Peu importe les détails des circonstances car seul importe ce fait que je tiens de la meilleure source du monde : le Secrétaire Général de l’OTAN Soltenberg (j’en parlais hier) a rencontré le ministre canadien de la défense. L’entretien a duré 20 minutes ; par ces temps troublés, parcourus de crises intenses et de menaces horribles, les sujets d’ordre stratégique et militaire ne durent pas manquer... Le vrai est que dix de ces 20 minutes ont été consacrées aux questions sociétales de l’introduction des pratiques LGTBQ et du wokenisme au sein des forces armées ; après, on a un peu parlé des missiles et de la prochaine guerre avec la Russie.
Cela est pour dire que si le sujet principal semble ici celui des forces armées US tel que nous en avons commencé à en parler hier, le sujet réel touche bien toutes les forces armées de l’extrêmement civilisationnel bloc-BAO, dont le broc-OTAN est l’expression institutionnelle de sa quincaillerie et de son héroïsme casqué-masqué.
Certes, si l’on parle des forces armées US, c’est parce que le débat est ouvert là-bas, qu’il est vif et à visage découvert, et qu’il nous concerne tous en raison de ce qui précède. Il est par ailleurs remarquable, – vertu-Janus de la communication, – qu’il ait été ouvert par un seul homme disposant d’une grande popularité de communication, et qu’il ait été aussitôt relayé par ceux qui étaient mis en accusation, qui ont oublié parce qu’ils sont lourds et inconséquents, que leur meilleure défense en communication c’est le silence de la tombe de l’autre. Le Pentagone a foncé tête baissée dans le chiffon rouge que Tucker Carlson avait agité sous leur nez, pour une cause absolument fondée et d’ailleurs lui-même sans vouloir déclencher une polémique durable (cela est mon avis). Désormais, le Pentagone est au centre d’une controverse absolument fondamentale.
Je vais m’employer ici à donner quelques précisions nouvelles sur les divers aléas et acteurs de ce débat, pour l’éclairer mieux encore. Je précise que cette insistance donne une indication de l’importance du sujet selon ma perception, que je réalise moi-même dans toute sa puissance à mesure que j’y pense ; plus j’y pense, plus cela m’apparaît à la fois comme extraordinaire et extraordinairement important.
D’abord, sur le fait lui-même de la polémique dont l’écho désormais
nationale est mis en évidence par une intervention du sénateur
républicain Ted Cruz en faveur de Carlson, voici quelques observations dans un article de Revolver.News (bien
entendu, ce sont des médias alternatifs conservateurs qui suivent
essentiellement le débat) ; elles résument combien dans cet
affrontement, c’est bien Carlson qui l’emporte en ayant lancé le débat
et provoqué la réaction absurdement agressive et intrusive du
Pentagone :
« Tucker Carlson n’a peut-être jamais servi dans les forces
armées, mais il est en train de gagner de manière décisive une guerre de
relations publiques contre l’armée américaine. Cela ne devrait
surprendre personne, bien sûr. L’armée américaine perd la plupart des
guerres qu’elle mène de nos jours.
» Pendant le long âge d’or de l’Amérique en tant que pays, l’armée
s’abstenait généralement de faire de la politique et gagnait les
guerres. Mais dans l’empire mondialiste américain en déliquescence,
l’armée joue un rôle très différent. Protéger l’Amérique et gagner des
conflits ne sont pas du tout le but de l’armée. Au lieu de cela, les forces armées sont devenues une peau de chagrin [dans le domaine qui est traditionnellement le sien de faire la guerre et de la gagner]. Cette
institution autrefois formidable a été transformée en un véhicule pour
les objectifs politiques intérieurs des globalistes et de la gauche. »
On observe que nombre des positions que défend le parti de Carlson contre le Pentagone ne sont pas les nôtres ni les miennes. Nous ne sommes nullement partisans, bien entendu, de forces armées US comme forces d’intervention extérieure pour faire des guerres d’hégémonie et de destruction, et par conséquent l’affaiblissement interne et désintégratrice de ces forces n’est pas pour nous déplaire ; nous sommes loin également de penser que ces forces armées “gagnait des guerres” lorsqu’elles n’étaient pas infectées par le wokenisme ; que ce soit au Vietnam ou en Irak, elles massacraient et finalement perdaient... Mais je et nous sommes évidemment également opposés à l’invasion extraordinaire de la bêtise que constitue le wokenisme. Entre les deux, nous choisissons tactiquement l’“ennemi principal” qui est celui de l’usage le plus actif et le plus pressant de la bêtise, sans que cela n’engage en rien notre stratégie, qui est celle de l’effondrement du Système ; cet objectif est servi, chacun à sa façon, par les deux partis ; simplement, notre tactique implique de se libérer dans le champ qu’elle affecte, pour le temps nécessaire, les impératifs stratégiques.
