05 mai 2021

Nous sommes Derek Chauvin

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L’agent de police Derek Chauvin a été déclaré coupable de tous les chefs d’accusation pour le « meurtre » du béatifié George Floyd. Le jury, qui ne comprenait que deux blancs sur douze, l’a déclaré coupable au bout de quelques heures. Ce fut une décision rapide qui envoya un message clair à l’Amérique : la vie des Noirs compte plus que la vôtre.

Bien que dénoncé par presque tous les agents de l’ordre public du pays, Derek Chauvin est le visage de la police américaine. Bien qu’il soit marié à une réfugiée asiatique, il est aussi le symbole de l’Amérique blanche. Tous les prétendus péchés de la police et des Blancs lui furent mis sur le dos afin qu’il en pâtisse. Nous avons tous tué l’aimable et innocent géant George Floyd qui ne demandait qu’à respirer.

Chauvin peut ne pas être le Blanc idéal ni le policier modèle. Mais son procès fut notre procès et nous fûmes déclarés coupables. Si l’Amérique ne vénérait pas les Noirs et ne haïssait pas les Blancs il n’aurait jamais été condamné. Si l’Amérique avait un véritable système judiciaire, il n’aurait jamais été condamné. Son cas est évidemment d’une autre dimension que celui d’un policier mettant son genou sur un homme noir. Il autorise maintenant le système à mettre son genou sur le cou de l’Amérique blanche.

Les arguments du procureur pour obtenir la condamnation étaient on ne peut plus stupides. Dans sa conclusion le procureur blanc soutint que le crime d’usage de faux de Floyd n’était pas un véritable crime, que sa toxicomanie était simplement une affaire personnelle, et qu’il avait eu raison de résister à l’arrestation parce qu’il voyait que la voiture de police était trop petite. Sa claustrophobie proclamée aurait dû être prise au sérieux, ce qui aurait établi un précédent pour tout criminel de résister à une arrestation pour la même raison.

L’argumentation essentielle de l’accusation était que Floyd n’aurait jamais dû être arrêté pour une action criminelle, prendre des « amphètes » est normal, et la police devrait simplement laisser aller les suspects turbulents qui mettent en avant de douteuses raisons médicales. L’accusation prétendit même que la grave affection cardiaque de Floyd et son énorme absorption de drogue n’avaient joué aucun rôle dans sa mort. L’unique facteur fatal fut le genou de Chauvin. Le dernier argument de l’accusation, avancé par un avocat noir, fut la cerise sur le gâteau. « On vous a dit, par exemple, que Monsieur Floyd est mort parce que son cœur était trop gros. Vous avez entendu ce témoignage » déclara le procureur Jerry Blackwell : « Puisque toutes les preuves vous ont été exposées, vous connaissez la vérité. Et, en l’occurrence, la vérité est que George Floyd est mort parce que le cœur de Monsieur Chauvin était trop petit. »

Derek Chauvin était coupable d’être le Père Fouettard.

Ces arguments stupides réussirent puisque Chauvin fut déclaré coupable sous deux chefs d’accusation de meurtre et un d’homicide… pour la mort d’une seule personne. Selon notre système judiciaire, Chauvin a tué Floyd à la fois intentionnellement et sans intention de tuer. Ce qui n’a absolument aucun sens, sinon pour les lèche-bottes du système. Mais il en va de même pour les Blancs. Nous sommes racistes à la fois avec et sans intention, et condamnés au repentir pour l’éternité. Nos intentions ne comptent pas – seule compte notre couleur de peau.

La défense argua abondamment de l’environnement de Floyd – en vain. Elle put établir que Floyd était assis dans sa voiture avec son fournisseur de drogue avant son arrestation. [Le trafiquant de drogue a réussi à couper court au témoignage] . Elle prouva que Floyd frôla une attaque, en 2019, après avoir ingéré une grande quantité de drogue avant d’être arrêté. Elle ne réussit pas à se concentrer sur le passé criminel de Floyd, par exemple lorsqu’il dévalisa une femme enceinte et colla son arme sur son ventre.
Mais on ne se souviendra pas du côté criminel de Floyd. On s’en souviendra comme d’un aimable géant qui avait le cœur gros [« big-hearted »] et qui voulait être juge à la Cour Suprême et s’efforçait d’y orienter sa vie. On s’en souviendra comme d’un bon père, même s’il a à peine connu ses enfants. Assurément, il n’en prit aucun soin. Mais en tant que criminel endurci et consommateur de drogue il vaut plus que n’importe quel policier. On donnera son nom à des écoles, des rues et peut-être même à des bâtiments militaires. C’est le nouvel Emmet Till, et vous devrez plier le genou devant ses statues.

Chauvin sera à tout jamais un monstre. Il représente la suprématie blanche américaine qui remonte à l’esclavage et aux lynchages. Il figurera au côté de Bull Connor et du Ku Klux Klan. C’est le visage du racisme « systémique » et de tout autre problème imaginaire dans ce pays. Son acte justifiera une véritable révolution dans notre nation.

