Une centaine de centres commerciaux en France, sans compter de nombreux grands magasins, pourraient être eux aussi concernés par le pass sanitaire après le tour de vis du gouvernement. Les professionnels font part de leur «incompréhension».
«C'est l'incompréhension pour les commerçants. On a des allées larges, un sens de circulation, un système de ventilation et les gens vont aller s'entasser dans des centres commerciaux de moins de 20.000 mètres carrés, c'est aberrant» : Franck Ayat, président de l'association des commerçants de Rosny 2, en Seine-Saint-Denis, a confié sa colère à la suite de la décision du gouvernement de rendre obligatoire le pass sanitaire dans les centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés dans les départements où le taux d'incidence au Covid dépasse 200 pour 100.000.
«La solution n'est pas de mettre un service de sécurité à l'entrée du centre commercial car il va y avoir un flux bloquant, une tension», a-t-il souligné proposant que «chaque commerce gère lui-même la vérification du pass sanitaire en y affectant un vendeur».
La préfecture de Seine-Saint-Denis n'avait pas encore imposé le 11 août de pass sanitaire à l'entrée de ses grands centres commerciaux. Mais avec un taux d'incidence de 217 pour 100 000 habitants, le département devrait être concerné par les mesures décrétées la veille par le gouvernement, et applicables par les préfets.
«Un casse-tête»
La mesure pourrait être potentiellement applicable à 129 centres commerciaux répartis dans les 38 départements de métropole et d'outre-mer avec un taux d'incidence élevé, selon un calcul tiré de la liste des centres de plus de 20.000 mètres carrés communiquée à l'AFP par le Conseil national des centres commerciaux (CNCC). A cette liste s'ajoutent les grands magasins d'une surface également supérieure à 20.000 mètres carrés s'ils sont dans une zone à forte incidence.
«En termes pratiques, ce n'est pas évident à mettre en place. Cela va créer des files d'attente avec un risque sanitaire possible, un coût économique à court terme en recrutant des agents de sécurité supplémentaires, et une baisse de fréquentation», a déploré auprès de l'AFP le délégué général du CNCC Gontran Thüring. Ce dernier a estimé à 30.000 euros par mois et par porte d'entrée de chaque centre, les dépenses supplémentaires liées à la vérification du pass sanitaire.
«Un casse-tête», confirme à l'AFP Grégory Lebacle, directeur de la sécurité d'une société prestataire du centre commercial de Roques-sur-Garonne d'une superficie de 50.000 mètres carrés et qui reçoit 13.000 visiteurs par jour, près de Toulouse.
«Il va falloir recruter entre cinq et huit agents de sécurité supplémentaires, ce qui représente un coût colossal de plusieurs dizaines de milliers d'euros», selon lui. A cela s'ajoute la difficulté de «trouver du personnel qualifié en pleine période estivale, dans un laps de temps si court et en même temps que tous les autres centres commerciaux de la région».
«Très surpris par les annonces gouvernementales»
La décision reste entre les mains des préfets qui, selon la loi validée la semaine dernière par le Conseil constitutionnel, ne peuvent rendre obligatoire le pass sanitaire si cela compromet «l'accès des personnes aux biens et services de première nécessité ainsi qu'aux moyens de transport».
Certains grands centres commerciaux accolés à des gares de transport, comme le gigantesque centre La Part-Dieu de Lyon – 161.000 mètres carrés, l'un des plus grands d'Europe – se préparaient dans l'inconnu.
«Nous sommes très surpris par les annonces gouvernementales. Nous attendons les différents arrêtés préfectoraux qui varieront selon les seuils d’incidence [et] les caractéristiques propres à chaque centre», a indiqué son directeur Jean-Philippe Pelou Daniel.
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