La démocratie, la vraie, est très mal en point en France, quoiqu'en disent les thuriféraires de la presse subventionnée pour qui aucune critique n'est possible contre la domination de plus en plus brutale de la caste mondialisée. Ce malaise dans la démocratie n'est pas un hasard, ni un fait sans cause : il correspond à un choix, plus ou moins tacitement partagé, de neutraliser le suffrage universel pour préserver les acquis de la mondialisation, du multilatéralisme et du libre échange face aux menaces que les peuples font peser sur ces choix. Nous retrouvons ici les termes du trilemme de Rodrik, cher au Great Reset de Klaus Schwab et de Thierry Malleret.
La démocratie passe, et même trépasse, en Occident, et ce triste défilé mortuaire part de France. Il est vrai que la maladie est connue, diagnostiquée, depuis plusieurs décennies. Elle tient à l’emprise d’une caste managériale sur l’ensemble de la société, et à l’impossibilité de cette caste à tolérer d’autres choix que les siens.
Le recours par Nicolas Sarkozy à la voie parlementaire pour valider le traité de Lisbonne, qui contournait le “non” au referendum de 2005, avait constitué un symptôme éclatant de ce déclin. Sans le savoir ou sans forcément le mesurer, Nicolas Sarkozy a donné le coup d’envoi d’une phase terminale où les métastases du cancer qui tue notre démocratie se multiplie à une vitesse grandissante, jusqu’à une agonie à laquelle nous commençons à assister.
Encore faut-il dépasser le commentaire journalistique habituel, et donner une compréhension à la fois politique et historique de ce phénomène pour en éclairer le sens et la gravité. Et c’est ce que nous nous proposons d’essayer de faire aujourd’hui.
Great Reset et fin de la démocratie
En réalité, la fin de la démocratie est d’ores et déjà théorisée publiquement par la caste mondialisée. Cette théorisation se trouve de façon quasi-implicite dans le Great Reset, le fameux (et médiocre) ouvrage du fondateur du Forum de Davos, Klaus Schwab. Nous avons tous bien compris qu’une presse zombifiante interdit de lire ce livre sous peine de complotisme. Et pourtant, cette lecture donne les clés des mouvements auxquels nous assistons (je recommande ici chaleureusement le livre commentant le Great Reset que j’ai publié au mois d’avril, qui éclaire ces points).
Ainsi, dans la version française du livre disponible sur Internet, nous lisons ceci (pages 87 et 88):
La démocratie et la souveraineté nationale ne sont compatibles que si la mondialisation est contenue. En revanche, si l’État-nation et la mondialisation prospèrent tous deux, la démocratie devient intenable. Enfin, si la démocratie et la mondialisation se développent toutes deux, il n’y a plus de place pour l’État-nation. Par conséquent, on ne peut choisir que deux des trois – c’est l’essence même du trilemme. L’Union européenne a souvent été utilisée comme exemple pour illustrer la pertinence du cadre conceptuel offert par ce trilemme. Combiner l’intégration économique (un substitut à la mondialisation) et la démocratie implique que les décisions importantes doivent être prises à un niveau supranational, ce qui d’une certaine manière affaiblit la souveraineté de l’État-nation. Dans le contexte actuel, le cadre du « trilemme politique »
suggère que la mondialisation doit nécessairement être contenue si nous ne voulons pas renoncer à une certaine souveraineté nationale ou à la démocratie. Par conséquent, la montée du nationalisme rend le recul de la mondialisation inévitable dans la plus grande partie du monde ; une impulsion particulièrement remarquable en Occident. Le vote en faveur du Brexit et l’élection du président Trump et de son programme protectionniste sont deux indicateurs importants de la réaction brutale de l’Occident contre la mondialisation. Des études subséquentes valident non seulement le trilemme de Rodrik, mais montrent aussi que le rejet de la mondialisation par les électeurs est une réponse rationnelle lorsque l’économie est forte et les inégalités élevées.