Je n’ai aucun mal, aucun crupule, à “changer de camp” tactiquement quand il le faut, n’étant stratégiquement ni de l’un ni de l’autre. L’important est notre travail de termite, en faveur de tout ce qui peut affaiblir le plus possible le Système. Dans ce cas, Carlson a magnifiquement profité de l’effet-Janus et mis le Pentagone-wokenisé dans la posture absurde et stupide de lancer une énorme offensive qui met en évidence son actuelle tendance mortifère, contre un Carlson qui observe en ricanant : « Le Pentagone m’attaque comme si j’étais une puissance étrangère ennemie. »
Le même texte de Revolver constate que la “wokenisation” de
l’armée ne date pas du seul Carlson, qu’elle est subrepticement en cours
depuis longtemps. Nous dirions que la doctrine du “Don’t Ask, Don’t Tell”
du temps de Clinton, concernant les homosexuels [“On ne leur demande
pas s’ils sont homos, ils n’ont pas à dire qu’ils sont homos”] était
déjà une amorce de wokenisation. Aujourd’hui, bien sûr, c’est une
wokenisation-turbo, très voyante, très vulnérable à la critique
de ce fait, avec la mise en évidence d’un incroyable changement au sein
des forces armées.
« L'objectif de politique intérieure de l'armée apparaît
également dans la manière dont elle est utilisée. L'Amérique maintient 2
500 soldats en Afghanistan, qui sont inutiles pour contrôler le pays ou
vaincre les talibans. Leur seul objectif est national, afin de
permettre aux politiciens de Washington de se présenter comme durs face
au terrorisme, favorables aux droits des femmes ou vaguement
“pro-militaire”. Deux fois plus de troupes sont déployées autour du
Capitole de Washington D.C., ostensiblement pour le “protéger” d'une
“insurrection de droite”. Mais comme Revolver
l’a expliqué cette semaine, le véritable objectif de l’occupation est
de faire passer le message que les conservateurs sont dangereux
(pourquoi aurions-nous besoin de troupes au Capitole s’ils ne l’étaient
pas, après tout ?) et que des lois plus strictes sont nécessaires pour
restreindre leurs libertés.
» Pendant ce temps, aucune troupe n’est déployée le long de la
frontière entre les États-Unis et le Mexique, même si des centaines de
milliers de personnes traversent la frontière illégalement chaque année
et même si la protection de la frontière a été l’obligation
traditionnelle des armées permanentes tout au long de l'histoire de
l'humanité. Pourquoi ont-elles disparu ? Parce que seules les armées
concentrées sur les menaces étrangères protègent la frontière de leur
pays. L’armée américaine est tournée vers l’intérieur.
» Les armées nationales sont censées gagner des guerres et vaincre
des adversaires étrangers. Mais les quatre branches des forces armées
américaines ont un objectif très différent. Elles ne gagnent pas nos
guerres actuelles, et elles ne se préparent pas efficacement à gagner
les guerres futures.
» L'Amérique ne dépense pas $700 milliards par an pour décourager
l'agression chinoise ou vaincre les talibans. L'Amérique dépense $700
milliards par an pour dire aux femmes qu'elles sont tout aussi bonnes
que les hommes pour être soldats et marins. Elle dépense $700 milliards
par an pour affirmer, contre toute évidence extérieure, que “la
diversité est notre force”. Elle dépense $700 milliards pour soutenir
les bilans des industriels de la défense et fournir une aide sociale de
facto à la classe moyenne inférieure. Elle dépense $700 milliards pour
permettre aux soldats transgenres de changer gratuitement de sexe.
Réduire de moitié le budget de la Défense pourrait être l'approche la
plus appropriée pour une “réforme de l'aide sociale”.
» Après tout, les forces armées américaines ne sont plus qu'un département d'aide sociale avec des drones. »
De Tucker Carlson, encore, je pense qu’il faut lire un jugement sur le nouveau secrétaire à la défense Lloyd Austin par rapport à sa nomination, à ce qu’on attend de lui, etc. Le présentateur de Fox.News, qui ne lâche pas prise, ne mâche plus ses mots par rapport à sa première intervention.