La révolution viendra d’en haut. Le Président Biden a dit que le verdict était un pas en avant, mais qu’il restait beaucoup à faire pour éradiquer le racisme systémique. Il a dit que le « Je ne peux pas respirer » de George Floyd devrait pousser la nation à faire tout ce que veut Black Lives Matter. Le Ministère de la Justice annonça le lendemain du verdict qu’il allait lancer une enquête globale sur les services de police de Minneapolis pour évaluer leur racisme. Cela en dépit du fait que lesdits services ont pleinement collaboré au procès et que ses membres ont témoigné contre Chauvin. La collaboration n’est pas récompensée.

La Chambre des Représentants, au début de l’année, a voté le projet de loi « Justice pour George Floyd dans le maintien de l’ordre » mais celui-ci demeure bloqué au Sénat. Cette loi castrerait la police et transformerait les policiers en simples travailleurs sociaux. Plusieurs techniques policières de maintien au sol seraient interdites. On interdirait le « profilage racial ». Et les criminels pourraient poursuivre en justice les policiers privés de leur immunité spécifique. Cela soumettrait aussi les services de police locaux à un plus grand contrôle de la part des bureaucrates fédéraux par le biais d’un registre national des bavures policières. Biden est favorable à ce projet, et certains Républicains pourraient le soutenir afin qu’il devienne une loi. L’anarchie s’ensuivrait.

S’ajoute à cela que pour le public, chaque tir de la police sur un non blanc est assimilé à un lynchage. Cela est mis en évidence par trois événements récents. Dans un faubourg de Minneapolis, des Noirs ont piqué une crise après qu’un homme eut résisté à une arrestation et fut tué par accident. Cet homme, Daunte Waight, était recherché pour vol aggravé. A Chicago, des manifestants défilèrent après qu’un garçon de 13 ans, membre d’un gang, et qui avait sorti son arme, fut tué par la police.

Dans l’épisode le plus ridicule, des politiciens, des fantaisistes et des organes de presse exigèrent « justice » pour M’Khia Bryant. Elle fut tuée par la police après qu’elle eut menacé avec un couteau une autre jeune fille noire. Plusieurs personnalités influentes soutiennent maintenant, au lendemain de cet événement, que les policiers ne devraient pas intervenir dans des combats au couteau. LeBron James, l’athlète américain le plus influent, a tweeté que le policier qui a tué Bryant sera « le prochain ». La nouvelle règle post-Floyd est qu’il faut tolérer toutes les formes de criminalité noire. Simplement laisser les Noirs poignarder et voler en paix.

Il est parfaitement justifié d’avoir abattu M’Khia Bryant. Si cela s’était produit il y a cinq ans, l’histoire serait morte dans les minutes suivant la diffusion des images de la caméra corporelle. Même les commentateurs libéraux auraient admis la légitimité de l’action policière. Mais maintenant, la Maison Blanche et d’autres puissantes forces réclament justice, et défendre la police n’est pas justice. Dans la nouvelle Amérique, le maintien de l’ordre public ne s’applique qu’aux Blancs et à la distanciation sociale. « Protéger et servir la caste dirigeante et ses caniches favoris » est la nouvelle devise.

On comprend que des gens de droite détestent la police. C’est elle qui interdit nos rassemblements et qui arrête les dissidents sous des chefs d’accusation entièrement fabriqués. Elle obéit à un système corrompu. Mais elle fait aussi beaucoup de bonnes choses. Les policiers forment « la mince ligne bleue » contre le chaos et le crime. C’est la seule force qui fait barrage contre l’énorme marée qui menace les Américains blancs.

De nombreux policiers sont de droite et ont des opinions dissidentes. Ils passent le plus clair de leur temps à arrêter les criminels noirs, non pas des dissidents blancs. Mais désormais, on ne leur permet plus de rendre ce bon service.

De toutes les institutions c’est celle de la police qui ressemble le plus à l’Amérique blanche. La police veut maintenir l’ordre et apaiser les communautés. Les policiers croient dans le règne de la loi et dans l’obéissance à la loi. Mais, comme beaucoup de Blancs, il font partie d’un système qui s’oppose intrinsèquement à tout cela. Ils sont pris entre la loi et leur propre bon sens. La nouvelle loi leur enjoint d’imposer l’anarcho-tyrannie, Mais leur bon sens sait que cela sape l’ordre public. Certains ne résolvent pas cette tension et continuent à faire leur travail. D’autres quittent la police, sachant qu’il est stupide de continuer à servir un système qui les déteste.

C’est pourquoi nous sommes Derek Chauvin. Nous risquons tous la persécution si nous faisons notre travail et tentons de préserver les normes fondamentales. Il symbolise notre triste sort. C’est le prisonnier politique du régime anti-blanc. Nous ne l’emporterons pas tant que des gens comme lui ne seront pas libres et que la police ne protégera pas notre communauté, tant qu’elle se fera l’oppresseur de la droite ou le souffre-douleur de la gauche.

Que nous l’aimions ou non, nous sommes Derek Chauvin.

Paul Craig Roberts

Traduit par J.A., relu par Hervé pour le Saker Francophone

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