On reconnaît ici une référence très orientée, et déjà très révélatrice, au trilemme de Rodrik, pour qui la mondialisation (entendue comme le multilatéralisme promouvant le libre-échange) ne peut pas coexister pacifiquement avec les Etats-nations et avec la démocratie.
L’objet ce cet article n’est pas d’épiloguer sur les propos de Rodrik, mais de relever ce que la caste mondialisée en retient, et le passage que nous citons est tout à fait éclairant : le Brexit, l’élection de Trump montrent le danger que le suffrage universel fait désormais peser sur la mondialisation : “le rejet de la mondialisation par les électeurs est une réponse rationnelle”… On ne pouvait pas mieux illustrer l’aversion au suffrage universel qui s’est affirmée depuis cinq ans dans la caste, et on pouvait pas mieux expliquer la dérive à laquelle nous assistons.
Les dangers du suffrage universel
Nous recommandons de lire ce passage du Great Reset au “premier degré”, car il porte en lui l’essentiel de la vision dominante, spontanée dans la caste, dont subissons les effets. Ces quelques phrases nous donnent au fond l’explication de la situation française actuelle : face au risque de voir le suffrage universel mettre au pouvoir des gens qui contesteront en profondeur les règles de la mondialisation, mieux vaut neutraliser le suffrage universel pour garder la maîtrise de la situation.
En apparence, Schwab et Malleret indiquent que la fin de la démocratie est la meilleure façon de conserver les Etats-nations dans un univers mondialisé. En réalité, leur proposition est éloignée de ce trilemme de Rodrik, elle est plus radicale et plus liberticide : pour conserver la mondialisation, il faut tuer les Etats-nations par des transferts de souveraineté vers les instances multilatérales, et il faut mettre en parenthèse le suffrage universel ET la démocratie. Rodrik indique qu’une mise à mort de la démocratie suffit. Le Great Reset propose d’y ajouter la mise à mort des Etats-nations, et leur grand remplacement par des technostructures multilatérales qui ne sont pas responsables devant les citoyens.
Ce qui nous semble important, c’est de relever la grande peur qui agite la caste mondialisée désormais dès que l’on prononce le mot “suffrage universel” : les spectres du Brexit, de Trump, surgissent, et constituent autant d’épouvantails qui justifient un sauve-qui-peut général.
Bien entendu, aucun des membres de la caste ne proclame ouvertement sa haine de la démocratie, régime qui consiste à donner autant de poids dans le choix du gouvernement aux catégories supérieures qu’aux fumeurs de clopes qui roulent en diesel. Entre gens bien élevés, on dit les choses autrement : on rappelle la République de Platon, on parle des Lumières, de la Civilisation, et on dénonce l’obscurantisme des nationalistes et des complotistes. Mais ces euphémismes ne doivent pas tromper : la détermination de la caste à ne plus se laisser surprendre, à ne plus être mise en danger par le vote, est farouche et sans limite.
Passe sanitaire et crédit social
Dans ce climat délétère de reprise en main des sociétés occidentales par la caste mondialisée, les modèles autoritaires ont le vent en poupe. La Chine, Singapour, fascinent. Durant l’épidémie, nous avons d’ailleurs beaucoup entendu les medias subventionnés exprimer leur admiration pour les sociétés asiatiques où la discipline est forte.
Cette adoration de moins en moins cachée pour le totalitarisme chinois va de pair avec les amitiés que Klaus Schwab ne cesse d’adresser à Xi Jinping. On peut penser que cette inclination pour la Chine ne concerne pas seulement les acteurs du Forum de Davos, mais qu’elle déteint sur de nombreux esprits, à commencer par ceui d’Emmanuel Macron et de ses amis de Mc Kinsey qui l’entourent si bien.
Qu’est-ce, en effet, que le passe sanitaire, sinon un outil de contact tracing propre à la surveillance de masse, et un outil de crédit social à la chinoise ?
