Je résume d’abord de mon intention qui peut paraître étrange et qui le paraîtra à certains j’en suis sûr, de tracer un parallèle tout aussi étrange, entre Woodward et Zemmour-en,-France...
D’abord parlons de l’Américain-américaniste en long et en large, avant d’en venir au parallèle – qui n’a strictement rien de politique, – avec le Français. Bob Woodward, repu de $millions et de succès littéraires (champion des bestsellers comme je suis champion des worstsellers) est un homme étrange, un homme aux mille visages ou bien un homme pour toutes les saisons ; mais certainement un personnage qui a sur sa fiche de conformité, les caractères du progressiste-sociétal bon teint des beaux quartiers de Washington, D.C.. Chaque livre qu’il publie est d’une part un succès assuré, d’autre part un panier de révélations souvent sensationnelles.
On voit par ailleurs de quoi je veux parler pour l’édition 2021 des Woodward tri/quadri-annuel depuis ‘All the President’Men’, adapté en film par Redford, qui raconte l’enquête du Watergate avec soin collègue et pas-si-ami, Bernstein l’infortuné (parce qu’il n’eut jamais la fortune d’exploiter le filon politico-littéraire type-Woodward).Dans le cas qui m’occupe aujourd’hui, je veux mettre en pleine
lumière le rôle de Woodward qui le fut déjà souvent, mais je crois
jamais aussi lumineusement :
• Woodward est un ‘asset’ du Washington ‘Post’ [WaPo],
il reste jusqu’à nouvel ordre à vie dans ce quotidien, mais comme une
sorte d’“électron libre” richement paré et payé, au rythme de la
publication de ses bouquins sur neuf présidents depuis Richard Nixon
(avec une accélération ces dernières années puisque ‘Peril’ [sur la transition Trump-Biden] suit d’un an ‘Rage’
[sur Trump face au Covid19], – cette accélération marquant bien la
montée paroxystique de la crise du système de l’américanisme) ;
• Le ‘Post’, racheté en 2013 par Jeff Bezos, indirectement
grâce à la disponibilité d’un contrat de 600 $millions payé cash par la
CIA, a désormais une solide réputation d’être une des voix principales
de l’establishment militaro-industriel et du renseignement (CIA-Amazon) ; WaPo a été l’adversaire le plus acharné de Trump, le plus dispensateur des narrative les plus folles, et il est complètement du côté démocrate et de Biden ;
• Force est de constater que les “révélations” de Woodward dans ‘Peril’ constituent un rude coup contre cet establishment,
avec le détail des intrigues absolument illégales du général Milley
avec l’aide substantielle du troisième personnage de l’État, de la Speaker de la Chambre Nancy Pelosi, contre Trump durant cette transition ;
• ...Si bien qu’on est conduit à se s’interroger, non pas selon la
question secondaire pour moi de “pour qui roule Woodward ?”, mais plutôt
à constater que ses écrits ont des aspects incontrôlables et parfois
étrangement dévastateurs pour ce qui est en principe son propre camp.
Woodward est par ailleurs, si l’on remonte à la période d’immédiatement avant sa rencontre avec la gloire (le Watergate), un personnage extrêmement mystérieux et ambigus (suite), journaliste venu des services de renseignement de l’U.S. Navy pour plonger dans l’enquête sur le Watergate. On consultera le site d’une richesse incroyable ‘watergate.com’ de Len Colodny, auteur du livre ‘The Silent Coup’, avec plusieurs entrées sur Woodward, et d’autres entrées sur tous les acteurs et les aspects du Watergate.
On a déjà mentionné sur ce site la thèse du livre et le rôle de Woodward à plusieurs reprises, notamment le 25 septembre 2009 :
« ...D’autres acteurs ont un jeu trouble dans cette montée de la tension.
» Woodward, l’homme qui a sorti le scoop du rapport McChrystal, n’est pas le moindre de ceux-là. Woodward est l’archétype du vrai-faux héros journaliste de la narrative américaniste, à l'audition de laquelle nos intellectuels germanopratins béent d’admiration, avec le Premier Amendement en bandoulière. Le héros du Watergate, qui a reçu tous les lauriers et s’est bâti une fortune sur cette gloire, à la différence de son compère Bernstein qui eut la peau de Nixon avec lui, Woodward, donc, est un ancien agent du renseignement naval, proche du chef d'état-major de la Navy devenu président du Joint Chiefs of Staff (JCS) d’alors (l’amiral Moorer en 1970-74), avant d’entrer au ‘Post’ et de se retrouver avec l’affaire du Watergate. L’élimination de Nixon, à partir d’informations obtenues plus par des complicités suscitées directement et indirectement par le JCS que par des vertus journalistiques et progressistes, tombait à pic pour les militaires qui craignaient de fortes réductions du budget du Pentagone et un arrangement avec l'URSS. (Voir notamment le livre ‘The Silent Coup’, de 1992, de Len Colodny et Robert Gettlin, sur cet aspect du Watergate, et sur la carrière de Woodward à la gloire du journalisme le plus libre du monde.) Bref, Woodward a toujours copiné avec les militaires ; il a poursuivi durant les années Bush, avec un accès idéal au président pour pouvoir publier quelques bestsellers qui ont arrondi sa fortune ; il semble qu’il continue aujourd’hui parce qu'il n'y a aucune raison d'abandonner les bonnes choses… »
Mais, justement, dans ‘Peril’, volontairement ou non (on le verra dans le livre au complet), le Woodward qui « a toujours copiné avec les militaires » ne copine plus vraiment. Ses “révélations” s’attaquent au plus haut de la hiérarchie militaire (Milley, président du JCS pour Joint Chiefs of Staff) et de la direction démocrate (Pelosi). Même s’il les couvre éventuellement de fleurs par ailleurs et par hostilité à Trump (on verra), reste sans le moindre doute que l’impact négatif des extraits publiés est là pour durer longtemps, que cet impact négatif est déjà intégré dans le désordre américaniste.
