Depuis quelques jours, Dubaï est en proie à de fortes pluies. Une expérience aussi “traumatisante” ici que la neige à Paris : les premières gouttes laissent place aux embouteillages sans fin (et à quelques accidents), ainsi qu’à de nombreuses alertes météo et articles de journaux, mais surtout à des inondations… Dans une ville du désert où rien n’a été pensé pour la pluie, les bouches d’évacuation sont quasiment inexistantes. Bonjour alors les tunnels inondés, les ronds-points fermés ou même les bâtiments complètement infiltrés. En cause ? Le “cloud seeding”.
Lors de ma première année à Dubaï, il n’a quasiment pas plu. Fidèle au climat désertique, je pense avoir vu la pluie cinq fois en six mois, donc la plupart des occasions consistaient à dire : “He…il pleut là, non ?”, à sentir dix gouttes et rien de plus. Un état de fait normal dans un désert. Lorsqu’il pleuvait “vraiment”, la chose était tellement inhabituelle que les messages et appels téléphoniques explosaient : “Regarde par la fenêtre : il pleut !” Une réaction qui illustre la rareté de la chose.
Recrudescence des avis d’averses aux Émirats
Depuis un peu plus d’un an, ces pluies épisodiques se sont néanmoins multipliées pour laisser la place à de vraies averses. Une grisaille européenne, avec des nuages menaçants qui suggèrent de sortir en prenant son parapluie. Et le torrent qui se met soudain à tomber rappelle des soirées passées bien au chaud chez soi. Si ces journées paraissent classiques pour toute personne vivant dans une région “non désertique”, elle n’est pas sans conséquence à Dubaï.
Qui dit pluie dans un désert, dit inadéquation des infrastructures. La moindre pluie est en général synonyme d’inondation, puisque aucun système d’évacuation des eaux n’est mis en place. Dans certains lieux (tunnels, parkings…), la pluie s’accumule, inonde et provoque la fermeture de nombreux endroits.
La conduite, déjà bien particulière, devient d’autant plus difficile : l’aquaplaning et les accidents se multiplient sur une route où les distances de sécurité sont pour beaucoup un concept abstrait. Un peu comme après un avis de tempête de neige, un “avis de précipitations” à Dubaï conduit la plupart du temps à repenser tous ses plans, voire à éviter de se déplacer.
Le “cloud seeding” à l’origine de ces pluies
L’intensité de ces pluies est avant tout due au “cloud seeding”. Cette pratique (“ensemencement des nuages”, selon la traduction proposée par Wikipédia) consiste à “ajouter différentes substances (aérosols, petites particules de glace) dans des nuages afin d’influencer les précipitations”. Autrement dit, à “faire pleuvoir” lorsque des nuages le permettent. Elle est utilisée dans de nombreuses régions du monde : en Afrique (Maroc, Burkina Faso…), en Asie (Chine majoritairement), en Amérique du Nord mais aussi en Europe (en Russie, en Suisse et… en France !).
Le “cloud seeding” est surtout utilisé pour faire retomber les nuages de pollution ou encore lutter contre la désertification en garantissant un apport en eau nécessaire aux champs.
Aux Emirats, le gouvernement et les journaux locaux communiquent régulièrement à ce sujet (“How does cloud seeding in the UAE work ?”, dans The National en septembre dernier, “Rain in the UAE : yes, we are cloud seeding”, dans Gulf News). Pratiquer le “cloud seeding” serait moins cher que désaliniser l’eau dans un pays où il pleut “naturellement” moins de 100 millimètres par an.
La pluie, star des réseaux sociaux
Dès les premiers avis de “pluie à venir”, des avalanches de messages circulent alors sur les réseaux sociaux et divers groupes whatsapp : “Averses ce week-end : il est conseillé de rester chez vous !” De nombreuses vidéos d’inondations et des témoignages s’échangent : les inondations du Dubaï Mall, du tunnel de l’aéroport, de tel ou tel quartier… les voitures bloquées après avoir essayé de franchir coûte que coûte des zones inondées… Que ça soit sur le ton “humoristique” (“Regardez les gars, il est 4 heures du matin et des trombes de pluie sortent de l’ascenseur de ma tour au 70e étage”) ou encore informatif : “Le quartier des Arabians ranches est totalement inaccessible…”, accompagné de photos… et de son lot de voitures coincées au milieu de mares d’eau.
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