Comment se fait-il que des personnes par ailleurs parfaitement intelligentes, réfléchies et rationnelles reculent devant l'idée que les psychopathes conspirent pour les manipuler et les tromper ? Et pourquoi défendent-ils avec autant de véhémence cette position sans fondement ?
L'histoire elle-même regorge de machinations commises par des menteurs,
des voleurs, des tyrans et des narcissiques et décrit leurs effets
dévastateurs. Les preuves de corruption et d'inouïes fourberies abondent
également à l'époque moderne.
Nous savons, sans la moindre équivoque, que les hommes politiques mentent et occultent les relations qu'ils ont entre eux et que les entreprises témoignent couramment d'un mépris total pour les normes morales — en bref, nous baignons dans la corruption.
Nous savons que le jeu des chaises musicales entre les entreprises et les sphères politiques, le système de lobbying, les régulateurs corrompus, les médias et le système judiciaire signifie que les actes répréhensibles ne sont pratiquement jamais soumis à un semblant de véritable justice.
Nous savons que la presse évoque bruyamment ces questions de temps à autre, mais sans jamais les examiner avec une véritable vigueur.
Nous savons que les actes répréhensibles commis par les services de renseignement et les forces de police sont, dans des proportions stupéfiantes, monnaie courante et que, là encore, la justice n'est jamais rendue.
Nous savons que les gouvernements ne cessent d'ignorer ou de piétiner les droits des citoyens, et qu'ils abusent et maltraitent les populations de manière répétée. Rien de tout cela ne porte à controverse.
Alors, que refusent exactement les adeptes du déni de conspiration avec la ferveur, la droiture et la condescendance qui sont les leurs ? Pourquoi, contre toute évidence, en viennent-ils à défendre d'un ton narquois et méprisant le mythe en décrépitude selon lequel « les puissants » sont quelque part un peu comme nous, qu'ils ont la situation bien en main, n'ont que notre intérêt à cœur et sont scrupuleux, sages et sincères ? Que la presse est au service du peuple et de la vérité plutôt qu'à celui des escrocs ? Que les injustices successives résultent d'erreurs et d'oublis, et qu'elles ne peuvent jamais procéder de ce concept redoutable : la conspiration ?
Quelle personne raisonnable continuerait à croire à un monde à ce point illusoire ?
Le point de désaccord ici porte uniquement sur la question de la proportion. Une personne véritablement curieuse des desseins élaborés par de puissants psychopathes élargira le périmètre de ses recherches au-delà d'une entreprise ou d'une nation. Pourquoi ne le ferait-elle pas ? Une telle personne part du principe que les mécanismes observés à une petite échelle sont susceptibles d'être les mêmes à tous les niveaux du pouvoir. Mais les adeptes du déni de conspiration insistent sur le fait que c'est absurde.
Pourquoi ?
Le fait que les structures sociétales et juridiques pyramidales que l'humanité a laissé se développer sont précisément le type de hiérarchies de dominance qui avantagent indubitablement le psychopathe est cruellement évident. Un être humain doté d'un esprit de coopération normal et sain s'avère peu enclin à se lancer dans les combats nécessaires à une ascension sociale ou politique.
Alors, que s'imaginent les individus qui réfutent l'existence des conspirations ? Selon eux, que font chaque jour les 70 millions ou plus de psychopathes dans le monde, tous nés dans un « jeu » où la richesse et le pouvoir se concentrent au sommet de la pyramide, et dans lequel les attributs les plus efficaces pour atteindre la « victoire » sont la cruauté et l'amoralité ? N'ont-ils jamais joué au Monopoly ?
Les psychopathes ne choisissent pas leur conception du monde grâce à leur conscience, et sont tout simplement incapables de comprendre pourquoi les gens normaux se mettraient dans une situation aussi désavantageuse en se limitant à la conscience et à l'empathie, vertus dont l'existence échappe à la compréhension du psychopathe et qui est à la mesure de ce que serait pour l'être humain un monde qui en serait dénué.
