectèrent à l’instant T, abreuvées de cette envie de solidarité, d’autonomie sous toutes ses formes, de se « distancier » de l’équipe d’en face. Il y avait comme un air de déjà-vu, de la belle époque, de cette insouciance, humaine, de vivre libre, de renouer avec les principes éthiques qui enfantent l’écologie du vivant, cette harmonique qui sentait bon le pique-nique, les rires des enfants, et l’apaisement des plus grands. Je n’oublierais jamais ces instants. Nous étions alors dans Un nôtre monde…
Le Média en 4-4-2 : De ce premier rendez-vous réussi sont donc nés des ateliers ? Pouvez-vous nous donner les thèmes, la fréquence et ce qu’il en ressort ?
Marcellus : Oui, en effet, dès le soir même, des témoignages très positifs ont fait leur apparition sur le groupe, puis dès le lendemain, j’ai reçu beaucoup de messages privés, pour savoir si je pouvais programmer d’autres ateliers avec les thèmes que je proposais sur le groupe, ainsi que lors de cette première journée. De là, j’ai commencé à m’entourer naturellement par des personnes, localement proches, que je n’avais jamais vues et qui se sont spontanément proposées pour me prêter main-forte. En fait, cela faisait un moment que je cherchais comment fédérer à nouveau ce genre d’initiative sous forme d’atelier. L’équipe d’en face nous y a aidés, de là les Ateliers d’Un nôtre monde sont nés !
Le Média en 4-4-2 : Quels thématiques abordez-vous ? Vous vous voyez presque une fois par semaine c’est bien ça ?
Marcellus : Eh bien, selon mon expertise et expériences personnelles, les thèmes principaux qui composent les ateliers sont :
– Autonomie énergétique
– Permaculture
– Santé : Nutrition – Soigner – Secourir – Activités sportives et ludiques
– Survivalisme – Résilience
– Radio
– Jeunesse / Scolarité/ IEF
– Droit / Soutien juridique – Social – Administratif
– Monnaies libres
– Informatique
– Art
– Expression libre
– Spiritualité
– Ésotérisme
– Littérature – « caféphilo »
– Développement personnel
– Groupe d’entraide
– Services d’aide à la personne
Ces thèmes définissent le socle, la colonne vertébrale sur lesquels s’harmonise toute la dynamique de la philosophie des ateliers d’Un nôtre monde. De ces derniers, une forme de résonance interpelle naturellement les qualités humaines, les compétences, les capacités de chaque individu s’y reconnaissant et faisant ainsi émerger d’autres thèmes en corrélation. Concernant le rythme des rencontres, il s’articule autour des dates proposées par les animateurs, accueillants, participants, composant ainsi un calendrier pour la plupart du temps hebdomadaire. Au sein de chaque groupe départementaux, des équipes se détachent afin de structurer ce calendrier, sous forme de fichiers partagés dans un premier temps. Mais aussi de sondages, d’organigrammes. L’avantage est également d’aider les nouveaux groupes naissants sur Telegram à se structurer, le temps que la plate-forme web et son forum d’entraide soit en ligne !
Le Média en 4-4-2 : Il n’y a pas de sujets purement politiques dans les termes abordés. Est-ce volontaire ?
Marcellus : La politique en tant que telle n’est pas
et ne sera jamais un thème au sein des ateliers d’Un nôtre monde. Je
suis bien conscient que le nom de « Un nôtre monde » pourrait rappeler à
certains et certaines celui du site concernant les listes citoyennes
régionales de 2021, et que ceux-ci seraient tentés de divulguer de
fausse rumeurs. D’ailleurs la charte est certes très engageante, mais le
modèle sur lequel les ateliers tels qu’ils sont proposés et qui
possèdent leur propre charte n’est en aucun cas une récupération
politicienne. Il suffit également de surfer sur le net, pour
s’apercevoir que d’autres sites possèdent le même intitulé, pour des
raisons d’être différentes. Pour la petite histoire, il y a près de
quinze ans j’avais mis en place une page Facebook, qui se
nommait « Un nôtre monde » et qui parlait de partage entre humains, de
la protection animale, de l’écologie (pas celle que l’on connaît
actuellement !)… Bien sûr qu’il me paraît évident que le logiciel
politicien sur lequel cette société se structure depuis trop longtemps,
celui de l’équipe d’en face, qui de manière binaire et pyramidale nous «
programme », n’est ni honnête ni viable pour le vivant, l’humain. Et je
remercie les citoyens engagés qui font un job formidable, comme par
exemple les listes « Un notre monde » qui veulent instaurer les valeurs
d’une politique bienveillante. Même si ce n’est pas mon « rôle » dans
Nôtre monde !
