09 septembre 2021

Obligations vertes : la Commission européenne spolie le nucléaire

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La Commission européenne renvoie l’atome at home. L’exécutif a annoncé ce mardi 7 septembre avoir défini les modalités de ses obligations vertes, ce qui permettra une première émission en octobre pour financer le plan de relance post-covid de 750 milliards d'euros. Mais pas un euro levé sur les marchés grâce à ce mécanisme « ne pourra financer des investissements dans le nucléaire », a précisé le commissaire au Budget, l’autrichien Johannes Hahn. L’UE pourra, en revanche, financer des centrales à gaz « sous certaines conditions pour fournir une solution de transition dans la production d’énergie ». Et tant pis si le nucléaire émet très peu de CO2, contrairement aux énergies fossiles...

Un tiers du plan de relance à 750 milliards d’euros doit être financé par les obligations vertes. « Le projet de l'UE d'émettre jusqu'à 250 milliards d'euros d'obligations vertes d'ici à 2026 fera de nous le plus gros émetteur d'obligations vertes au monde », s’est d’ailleurs félicité Johannes Hahn en conférence de presse. En tout, le plan de relance européen prévoit que les Etats membres détaillent leurs dépenses en faveur de la transition écologique. Celles-ci doivent représenter au moins 37% de leur enveloppe globale. Neuf catégories d'investissements sont prévues dont les énergies propres, l'efficacité énergétique (notamment l'isolation des bâtiments) et les transports durables.

Court-circuit

De fait, le nucléaire passe à côté d’une véritable manne. Et ce alors que la taxonomie européenne, classification destinée à orienter les capitaux privés mais aussi publics – les énergies labellisées devenant éligibles à un certain nombre d’aides étatiques et européennes -, est toujours en pleine négociation.

Tandis que la France tente d’inclure le nucléaire dans cette classification, plusieurs pays, Allemagne et Autriche (patrie de Johannes Hahn) en tête, pratiquent un lobbying intensif pour qu’il en soit exclu. Sur la question des obligations vertes, la Commission européenne a court-circuité des négociations qui pourraient encore durer plusieurs années, proposant de fixer un cadre d’évaluation indépendant afin d’émettre des obligations sur les marchés financiers dès le mois prochain.

Exit le Parlement européen et les Etats membres, qui n’ont pas voix au chapitre. Pratique. « Nous avons besoin d'avoir quelque chose en place maintenant pour lancer les premières émissions. Mais nous avons fait en sorte d'anticiper et d'aligner au maximum (le cadre) avec notre proposition de juillet », justifie Johannes Hahn.

Ciao la science

Rappelons tout de même que le dernier rapport (2021) du Centre commun de recherche, commandé par cette même commission européenne, tranchait assez nettement la question de l’inclusion ou non de l’atome dans la taxonomie verte, en écrivant que « les analyses n’ont pas révélé d’éléments scientifiques prouvant que l’énergie nucléaire est plus dommageable pour la santé ou l’environnement que d’autres technologies de production d’électricité déjà incluses dans la taxonomie ».

« Les émissions moyennes de dioxyde de carbone issues de la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire sont comparables aux valeurs de l’hydroélectrique et de l’éolien », complétaient les experts, ajoutant que le nucléaire – qui permet un rendement bien plus important – faisait aussi bien, voire mieux que les autres énergies sur toute une série d'autres critères environnementaux. Las ! Ce rapport qui semble donc avoir été oublié sur une étagère bruxelloise.

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