Le psychopathe n'a besoin que d'une seule chose pour gagner : mentir publiquement tout en conspirant en privé. Quoi de plus simple ? En 2021, continuer à imaginer que le monde dans lequel nous vivons n'est pas largement déterminé par cette dynamique relève d'une naïveté téméraire qui confine à la folie. Quelle est la source d'une pulsion à ce point malencontreusement destructrice ?
L'enfant en bas âge accorde une confiance innée aux personnes qui l'entourent — une confiance qui, le plus souvent, s'avère par nature justifiée. Si ce n'était pas le cas, l'enfant ne pourrait pas survivre.
Au sein d'une société saine et équilibrée, cet instinct profond évolue au rythme du développement de la psyché. Au fur et à mesure de l'évolution chez un individu de la conscience de soi, des facultés cognitives et logiques et du scepticisme, cette instinct de confiance innée continuerait à être compris comme un besoin central de la psyché. L'évolution et le développement conscients de cette tendance enfantine serait favorisées par l'existence de systèmes de croyances partagées qui placeraient consciemment cette foi dans des valeurs et des croyances porteuse d'une signification et d'une valeur durables pour la société, l'individu ou, idéalement, les deux.
La déférence et le respect de la tradition, des forces naturelles, des ancêtres, de la raison, de la vérité, de la beauté, de la liberté, de la valeur innée de la vie, ou de l'esprit initiateur de toutes choses, peuvent tous être considérés comme des qualités indispensables au sein desquelles nous pouvons en toute conscience placer notre confiance et notre foi — tout comme celles qui découlent de systèmes de croyance plus formalisés.
Indépendamment du chemin emprunté pour évoluer et développer une foi personnelle, l'apport de sa propre conscience et de sa propre connaissance à cette élan naturel en constitue le point clé. Je pense que développer et cultiver une foi mature représente une responsabilité fondamentale dont beaucoup — ce qui est compréhensible — ne sont pas conscients.
Que se passe-t-il lorsque subsiste en nous un besoin enfantin qui n'a jamais évolué au-delà de sa fonction originelle de survie et qui consiste à faire confiance à ceux qui, dans notre environnement, sont simplement les plus puissants, les plus présents et les plus actifs ? Lorsque nous n'avons jamais vraiment exploré notre propre psyché, et n'avons jamais profondément questionné ce en quoi nous croyons vraiment et pourquoi ? Lorsque la raison pour laquelle nous accordons notre confiance à quelque chose ou à quelqu'un n'est pas remise en question ? Quand la philosophie est laissée aux philosophes ?
Je pense que la réponse est simple, et que les preuves de ce phénomène et des ravages qu'il provoque sont visibles partout autour de nous : le besoin inné de faire confiance à la mère n'évolue jamais, ne rencontre ni n'entre jamais en contact avec sa contrepartie, la raison (ou la foi mature), et reste en permanence sur son réglage infantile « par défaut ».
Alors que cette psyché immature ne dépend plus des parents pour son bien-être, la puissance motivationnelle du principe fondamental que je viens de décrire reste intact : incontesté, négligé et non développé. Et, dans un monde où la stabilité et la sécurité sont de lointains souvenirs, ces instincts de survie, plutôt que d'être bien affûtés, réfléchis, pertinents, discernés et actualisés, restent, littéralement, ceux d'un bébé. Parce que l'instinct décrète que la survie en dépend, la confiance est dès lors accordée à l'influence la plus importante, la plus bruyante, la plus présente et la plus indéniable.
Et, dans cette grande « pépinière mondiale », la force la plus omniprésente est celle des institutions interconnectées qui projettent en permanence une image de pouvoir, de calme, d'expertise, d'intérêt et de stabilité.
