Une équipe de chercheurs sino-américains et des scientifiques européens affirment avoir franchi une nouvelle étape médicale majeure, en créant des embryons chimères homme-singe.
Pour ce faire, les scientifiques ont injecté «25 cellules souches pluripotentes induites d’humains dans des embryons de macaques», peut-on lire dans la revue Cell qui a publié leurs travaux ce jeudi 15 avril. Des cellules humaines en croissance ont ensuite pu être observées dans 132 embryons.
Durant dix-neuf jours, trois embryons ont réussi à se développer à l’extérieur de l’utérus, mais les chercheurs ont finalement stoppé l’étude. Les primates avaient été choisis en raison de leur ressemblance génétique avec l’humain.
Cette recherche permettra aux scientifiques d’en savoir davantage sur la manière dont les cellules animales et les cellules humaines peuvent communiquer. Une étape qualifiée d’importante par les chercheurs dans la mesure où elle pourrait constituer une nouvelle façon de cultiver des organes pour la transplantation.
En effet, d’après le généticien Juan Carlos Izpisua, «la transplantation d’organes reste un problème majeur de la médecine», comme il l'a indiqué à NPR, la radio publique américaine. Des milliers de personnes meurent encore chaque année dans le monde, faute d'avoir pu recevoir une greffe d’organe.
De nombreux travaux sont donc menés dans ce domaine pour faire avancer les choses en la matière. Ces dernières années, des chercheurs aux États-Unis ou encore en Chine, ont ainsi injecté des cellules souches humaines dans des embryons de moutons et de porcs. Cette approche, qui avait pour but de faire pousser des organes humains chez ces animaux pour la transplantation, n’a finalement pas fonctionné.
Un avis partagé en France
Pour le bioéthicien, Insoo Hyun, professeur de bioéthique et de philosophie à la Case Western Reserve University de Cleveland, Ohio (Etats-Unis) «ce type de recherche n’est pas problématique sur le plan éthique». Mais, en France les avis sont nettement plus partagés. En témoigne le bras de fer politique autour de la révision des lois de bioéthique, entre l’Assemblée nationale qui aimerait autoriser l’adjonction de cellules humaines dans un embryon animal, et le Sénat opposé à ce projet de loi. Un compromis n’a d’ailleurs toujours pas été trouvé à ce jour, et une dernière relecture de l’article dédié (le numéro 17) est prévue pour le mois de juin.
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale à Lyon, qui a collaboré à l’étude, se veut toutefois rassurant. «Ces recherches n’ont pas vocation à faire tout et n’importe quoi. Nous sommes très conscients de leurs enjeux biomédicaux mais aussi éthiques », a d'ailleurs souligné en ce sens le chercheur français Pierre Savatier, cité par Le Monde.
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