Les républicains n’ont jamais autant cité et approuvé cet auteur favori des démocrates et des milieux progressistes de Washington et de la Côte Est, même si Trump a du mal à s’y faire parce que s’il est la victime des manœuvres révélées il n’a pas une position très brillante pour son ego. Surtout, les républicains (les moins timorés et zombieSystème d’entre eux) disposent d’une base éventuellement solide pour mener des actions dévastatrices contre les démocrates et la hiérarchie militaire. Une audition intéressante au Sénat sera celle de Milley, prévue d’ici la fin du mois, et des sénateurs parlent déjà (les républicains Rand Paul, Cotton et Rubio), si les informations de Woodward sont confirmées, d’une démission nécessaire de Milley et d’un passage en cour martiale. A mon sens, on n’ira pas jusque-là mais on aura senti le vent du boulet qui sèmera et sème d’ores et déjà quelques éclats durables.
Effectivement, les premiers dégâts sont là, qui ébranlent la direction générale des affaires que contrôlent les démocrates à Washington, et par conséquent l’establishment dont Woodward est l’enfant chéri depuis des décennies. J’ai beaucoup, beaucoup de peine à concevoir une manœuvre tordue dans un sens ou l’autre. Pour moi, il y a un journaliste et auteur aussi riche de dollars que de réputation, qui dispose de réseaux très puissants d’informateurs, en général les acteurs eux-mêmes dont il décrit l’action. Alors, le résultat est une description assez fidèle de la réalité, avec les détails les plus révélateurs ; c’est-à-dire une “une description assez fidèle” de l’extraordinaire désordre que nous connaissons, à Washington comme dans tout le bloc-BAO, dans une communication publique et officielle (sauf celle de Woodward !) bridée par le Politiquement-Correct et la bienpensance. Deux exemples pour illustrer ce désordre avec les comportements et les jugement qui volent dans tous les coins et personne n’y reconnaissant plus les siens et perdant de vue le côté où il se trouve....
• Un tweet du colonel Vindman, ennemi féroce de Trump qui témoigna lors de la première procédure de destitution (ratée), qui dénonce Milley, son supérieur au plus haut de la hiérarchie, au nom de “l’autorité civile” (en la circonstance, Trump qu’il a haï et sans doute hait encore) : « [Milley] a usurpé l'autorité civile, brisé la chaîne de commandement et violé le sacro-saint principe du contrôle civil sur l’armée. C’est un précédent extrêmement dangereux. On ne peut pas laisser passer ça. »
• Le sénateur Rubio affirme tenir de bonne source que c’est Milley lui-même qui a communiqué les informations sur ses initiatives à Woodward-Costa : « Je pense qu’il a dit [à Woodward-Costa] : “C’était une procédure anormale mais je devais le faire pour le bien de notre pays”. [Je pense] qu’il l’a fait parce qu’il voulait se donner le beau rôle »... Si ce n’est pas du désordre, mental dans ce cas, de voir un président du JCS, le plus haut militaire en fonction, penser à “se donner le beau rôle” en révélant une chose pareille qui jouxte la trahison après l’avoir faite ; désordre des esprits, certes, renvoyant à la croyance que Trump était absolument le diable rêvant d’une dictature hyper-nazie et d’une attaque nucléaire, qu’il fallait neutraliser de toutes les façons possibles, et cela avec les encouragements pressants d’une Pelosi qui a son rôle qui n’est pas mince dans cette affaire...
Dans un tel climat, pourquoi Woodward se serait-il privé de balancer ses “vérités” diverses, ce sensationnel matériel journalistique qu’il affectionne et qui fait sa raison de vivre, qui lui donne gloire et dollars ? Comme il a ses réseaux et ses contacts fabuleux, le résultat est la dévastation qu’on voit... Et c’est là que l’idée, étrange et curieuse j’en conviens, me vient à l’esprit d’un parallèle entre Woodward et Zemmour-en,-France.