À mon avis, c'est ce qui permet aux adeptes du déni de conspiration de s'agripper au, et de défendre d'une manière agressive le fantasme totalement illogique selon lequel — au-delà d'un certain niveau indéfini de la hiérarchie sociétale — la corruption, la tromperie, la malveillance et le narcissisme s'évaporent mystérieusement, d'une manière ou d'une autre. Que, contrairement à la maxime, plus une personne a de pouvoir, plus elle fera inévitablement preuve d'intégrité. Ces âmes fragiles et bercées d'illusions sont intimement persuadées que, là où l'expérience personnelle et les connaissances préalables ne sauraient combler les lacunes de leur vision du monde — en d'autres termes, tous les endroits dont l'accès est interdit — papa et maman seront toujours là pour veiller à ce que leur petit trésor soit à l'aise, heureux et en sécurité pour toujours.
Il s'agit là de l'illusion fondamentale et réconfortante qui sous-tend l'état d'esprit des adeptes du déni de conspiration, le socle délabré sur lequel ils érigent un monumental édifice de justifications et à partir duquel ils peuvent de manière pompeuse ridiculiser et railler toutes les personnes dont la vision est différente.
On comprend dès lors pourquoi ces adeptes du déni de conspiration combattent la moindre suggestion selon laquelle l'archétype du soignant n'existe plus — que des psychopathes se trouvent derrière chaque accès interdit, et qu'ils nous traitent avec le plus grand mépris voire nous ignorent complètement. Ces adeptes du déni de conspiration s'en prendront à toute suggestion similaire aussi violemment que si leur survie en dépendait — ce qui, dans la composition de leur psyché inconsciente et précaire, est, d'une certaine manière, le cas.
Leur sentiment de bien-être, de sécurité, de confort, voire même d'avenir, est complètement — et de manière totalement inconsciente — investi dans ce fantasme. L'enfant en eux n'a jamais mûri et, parce qu'ils n'en sont pas conscients, si ce n'est sous la forme d'un attachement profond à leur sécurité personnelle, ils attaqueront férocement toute menace envers cet aspect inconscient et central de leur vision du monde.
Leur refrain épuisant de banalité est le suivant : « une conspiration d'une telle ampleur ne peut exister ».
La réponse simple à un tel expert autoproclamé des conspirations est évidente : quelle ampleur ?
Les plus grandes entreprises « médicales » du monde peuvent, depuis des décennies, considérer comme de simples dépenses commerciales les amendes considérables dont elles écopent pour des crimes qui vont de la dissimulation d'effets indésirables liés à aux tests de leurs produits à des meurtres multiples provoqués par des expérimentations non déclarées, en passant par des crimes environnementaux colossaux.
Sans être le moins du monde inquiétés, les gouvernements mènent sur leurs propres populations les « expériences » — les crimes — les plus viles et les plus impensables.
Les politiciens ont coutume de nous mentir ouvertement, sans conséquence.
Et ainsi de suite. À quel moment, exactement, une conspiration devient-elle à ce point considérable qu'elle constitue pour « eux » une limite, et pourquoi ? Je pense que le point de rupture se produit lorsque leur capacité cognitive faiblit et que leur instinct de survie inconscient se déclenche. Le moment même où l'intellect est submergé par l'ampleur des événements et où l'instinct se replie sur la foi familière et réconfortante qu'ils connaissent et ont cultivé depuis leur toute première tétée. La foi selon laquelle quelqu'un d'autre s'en occupe — qu'au moment où le monde devient inconnu, il suffit de placer une foi absolue dans l'existence d'une autorité humaine puissante et bienveillante pour être assuré d'une sécurité émotionnelle éternelle.
Cette dangereuse illusion pourrait bien être le facteur clé qui remet entre les mains des psychopathes la sécurité physique et l'avenir de l'humanité.