Carlson a désormais le Pentagone tel-qu’il-est-devenu en ligne de
mire, et la patriotisme dont il fait continuellement montre devient très
rapidement l’acte de tourner en dérision la direction des forces
armées, donc de se placer directement en position de confrontation avec
le complexe militaro-industriel et la politique qui en émane.
(C’est-à-dire, contre la “politiqueSystème” à laquelle s’est ajouté le
wokenisme, qui prend lui aussi, selon cette logique, un soutien de la
politique d’agression expansionniste aboutissant à des embourbements
sanglants et des défaites larvées.)
« Joe Biden a mis un homme appelé Lloyd Austin à la tête du
Pentagone. Biden a arraché Austin au monde cynique du
capital-investissement, mais vous n’êtes pas censés le remarquer. Vous
êtes censés remarquer seulement que Lloyd Austin est Noir. Le véritable
gros titre, cependant, est que Lloyd Austin est le deuxième secrétaire à
la défense d’affilée [après Esper] à avoir été subventionné
par Raytheon, l’énorme entrepreneur de la défense. Si vous voyiez une
chose pareille se produire dans un pays d’Amérique centrale, vous
parleriez de corruption, et vous auriez raison.
» Pendant des siècles, notre armée a été consciemment non-partisane.
Dans une démocratie, il doit en être ainsi. Aucun pays ne peut survivre
si ses forces armées deviennent l’outil d'un parti politique
spécifique. Nous le savons parce que cela se produit tout le temps,
partout dans le monde, et les conséquences sont toujours horribles. Cela
ne s’était jamais produit chez nous.
» On sait désormais que Austin est ouvertement politique. Dès les
premiers jours de son entrée en fonction, il a soumis l'ensemble des
services armés à une sorte de test de pureté politique. Quiconque avait
des opinions jugées “extrêmes” devait partir. Le reste d’entre nous a
regardé ce qui se passait, et une fois de plus, personne n’a rien dit.
La gauche a approuvé, la droite a été paralysée parce qu’elle soutient
les troupes. Si vous soutenez les troupes, vous devriez protester quand
elles sont maltraitées.
» Ensuite, Austin a entrepris d’accélérer les tendances toxiques
déjà en cours au Pentagone, la pire d'entre elles étant l’utilisation de
critères non pertinents [sexe, race, etc.] dans le recrutement
et la promotion. Afin de répondre aux exigences de divers groupes
d'intérêt démocrates, le Pentagone a considérablement abaissé les normes
dans les services. »
Là-dessus, Carlson utilise aussi la moquerie contre les
“woke-généraux” du Pentagone, qui n’ont peut-être pas réalisé que le
ridicule pouvait peut-être tuer, par inadvertance et avec autant de
précision qu’un drone ; et qu’en attendant, ils pouvaient y laisser pas
mal de leur prestige et de leur popularité. Mais avec ces types, autant
parler à un bloc de granit pour lui demander de se montrer souple et
élastique (le granit ayant par ailleurs des vertus dont les
woke-généraux sont absolument dépourvus)... Cela nous donne ceci :
« Eh bien, c’était une sacrée expérience hier, d’être la toute
première cible de la nouvelle “Opération La Ferme l’homme du talk-show”
du Pentagone.
» Des amis ont appelé et semblaient inquiets, “Eh mec, est-ce que tu vas bien ?”
» Pendant une minute, on a été un peu secoués. Puis on a réalisé que si ces généraux-woke [wokenisme] nous traitent comme ils ont traité les talibans, tout ira bien.
» Vingt ans plus tard, les talibans sont toujours là.
» Dans cette émission, on devrait peut-être promettre au Pentagone
de se débarrasser de tous les problèmes de sexe ; changer les pronoms,
envoyer paître le patriarcat, ce genre de truc. Ils nous enverraient
sûrement des $milliards en billets de $100 non marqués comme
encouragement, ils l’ont déjà fait auparavant [avec les talibans].