Pour Zemmour, ce qui me frappe dans sa candidature-ou-pas, qui fait déjà de lui un acteur officiel national dont la notoriété et l’influence peuvent être mises en parallèle avec celles de Woodward, dans un autre style mais je parle ici d’intensité et de force d’influence, c’est effectivement le degré d’influence qu’il exerce indirectement, – plus que par ses idées, par son comportement, sa façon d’être, son langage extrêmement direct et son absence de duplicité, influence sur cette espèce de milieu gangrené, absolutiste, furieusement idéologisée de la communication et de la bienpensance, de la communication-médiatique (lequel milieu le hait à 95% au moins, haine mêlée de fascination, redoutable mélange aux effets incontrôlables). Quoi qu’il arrive, Zemmour pèsera d’un poids d’influence incroyablement puissant dans la campagne.
Employons pour une fois le caractère gras que j’ai banni depuis de nombreux mois, comme technique voulant renforcer artificiellement la force des mots et des phrases. Il est utile de préciser ici catégoriquement que je ne parle en rien de sa position politique, quoi qu’il soit, quoi qu’il fasse, etc., quoi que j’en pense, quel que soit mon jugement. Pour ce cas, pour cette feuille du ‘Journal-dde.crisis’ notamment mais aussi en général, cela m’est complètement indifférent, sinon pour dire que cette position politique lui permet en bonne part d’avoir cette influence (le reste, considérable, allant au personnage, style et façon d’être). Le tout lui donne une position antiSystème qui n’a rien de politique, qui est comme une posture psychologique, sinon sanitaire, pas tellement calculée mais absolument spontanée, je veux dire une nature antiSystème sans plaidoirie politique, comme une sorte de vaccin réussi, stabilisé, confirmé, parti en guerre contre un putain de sale virus de l’âme nommé Système. C’est un jugement qui gagne beaucoup de commentateurs ; l’avocat et député du RN, Gilbert Collard dit ceci qui exprime bien le phénomène : « Zemmour a une langue de feu là où les autres ont une langue de bois ! Il va les secouer ! »
Eh bien, pour moi, Woodward fait, dans cette affaire Milley-Chine en ce qu’elle bouleverse en profondeur et sans souci des positions politiques un establishment chauffé à blanc dans le désordre et la haine idéologisée, le même improbable (surtout dans son cas) effet de bouleversement. D’où ce constat pour mon compte et paradoxalement pour ce personnage chéri de l’establishment , qu’il a agi, sans doute et évidemment, sans y penser une seconde, comme un antiSystème d’une colossale puissance. Il a donné un coup de pied déstabilisateur dans une fourmilière déjà folle et déstabilisée. Plus personne ne s’y retrouve et l’improvisation, les changements de position affolés et furieux, les pertes de sens idéologiques, règnent et sont objectivement antiSystème. Et Dieu sait que, là aussi, dans le cas de Zemmour, je ne distingue ni calcul, ni manœuvre, sans parler de la tarte à la crème fouettée du complotisme. Par contre, oui, il y a du fouet, du coup de fouet, d’une mise en perspective de la folie tournoyante d’un désordre déjà si considérable qu’on peut dire qu’il n’a aucun précédent de la plus petite proximité dans l’histoire des relations internationales et des situations du monde, dans les affaires du monde et dans les affaires des composants du monde.
Dieu sait, bis repetitat, que ces deux personnages n’ont idéologiquement et socialement, aucun rapport. Je parle d’actions qui les dépassent dans leurs effets objectifs, comme s’ils étaient tous deux, chacun à leur façon et chacun dans des situations différentes, de ces personnages qui opérationnalisent des forces supérieures dont ils ne sont pas conscients bien plus qu’ils n’exercent une influence consciente, calculée et maîtrisée. (Même s’ils cherchent d’autre part à exercer une influence constante en fonction de leur engagement idéologique, de leur position sociale, de leur but politique etc. : là, ils ne m’intéressent guère et je crois leur entreprise bien incertaine, ou plutôt d’importance secondaire.)
Je ferais alors une analogie avec la citation du type de
l’observation de la méthodologie tactique de ces forces supérieures, de
cette phrase de Joseph de Maistre sur la Révolution [dans son ‘Considérations sur la France’ de 1796] :
« On a remarqué, avec grande raison, que la révolution française
mène les hommes plus que les hommes ne la mènent. Cette observation est
de la plus grande justesse... [...] Les scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments... »
La paraphrase donnerait alors ceci, en regrettant que Maistre n’ait
pas fait prescience de son commentaires en mettant “les hommes et les
femmes” au lieu de “les hommes”, en conformité avec notre Grande
Situation Révolutionnaire, mais bon c’était un obscurantiste à “annuler”
très vite, comme tout ce qui existait avant mai 1968, updated mai-2020
(mort de George Floyd comme miroir de la modernité-tardive de la
crucifixion du wokeniste qui s’ignorait, le nommé Jésus-Christ) :
“On doit remarquer, avec grande raison, que la Grande-Crise
mène les hommes-antiSystème plus que les hommes-antiSystème ne la
mènent. Cette observation est de la plus grande justesse... [...] Les
antiSystème mêmes qui paraissent alimenter la Grande-Crise, n'y entrent
que comme de simples instruments...”
Moi-même, qui ne suit qu’un instrument...
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