À tous ceux qui ont l'habitude de rejeter les personnes qui posent des questions, enquêtent et sont sceptiques — comme peuvent l'être les partisans de Trump, qui nient la science, sont paranoïaques et portent un chapeau en aluminium — je pose la question suivante : en quoi croyez-vous ? Où avez-vous placé votre foi et pourquoi ? Comment pouvez-vous, alors que personne ne fait confiance aux autorités, vous fier de manière absolue aux organisations de gouvernance mondiale naissantes ? En quoi est-ce rationnel ?
Si vous accordez votre confiance en de telles organisations, considérez qu'à l'ère de la mondialisation, ces organisations — aussi extraordinaires puissent-elles paraître — ne sont que des émanations plus ambitieuses des versions locales auxquelles nous savons ne pas pouvoir nous fier. Elles ne sont pas nos parents et ne font preuve d'aucune loyauté envers les valeurs humaines. Il n'existe aucune raison d'accorder une quelconque confiance à ne serait-ce qu'une seule d'entre elles.
Si vous n'avez pas développé consciemment une foi ou si vous ne vous êtes pas, dans une certaine mesure, interrogé sur les raisons pour lesquelles vos croyances sont animées d'une telle ferveur, une telle position peut sembler misanthropique, mais en vérité, c'est le contraire. L'argent des relations publiques et les mensonges mielleux sont les deux seules formules qui ont permis à ces organisations de gagner votre confiance. Le véritable pouvoir reste, comme toujours, entre les mains du peuple.
Ce n'est pas pour rien si les bouddhistes recommandent vivement de placer sa foi dans le Dharma, ou loi naturelle de la vie, plutôt que dans les personnes, et que des préceptes similaires sont courants au sein d'autres systèmes de croyance.
Le pouvoir corrompt. Et, dans le monde d'aujourd'hui, la confiance mal placée et non fondée pourrait bien être l'une des plus grandes sources de pouvoir qui soit.
Les conspirations criminelles monumentales existent. Les preuves sont accablantes. L'ampleur de celles en cours actuellement est inconnue, mais rien, dans la nouvelle ère mondiale, ne permet d'imaginer une diminution de la quête psychopathique du pouvoir ou la possession des ressources nécessaires pour y parvenir. En tout cas, pas tant que la dissidence est tournée en dérision et réduite au silence par les gardiens, les « idiots utiles » et les adeptes du déni de conspiration, lesquels, par leurs attaques incessantes contre ceux qui voudraient faire la lumière sur les malversations, sont en fait les complices directs du programme des psychopathes.
Il est de la responsabilité urgente de chaque être humain d'exposer les agendas psychopathiques peu importe où ils se manifestent — et de ne jamais attaquer ceux qui cherchent à le faire.
Plus que jamais, il est temps aujourd'hui de mettre de côté les futilités et les pulsions enfantines, et de réagir en adultes afin de protéger l'avenir des enfants qui n'ont d'autre choix que de nous confier leur vie.
Cet essai s'est concentré sur ce que je considère comme le moteur psychologique le plus profond du déni de conspiration.
Il en existe certainement d'autres, comme le désir d'être accepté ; fuir la connaissance et le combat des zones d'ombre intérieure et extérieure ; préserver une image positive et juste de soi qui constitue une version généralisée du phénomène d'« abus par procuration », dans lequel une classe sociale intéressée et vicieuse se protège en se regroupant autour du tyran ; adopter de manière subtile et inconsciente la vision psychopathique du monde (par exemple, « l'humanité est un virus pour la planète ») ; développer une addiction à l'indignation, au complexe de supériorité et aux jeux de prestige ; entretenir un intellect rabougri ou sans ambition qui octroie au maintien du statu quo sa raison d'être ; adopter un mécanisme de protection dissociatif en imaginant que les crimes et les horreurs commis à plusieurs reprises au cours de notre vie ne se produisent pas maintenant, pas « ici », et enfin la bonne vieille paresse et la lâcheté.