« Pour sortir de cette sidération collective, il faut se rapprocher de l’autre, se mettre en mouvement, agiter ses envies, mesurer, partager ses besoins, réfléchir, et analyser par soi-même »
Le Média en 4-4-2 : Et tout cela va très vite puisque un mois après cette première rencontre chez vous, des groupes se forment un peu partout en France… Dans combien de départements peut-on trouver des Ateliers d’Un nôtre monde ?
Marcellus : Oui en effet, j’ai eu ma boîte mail remplie de demandes de renseignements, de MP sur Telegram… D’abord en local, par le bouche-à-oreille, puis grâce également au live sur la chaîne « Un Être Humain » avec Terry, ce qui m’a permis par ailleurs de mettre le lien pour ma page Tipeee, pour les groupes Telegram, ma boîte mail… A l’heure actuelle, il y a une quinzaine de groupes qui se sont formés, en moins d’un mois… J’ai même des projets à l’étranger comme la Belgique, la Floride, la Suisse. J’ai même été contacté pour la Thaïlande ! En Espagne, à Barcelone, le groupe a déjà vu le jour très récemment !
Le Média en 4-4-2 : Dites-nous si on se trompe, mais on a l’impression que pour bien faire chier « l’équipe d’en face » comme vous le dites très bien, il n’y a rien de mieux que d’essayer d’être le plus autonome possible. Tout simplement parce qu’on ne joue plus sur leur terrain avec leurs règles…
Marcellus : Mais complètement ! A partir du moment où les gens comprennent que la meilleure méthode de s’affranchir, de démissionner de leur rôle de « pousseur de caddy », en mode MBCD (Métro Boulot Conso Dodo) c’est justement de ne plus jouer avec les cartes, les outils de l’équipe d’en face, eh bien ils arrêtent de la sponsoriser. Ainsi, le fait de trouver ou retrouver une forme d’autonomie les libère du modèle hétéronome, binaire, sur lequel ils sont façonnés dans ce système pervers. Pour sortir de cette sidération collective, il faut se rapprocher de l’autre, se mettre en mouvement, agiter ses envies, mesurer, partager ses besoins, réfléchir, et analyser par soi-même, reprendre confiance en soi, renouer avec les valeurs éthiques du vivant, retrouver du bon sens, œuvrer tous ensemble pour notre bien « comme-un » : nous sommes des êtres humains, pas des codes barres… Et c’est en cela que les ateliers, quel que soit le thème, le jour de la semaine d’ailleurs, permettront de revitaliser nos espaces de vie individuels, collectifs. Cela nous fera passer par des phases de contraintes, sortir de nos zones de « confort » certes, mais essentiel pour nous, nos enfants ! Se mettre en lien, devenir autonomes dans nos besoins sous toutes leurs formes.
« Être autonome, c’est avant tout prendre ses propres décisions, mesurer, maîtriser ses besoins, ses envies, ses émotions, etc »
Le Média en 4-4-2 : On pourrait penser que l’objectif final, derrière votre belle initiative et le magnifique élan citoyen qui en découle, est de s’émanciper complètement du système. Or, ce n’est pas forcément votre aspiration…
Marcellus : En effet, les Ateliers d’Un nôtre monde ne s’inscrivent pas dans une dynamique de sortir les gens du système à proprement dit. Autonomie, pour moi, ne rime pas avec autarcie… Si on se coupe de la société, on rompt ce lien justement qui nous est tellement précieux en tant qu’être humain ! Être autonome, c’est avant tout prendre ses propres décisions, mesurer, maîtriser ses besoins, ses envies, ses émotions, etc. Il nous est fondamental de retrouver, puis de conserver notre liberté d’agir, de nous mettre en mouvement. De retrouver ce libre arbitre, et pour cela, l’autonomie sous toutes ses formes est vitale.
Le Média en 4-4-2 : Quel est le profil des participants des ateliers ? Est-il hétéroclite ?
Marcellus : C’est en ça que la philosophie des ateliers fait sens… Dans la même journée et pour un thème commun, les personnes qui se réunissent représentent un fragment extrait du tissu sociétal à l’instant T. Tu as des chômeurs, des artisans, des artistes, des personnels soignants, des juristes, des entrepreneurs, des militaires, fonctionnaires de police, gendarmes, professeurs des écoles, thérapeutes, médecins, salariés de tous bords… Des jeunes, et surtout, des « sages » ! Pas de hiérarchie, de statut socio-professionnel, de label, de « dress code ». Au final : un socle, un cercle d’humains.
« Cette notion papable et humaine tout simplement de se reconnecter au fondamentaux du vivant n’a aucune frontière »
Le Média en 4-4-2 : Vu le jeu pratiqué par l’équipe d’en face, vous risquez de voir de plus en plus de monde vous rejoindre. On peut d’ailleurs en profiter pour les remercier, car sans eux les ateliers auraient mis beaucoup plus de temps à se mettre en place !
