La désindustrialisation de notre pays a commencé il y a quarante ans et s’est accélérée depuis vingt ans à cause de l’euro, c’est ce que montre mon premier graphique. Aujourd’hui, bon nombre de politiques veulent procéder à la réindustrialisation de notre pays, ce qui serait souhaitable.
Pour y arriver, encore faut-il comprendre POURQUOI nous nous sommes désindustrialisés.
C’est à cette explication que je vais m’attacher dans cette note qui
sera plus longue que les quatre pages habituelles, et je m’en excuse.
Depuis Mai 1981, moment où nous sommes passés de l’ombre à la lumière selon Jack Lang,
indice de production industrielle et PIB divergent continuellement
(voir le premier graphique). Cet écroulement de notre industrie s’est
accéléré depuis l’introduction de l’Euro en 2000. J’en ai souvent parlé
dans ces billets et je n’y reviendrai pas dans cette note. Je renvoie
simplement à notre dossier sur l’euro qui peut être trouvé sur le site
de l’IDL.
Devant ce constat de désastre, la recherche du bouc émissaire fait rage. Les coupables sont (au choix), les excès du libéralisme, l’élargissement européen, la Chine, la concurrence déloyale des américains, ou des anglais et certaines de ces remarques ne sont pas sans mérite.
Mais le but de cette note est d’expliquer que, quand il s’agit de foutre notre économie en l’air, nous n’avons pas besoin d’aide, que nous nous débrouillons très bien tout seul. Par exemple, sur le graphique ci-dessus, je rappelle les grandes étapes de la descente aux enfers de notre industrie :
- Mitterrand et ses nationalisations qui autorisèrent ensuite une corruption sans précèdent de la haute administration dans notre pays.
- Trichet et sa politique du franc fort qui fît payer la réunification de l’Allemagne par la France et fit sauter la moitié du système bancaire français (faillite du Crédit Lyonnais et de milliers de petits entrepreneurs).
- Madame Aubry et ses 35 heures, qui fît monter le coût du travail en France juste au moment où le gouvernement allemand le faisait baisser chez lui.
- Et enfin l’euro, le dernier clou dans le cercueil de l’industrie française avant la mise en terre.
Toutes ces mesures, plus brillantes les unes que les autres, ont été portées par les « élites « françaises et pas du tout imposées par je ne sais quelle conjuration internationale. Voilà qui rappelle la ligne Maginot, autre triomphe de nos élites. Je ne sais pas si nous avons la droite la plus bête du monde, mais je sais que nos élites sont, depuis Mitterrand, de loin les plus incompétentes, et les plus corrompues de notre histoire.
Et ce désastre, n’a pas affecté tous les autres pays d’Europe mais simplement ceux chez qui sévissait le capitalisme de connivence (Italie, Espagne, France). Pendant la même période, de nombreux pays européens s’en sont très bien sortis, comme la Suède, le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, les Pays Bas…
Dans cette note, je vais me concentrer sur un seul pays voisin, la
Suisse, pour montrer qu’il s’en est très bien sorti comme en fait foi le
graphique suivant.
Aucune différence notable entre IP et PIB, aucune trace de catastrophe en 2009 ou en 2020, l’économie Suisse semble vivre sur un long fleuve tranquille alors que la nôtre n’est jamais sortie de la « crise » depuis 1974 date à laquelle nos élites ont commencé, hélas, à s’intéresser à la macro économie.
Comparons maintenant les indices de production industrielle Suisse et Français.
Taux de croissance de l’industrie en Suisse : +1.9 % par an, c’est-à-dire la même chose que le PIB en volume.
En France, croissance de la production industrielle : +0.7% par an, beaucoup moins que le PIB en volume (+1.6 %), mais la quasi-totalité de la croissance depuis plus de vingt ans est venue du secteur public et fût financée par la dette. Le décrochage de la France, qui croissait plus vite que la Suisse, commence en 1980.
En Suisse, malgré la monnaie la plus forte du monde depuis quarante ans, nous avons une croissance satisfaisante de sa production industrielle, des excédents commerciaux records, aucun déficit budgétaire, une inflation inexistante, des budgets sociaux en équilibre, pas de chômage, le niveau de vie le plus élevé au monde, et son économie n’a été gênée ni par la Chine, ni par le Japon, ni par l’Allemagne, ni par Bruxelles, ni par le libre-échange, ni par personne apparemment.
Mais comment font-ils, alors qu’il n’y a pas d’Ecole Nationale d’Administration en Suisse ?
La réponse est simple. Les sociétés suisses gagnent beaucoup plus
d’argent que les sociétés françaises, ce que montre notre troisième
graphique et cela sans doute parce qu’il n’y a pas d’ENA en Suisse.
Salopards d’entrepreneurs suisses : Non seulement ils gagnent plus, mais de plus en plus, alors que nos entrepreneurs non seulement gagnent moins, mais aussi de moins en moins.