Je pense que, dans une certaine mesure, tous ces mécanismes reposent sur les fondements de la cause principale que j'ai décrite ici.
Source de l'article initialement publié en anglais le 6 mars 2021 : Reporting For Beauty
Traduction : Sott.net
Nous savons, sans la moindre équivoque, que les hommes politiques mentent et occultent les relations qu'ils ont entre eux et que les entreprises témoignent couramment d'un mépris total pour les normes morales — en bref, nous baignons dans la corruption.
Nous savons que le jeu des chaises musicales entre les entreprises et les sphères politiques, le système de lobbying, les régulateurs corrompus, les médias et le système judiciaire signifie que les actes répréhensibles ne sont pratiquement jamais soumis à un semblant de véritable justice.
Nous savons que la presse évoque bruyamment ces questions de temps à autre, mais sans jamais les examiner avec une véritable vigueur.
Nous savons que les actes répréhensibles commis par les services de renseignement et les forces de police sont, dans des proportions stupéfiantes, monnaie courante et que, là encore, la justice n'est jamais rendue.
Nous savons que les gouvernements ne cessent d'ignorer ou de piétiner les droits des citoyens, et qu'ils abusent et maltraitent les populations de manière répétée. Rien de tout cela ne porte à controverse.
Alors, que refusent exactement les adeptes du déni de conspiration avec la ferveur, la droiture et la condescendance qui sont les leurs ? Pourquoi, contre toute évidence, en viennent-ils à défendre d'un ton narquois et méprisant le mythe en décrépitude selon lequel « les puissants » sont quelque part un peu comme nous, qu'ils ont la situation bien en main, n'ont que notre intérêt à cœur et sont scrupuleux, sages et sincères ? Que la presse est au service du peuple et de la vérité plutôt qu'à celui des escrocs ? Que les injustices successives résultent d'erreurs et d'oublis, et qu'elles ne peuvent jamais procéder de ce concept redoutable : la conspiration ?
Quelle personne raisonnable continuerait à croire à un monde à ce point illusoire ?
Le point de désaccord ici porte uniquement sur la question de la proportion. Une personne véritablement curieuse des desseins élaborés par de puissants psychopathes élargira le périmètre de ses recherches au-delà d'une entreprise ou d'une nation. Pourquoi ne le ferait-elle pas ? Une telle personne part du principe que les mécanismes observés à une petite échelle sont susceptibles d'être les mêmes à tous les niveaux du pouvoir. Mais les adeptes du déni de conspiration insistent sur le fait que c'est absurde.
Pourquoi ?
Le fait que les structures sociétales et juridiques pyramidales que l'humanité a laissé se développer sont précisément le type de hiérarchies de dominance qui avantagent indubitablement le psychopathe est cruellement évident. Un être humain doté d'un esprit de coopération normal et sain s'avère peu enclin à se lancer dans les combats nécessaires à une ascension sociale ou politique.
Alors, que s'imaginent les individus qui réfutent l'existence des conspirations ? Selon eux, que font chaque jour les 70 millions ou plus de psychopathes dans le monde, tous nés dans un « jeu » où la richesse et le pouvoir se concentrent au sommet de la pyramide, et dans lequel les attributs les plus efficaces pour atteindre la « victoire » sont la cruauté et l'amoralité ? N'ont-ils jamais joué au Monopoly ?
Les psychopathes ne choisissent pas leur conception du monde grâce à leur conscience, et sont tout simplement incapables de comprendre pourquoi les gens normaux se mettraient dans une situation aussi désavantageuse en se limitant à la conscience et à l'empathie, vertus dont l'existence échappe à la compréhension du psychopathe et qui est à la mesure de ce que serait pour l'être humain un monde qui en serait dénué.
Le psychopathe n'a besoin que d'une seule chose pour gagner : mentir publiquement tout en conspirant en privé. Quoi de plus simple ? En 2021, continuer à imaginer que le monde dans lequel nous vivons n'est pas largement déterminé par cette dynamique relève d'une naïveté téméraire qui confine à la folie. Quelle est la source d'une pulsion à ce point malencontreusement destructrice ?