Nous avons eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, l’utilité première du passeport sanitaire est de proclamer l’avènement de l’identité numérique. Dans les mois à venir, le “Wallet” de l’Union Européenne a vocation à remplacer nos vieilles cartes d’identité. Ce “Wallet” sera accessible par un QR Code grâce auquel toute notre vie sera stockée sur le cloud européen en préparation.
L’intérêt du passe sanitaire, qui est l’un des aspects de notre identité numérique, est de commencer à nous habituer à présenter notre identité partout où nous allons pour permettre un contact tracing, c’est-à-dire un archivage de notre vie privé, et un pistage de nos relations. Il s’agit d’un projet industriel de vaste ampleur, porté par Thalès, qui explique pourquoi nous sommes à peu près sûrs que le passe sanitaire sera reconduit au-delà du 15 novembre sous les prétextes les plus fallacieux : il faut rentabiliser l’investissement !
L’intérêt annexe (mais pas moindre) du passe sanitaire est de constituer une première expérimentation du crédit social légitimée par la “protection” des vaccinés : les non-vaccinés doivent être dégradés dans leur vie sociale, puisqu’ils n’obéissent pas aux instructions. Il faut bien comprendre ici la portée du geste macronien annoncé le 12 juillet. Sans le dire, nous avons basculé dans une logique liberticide à la chinoise.
Un totalitarisme soft… en attendant le pire
Bien entendu, ce basculement dans une société de la surveillance permanente, industrialisée grâce aux technologies numériques, et de la disqualification collective des dissidents ne se fait pas avec les oripeaux brutaux d’un Staline ou d’un Hitler. Ici, pas de défilés massifs dans les rues, pas de vitrines cassées par des miliciens inquiétants, pas de goulags où les dissidents sont mis à mort à petit feu. Pour les instants, les apparences de la démocratie sont sauvegardées, ce qui permet aux soutiens du régime de nier les évidences.
Ainsi, les décisions en France sont désormais prises par un conseil de défense qui n’est pas constitutionnel. La presse subventionnée cache à peine la belle unanimité qu’elle met à véhiculer sans complexe les pires âneries exprimées par le gouvernement pour justifier les limites aux libertés. L’appel à l’exclusion des non-vaccinés est quotidien, et leur désignation comme des boucs-émissaires de la pandémie n’a rien à envier aux dénonciations staliniennes ou nazies. Ce sont des prémices, des mises en bouche, qui nous mettent sur la voie d’un durcissement tout à fait possible le jour venu.
Cette mise entre parenthèse de la démocratie, on le voit, n’est ni un accident, ni un épiphénomène. Elle résulte d’une lente maturation intellectuelle déjà évoquée par Rodrik au tournant des années 2000, et qui s’est accélérée avec le Brexit et l’élection de Trump.
La caste mondialisée a compris que si elle ne reprenait pas le contrôle des opérations, le suffrage universel déboucherait sur une remise en cause de la mondialisation, ce qui touche à ses intérêts fondamentaux et la contraint à réagir. Cette réaction est concertée, théorisée, et coordonnée internationalement.
Autrement dit, la réaction autoritaire de la caste mondialisée est sérieuse, profonde, déterminée, et elle ne s’évanouira pas miraculeusement.
L’heure de la confrontation vient
Les démocrates ont ici compris ce qu’il leur reste à faire : leur devoir. L’heure du rapport de force vient, et nous ne le remporterons pas avec des fleurs au bout de notre fusil, ni avec le pessimisme des défaitistes morts de trouille, qui nous annoncent chaque jour une défaite certaine. Nous ne vaincrons pas non plus avec cette tribu d’avocats opportunistes qui marchandent leur parole et leur action.
Il nous faut désormais construire une démarche en deux temps :
1° donner une lisibilité politique à notre conception de la démocratie
2° construire un rapport de force victorieux avec la caste mondialisée et organiser son remplacement par une contre-élite attachée aux valeurs humanistes et laïques.
Je vous donne rendez-vous dans nos colonnes pour suivre ces étapes et y participer activement ! Nous avons besoin de votre énergie.
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