L’exploitation de l’homme par l’homme atteint donc des sommets en Helvétie, où les gens meurent de faim dans la rue, et il va nous falloir bâtir un mur pour empêcher les Suisses de venir travailler en France pour échapper à la misère. Heu… Dans la réalité, ce sont les travailleurs français frontaliers qui font la queue pour aller en Suisse…
En réalité, les sociétés suisses gagnent environ 50 % de plus d’argent que les sociétés françaises pour un chiffre d’affaires équivalent. Comment expliquer cette anomalie ?
Nous arrivons au cœur de la question et voici la réponse qui est fournie par le graphique suivant.
Eh oui.
Depuis 1978, l’état Suisse est resté à 33 % de dépenses étatiques en % du PIB pendant que l’état Français passait de 35 à 61 %.
Puisqu’un repas gratuit ça n’existe pas, il nous faut maintenant poser la question qui fâche : qui a payé la note en France pour cette croissance débridée de notre Etat ?
La réponse est simple : Les entreprises françaises dont la rentabilité s’est écroulée. C’est ce que montre le graphique suivant.
Ligne bleue qui baisse = dépenses étatiques qui montent, ce qui fait baisser la ligne rouge (rentabilité des entreprises) quelques mois plus tard et déclenche a son tour une baisse du taux de croissance structurel de l’économie (graphique du dessous, ligne noire).
La croissance vient des entrepreneurs, s’ils gagnent suffisamment d’argent compte tenu du risque pris, et non pas de l’état s’il en dépense plus. Le Keynésianisme est une foutaise. Je suis bouleversé de honte devant cette découverte.
Et si les entrepreneurs ne gagnent pas assez d’argent, le chômage augmente (dernier graphique), ce qui fait croitre le poids de l’état à nouveau, puisqu’il faut payer tous ces gens que la hausse du poids de l’état a mis au chômage, et ainsi de suite.
D’où l’on peut conclure que la principale cause de la hausse du chômage, des dettes abyssales et de la désindustrialisation i en France a été l’embauche de fonctionnaires, manifestation la plus pérenne d’une hausse du poids de l’état dans l’économie.
Conclusion
La cause “première” de tous nos malheurs, ce n’est pas la Chine, ce n’est pas Bruxelles, ce n’est pas le libre-échange, ce ne sont pas les Etats-Unis, c’est une classe administrativo-criminelle, née sous Mitterrand, qui a capturé le pouvoir politique et l’exerce pour extraire des rentes à son profit et à celui de ceux qui les ont fait élire.
Réindustrialiser la France nécessite donc une chose et une seule : enlever le pouvoir politique à cette classe pour ensuite faire baisser le poids de l’état dans l’économie d’au moins 10 points sur les prochaines années.
Car, dès que le poids de l’état se met à baisser, les choses s’améliorent immédiatement, les entrepreneurs exilés reviennent au pays avec leurs capitaux tandis que les entrepreneurs locaux se jettent a nouveau dans la bataille.
Comme le dit Corneille « L’espoir changea de camp. Le combat changea d’âme »
C’est ce qu’a réussi à faire la Suède depuis 1992. Les années suivantes1993 et 1994 furent des années difficiles mais à partir de 1995, tout alla en s’améliorant et cette renaissance continue à ce jour. Mais comme en Grande-Bretagne au début de Thatcher, comme au Canada avec Chrétien, tout cela s’est passé avec un taux de change flottant librement.
De fait, je ne connais pas d’exemple historique où une baisse forte du poids de l’état dans l’économie ait été accomplie dans un régime de taux de change fixe.
Le but d’une telle politique est en effet de faire monter la rentabilité du capital investi dans la production, ce qui sera favorable aux entrepreneurs et aux exportations, et de pénaliser les rentiers, c’est dire les fonctionnaires et les porteurs d’obligations, ce qui revient à défavoriser la consommation et les importations.
Comme les salaires ne peuvent pas être baissés nominalement dans la fonction publique, la meilleure chose à faire est donc de transférer du pouvoir d’achat des fonctionnaires aux entrepreneurs par la baisse du taux de change, c’est-à-dire d’opérer un transfert massif de la valeur ajoutée créée par le système, des fonctionnaires et des porteurs d’obligations aux entrepreneurs, en payant les fonctionnaires et les rentiers en « monnaie de singe, pendant un temps.
Le danger est cependant de créer trop de monnaie, ce qui serait inflationniste et pourrait amener à une dévaluation « ratée » qui nous ramènerait au point de départ. C’est ce que fit l’Italie pendant des décennies. Une dévaluation « réussie » implique donc un ajustement brutal vers le bas du taux de change, suivi d’une politique monétaire très restrictive qui, elle, préparera la hausse à venir de la monnaie.
C’est ce que firent les pays asiatiques de 1998 à 2001…C’est ce qu’il faudra faire si l’on préfère « la fin de l’horreur à une horreur sans fin », qui nous amènerait à suivre le chemin tracé par l’Argentine, qui après tout, était le second niveau de vie au monde en 1945.
Comme nous l’étions à peu de chose près il y a quelques temps, avant Mitterrand.
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