Marcellus : C’est clair ! Un très grand merci à l’équipe d’en face ! Les groupes sur Telegram fleurissent de départements en départements, des pays limitrophes ou non (aux États-Unis : les Rocheuses du Montana, la Floride, l’île de La Réunion, la Thaïlande…). Des propositions de projets divers me parviennent également, pour le site web aussi, bref cette notion papable et humaine tout simplement de se reconnecter aux fondamentaux du vivant n’a aucune frontière… On a eu un atelier avec un sage, un monsieur de 84 ans au parcours de vie extraordinaire : 50 ans de vie coupé des réseaux, mais pas du tout dans l’autarcie ! Exceptionnel !
Le Média en 4-4-2 : Mais qui est donc ce monsieur de 84 ans ?
Marcellus : Ce monsieur Jacques m’a mis les larmes aux yeux la première fois que je l’ai vu, il est beau, magnifique. Il a 30 ans d’avance sur son époque, un Géo Trouve Tout, un « doc » comme dans Retour vers le futur… Cela fait des décennies qu’il est autonome à 100 %, en énergie et tout le reste, il représente à lui seul la philosophie des ateliers…
« Nos enfants ne méritent rien d’autre que la beauté du vivant »
Le Média en 4-4-2 : Comment voyez-vous l’évolution des Ateliers d’Un nôtre monde ? Ou plutôt, quels sont vos objectifs à moyen puis long terme ?
Marcellus : Cette évolution est exponentielle. De jour en jour, des demandes par mail, par messages privés, confirment que le modèle proposé, et qui a fait ses preuves, pour moi personnellement, fonctionne toujours. Le plus important pour moi est bien évidemment de le partager ! L’objectif, qui est le « nôtre », est de « standardiser » un moyen de communication, dans un premier temps via ces plates-formes numériques, en s’appuyant ainsi sur des expériences acquisses au fil du temps. Les gens ont ce besoin naturel de renouer avec l’autre. Il permet ainsi d’abreuver, sur le long terme, le socle commun de notre monde. En s’harmonisant sur trois piliers : l’écologie du vivant , la transmission de savoirs, le respect de l’espace de vie. Et bien sûr que l’individu retrouve cette confiance en lui, en ce nous.
Le Média en 4-4-2 : Nul doute qu’une grande partie de ceux qui
nous ont lus jusqu’ici souhaitent maintenant soit rejoindre des
ateliers, soit en lancer dans leur département… Que doivent-ils faire et
que leur conseillez-vous ?
Marcellus : C’est avec grand plaisir que nous pourrons leur communiquer les contacts nécessaires ! Le modèle qui s’est structuré et qui fonctionne à merveille est le suivant : pour les contacts d’informations, de créations de groupes sur Telegram, de propositions diverses, il y a une boîte mail dédiée (lesateliersdunnotremonde@protonmail.com). Ensuite pour chaque groupe départemental ou étranger, les administrateurs/trices sont joignables, ainsi que leurs équipes, par mail. Ce qui fait la « force » d’action et de mise en lien des Ateliers d’Un nôtre monde est que les personnes qui s’impliquent naturellement représentent ce fragment de la société. Ils ou elles n’ont aucune connaissance à la base, et se sentent ainsi parfaitement impliqués, investis, engagés, aussi bien pour être animateurs, accueillants, ou tout simplement participants… À l’inverse justement de ce qu’ils subissent tous les jours de leur quotidien.
Le Média en 4-4-2 : Merci, Marcellus, de nous avoir expliqué ce
très beau projet plein de sens que nous ne manquerons pas de suivre de
très près ! Avez-vous un dernier mot à ajouter ?
Marcellus : Eh bien pour conclure notre interview, ce sera sur une note très positive… L’équipe d’en face nous met face à nos responsabilités. Et finalement, les gens que je rencontre, avec lesquels j’échange, je partage, ont un potentiel à émouvoir le vivant, le « nous », abyssal… Et que la mise en lien avec les ateliers que nous organisons leur ouvre les portes vers l’harmonisation de nntre monde… Et qu’il se met en place de plus en plus de collectifs, d’associations, de fédérations, d’actions, de citoyens, d’êtres humains. Et ce n’est que le début… Qu’il est grand temps de regarder, d’observer, de partager, de prendre la main de l’autre. Vous savez celui qui est assis là tout de suite à côté de vous dans le bus, ou qui vient de vous croiser en voiture, qui vient de déposer une pub dans votre boîte à lettres, qui vient de vous livrer un colis… Nous sommes la charnière. Je remercie les gens que j’aime, je remercie l’inconnu et mon pire ennemi, je remercie l’univers chaque jour, chaque nuit, la vie est belle ! Nos enfants ne méritent rien d’autre que la beauté du vivant. Moi, je suis juste un papa loup, et mes enfants, nos enfants sont les parents de demain, ne l’oublions pas lorsqu’il sera temps de leur offrir notre héritage… Et un très grand merci à vous bien sûr !
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