C’est un sujet qui fait déjà grincer des dents. Les députés ont donné leur aval dimanche 14 mars en commission à la mise en place éventuelle d’une “contribution” poids lourds dans les régions qui le souhaitent. Une mesure inflammable et critiquée à droite, où l’on dénonce le “retour de l’écotaxe” abandonnée en 2014.
“C’est une demande de la part de certaines régions aujourd’hui, dans une logique de différenciation”, a relevé le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, lors de l’examen en commission du projet de loi climat.
Ce débat est lié au lancement début 2021 de la nouvelle collectivité européenne d’Alsace, qui a récupéré la gestion de certains tronçons routiers. Cette collectivité, via une contribution spécifique, souhaiterait lutter contre l’afflux de poids lourds sur l’A35.
Mais les élus locaux lorrains s’inquiètent notamment d’un “report” du trafic vers l’A31, très chargée elle aussi.
“C’est le retour du débat sur l’écotaxe”
L’article 32 du projet de loi climat, examiné en commission avant son arrivée dans l’hémicycle fin mars, prévoit une “habilitation à légiférer par ordonnance” pour permettre aux régions volontaires, “disposant d’un domaine public routier”, de mettre en place une “contribution spécifique assise sur le transport routier de marchandises”.
“L’objectif est de favoriser le transport des marchandises par des moyens moins émetteurs de gaz à effet de serre (ferroviaire, fluvial…)”, précise l’exposé des motifs du projet de loi. “L’échelle régionale est tout à fait adaptée” et la contribution toucherait “l’ensemble des camions, à la fois les camions français mais surtout les camions étrangers”, a appuyé le co-rapporteur Jean-Marc Zulesi (LREM).
“C’est le retour du débat sur l’écotaxe”, a dénoncé le député LR Vincent Descoeur, en référence à cette mesure abandonnée en 2014 pendant le quinquennat de François Hollande, après le mouvement des “bonnets rouges”.
La possibilité d’une écotaxe régionale est diversement appréciée par les régions. En Ile-de-France Valérie Pécresse (ex-LR) y est par exemple favorable. Même chose pour les socialistes Marie Guite-Dufay en Bourgogne-Franche-Comté ou Alain Rousset en Nouvelle Aquitaine.
Vers une renaissance du mouvement des bonnets rouges ?
En Bretagne, où était né le mouvement des bonnets rouges, le PS Loïg Chesnais-Girard est hostile au dispositif.
“S’il le faut, les bonnets rouges vont se mobiliser contre cette nouvelle écotaxe, s’est d’ailleurs insurgé l’ancien leader du mouvement, Christian Troadec, dans une interview au Point. Cette fois, la mobilisation sera dix fois plus grande !”
Et d’ajouter: “Il y a huit ans, la réaction contre l’écotaxe a été naturelle et spontanée, et elle pourra l’être de nouveau.”
“Il serait scandaleux que les conséquences pratiques nous renvoient aux aberrations sociales, économiques et financières du projet d’écotaxe de 2013 (...), ont réagi les porte-parole du collectif Vivre, décider et travailler en Bretagne dans un message posté sur Facebook ce mercredi 17 mars. Il n’est pas question de placer l’activité économique bretonne sous la tutelle d’un monopole d’Etat dont les intérêts sont manifestement éloignés des intérêts bretons”.
La Fédération nationale des transports routiers (FNTR) s’est elle aussi insurgée contre la mesure, y voyant une menace pour la “survie des entreprises”.
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