Et ça pourrait vraiment relancer nos cultures de pavot d’opium en
difficulté. C'est une chose à laquelle il faut penser. Quoi qu’il en
soit, nous allons bien. Merci de votre sollicitude. »
Il s’agit vraiment d’une situation sensationnelle par son caractère totalement inédit, sa “modernité-tardive” dans le sens du caractère inattendue et disproportionnée des forces, et dans ce domaine si caractéristique de la communication, avec effet-Janus garanti. Voici donc un homme seul, mais à la fabuleuse capacité d’influence grâce à la mesure d’audition (en moyenne plus de 4 millions de téléspectateurs), qui déclenche une offensive furieuse de communication, avec pluies de tweet comme autant de missiles, venus de diverses réactions absolument spontanées, et l’on se sent comme au bord d’un échange nucléaire.
Dans cette affaire, le Pentagone n’a pas le beau rôle : il paraît lourd, pataud, furieux comme un taureau enragé, donnant partout des coups de sa terrible enclume pour écraser cette mouche nommée Carlson, qui vole avec souplesse et habileté, en leur faisant des pattes d’honneur– voilà donc, l’enclume, – sans succès, en vérité. La bêtise est absolument du côté du Pentagone, un peu comme elle est du côté de Pelosi réclamant des milliers d’hommes de la Garde Nationale pour protéger les dignes parlementaires des complots fascistes & Cie qui ne cessent de rôder à la recherche d’une proie vertueuse mais fragile. Austin, qui doit peser son bon quintal, est-il une de ces “proies vertueuses et fragiles” ?
Rions, rions, car l'ironie ne doit jamais nous quitter, mais réalisons que cette affaire a un côté d’une réelle importance. Carlson appartient à la droite traditionnelle. Même s’il est un peu libertarien, on ne peut dire qu’on doive le classer absolument dans les antiguerre ; enfin, jusqu’à ces jours derniers, car le voilà qui évolue vite fait, et nombre de ses auditeurs-téléspectateurs avec lui. Ce qui importe ici, c’est qu’il ridiculise le Pentagone dans des matières où le monstre a le cuir sensible comme la douce peau df’une demoiselle : ces guerres sans fin qu’il n’arrive pas à conclure, son impuissance face aux résistants, sa manie d’acheter les “adversaires”, qui ne deviennent amis que le temps de réceptionner les palettes de billets de $100 avant de replonger dans la résistance, fortune faite.
... Et là-dessus, cet incroyable engagement des woke-généraux auprès des révolutionnaires sociétaux des régiments LGTBQ et autres antiracistes de profession. Pour mon compte, c’est à la fois une surprise extraordinaire et un événement considérable.
Jamais je n’aurais imaginé que les officiers généraux américains, des meilleurs aux plus médiocres, qui ont toujours cultivé une certaine dureté décontracté, une glorification des vertus viriles du soldat et du sens du devoir avec un côté romain bien entretenu, serment prêté à la Constitution de la Grande République, que ces généraux devenus moke puissent sombrer de façon aussi brutale, non pas tant à mon sens dans le “féminisme” comme les en accuse Carlson, mais dans la moraline gluante et bienpensante de cette époque, dans l’affectivisme pleurnichard et absolument simulacre. Jamais je n’aurais cru ça d’eux ; je crois entendre le Diable en rire encore une fois, – et les fantômes de Lee, de Jackson (plutôt que Grant et Sherman), de Pershing, de MacArthur, de Patton, de Nimitz et d’Halsey, de tristement soupirer, avec mépris et amertume, – “Sonovobitches”, grommelle Patton.
A côté de cela, un événement considérable, certes, car ce sont toutes ces “vertus” civiques, – des plus sincères aux plus forcées et fabriquées, – qui faisaient des forces armées les favorites des sondages de popularité. Mon sentiment est que tout cela, cette popularité, va très vite s’effacer, en même temps que la désintégration de l’appareil militaire va accélérer exponentiellement. Nous découvrirons alors que le roi est nu, que le monstrueux Pentagone, cette sorte extraordinaire de Moby Dick mythique et réputé insubmersible, n’est rien d’autre qu’un monstrueux Titanic qui s’est chopé son iceberg en plein en-dessous de la ligne de flotaison, de la poupe à la proue, sans caissons étanches, sans canaux de sauvetage, sans rien du tout.
Ce qui est en jeu, c’est toute la folle politiqueSystème depuis 9/11, qui ne cesse de secouer le monde et d’imposer une pression absurde de contrainte et d’illégalité meurtrières. Voici que se tend jusqu’à la rupture un verrou de plus du Système, découvert brutalement sur le point de sauter.
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