L'enfant en bas âge accorde une confiance innée aux personnes qui l'entourent — une confiance qui, le plus souvent, s'avère par nature justifiée. Si ce n'était pas le cas, l'enfant ne pourrait pas survivre.
Au sein d'une société saine et équilibrée, cet instinct profond évolue au rythme du développement de la psyché. Au fur et à mesure de l'évolution chez un individu de la conscience de soi, des facultés cognitives et logiques et du scepticisme, cette instinct de confiance innée continuerait à être compris comme un besoin central de la psyché. L'évolution et le développement conscients de cette tendance enfantine serait favorisées par l'existence de systèmes de croyances partagées qui placeraient consciemment cette foi dans des valeurs et des croyances porteuse d'une signification et d'une valeur durables pour la société, l'individu ou, idéalement, les deux.
La déférence et le respect de la tradition, des forces naturelles, des ancêtres, de la raison, de la vérité, de la beauté, de la liberté, de la valeur innée de la vie, ou de l'esprit initiateur de toutes choses, peuvent tous être considérés comme des qualités indispensables au sein desquelles nous pouvons en toute conscience placer notre confiance et notre foi — tout comme celles qui découlent de systèmes de croyance plus formalisés.
Indépendamment du chemin emprunté pour évoluer et développer une foi personnelle, l'apport de sa propre conscience et de sa propre connaissance à cette élan naturel en constitue le point clé. Je pense que développer et cultiver une foi mature représente une responsabilité fondamentale dont beaucoup — ce qui est compréhensible — ne sont pas conscients.
Que se passe-t-il lorsque subsiste en nous un besoin enfantin qui n'a jamais évolué au-delà de sa fonction originelle de survie et qui consiste à faire confiance à ceux qui, dans notre environnement, sont simplement les plus puissants, les plus présents et les plus actifs ? Lorsque nous n'avons jamais vraiment exploré notre propre psyché, et n'avons jamais profondément questionné ce en quoi nous croyons vraiment et pourquoi ? Lorsque la raison pour laquelle nous accordons notre confiance à quelque chose ou à quelqu'un n'est pas remise en question ? Quand la philosophie est laissée aux philosophes ?
Je pense que la réponse est simple, et que les preuves de ce phénomène et des ravages qu'il provoque sont visibles partout autour de nous : le besoin inné de faire confiance à la mère n'évolue jamais, ne rencontre ni n'entre jamais en contact avec sa contrepartie, la raison (ou la foi mature), et reste en permanence sur son réglage infantile « par défaut ».
Alors que cette psyché immature ne dépend plus des parents pour son bien-être, la puissance motivationnelle du principe fondamental que je viens de décrire reste intact : incontesté, négligé et non développé. Et, dans un monde où la stabilité et la sécurité sont de lointains souvenirs, ces instincts de survie, plutôt que d'être bien affûtés, réfléchis, pertinents, discernés et actualisés, restent, littéralement, ceux d'un bébé. Parce que l'instinct décrète que la survie en dépend, la confiance est dès lors accordée à l'influence la plus importante, la plus bruyante, la plus présente et la plus indéniable.
Et, dans cette grande « pépinière mondiale », la force la plus omniprésente est celle des institutions interconnectées qui projettent en permanence une image de pouvoir, de calme, d'expertise, d'intérêt et de stabilité.
À mon avis, c'est ce qui permet aux adeptes du déni de conspiration de s'agripper au, et de défendre d'une manière agressive le fantasme totalement illogique selon lequel — au-delà d'un certain niveau indéfini de la hiérarchie sociétale — la corruption, la tromperie, la malveillance et le narcissisme s'évaporent mystérieusement, d'une manière ou d'une autre. Que, contrairement à la maxime, plus une personne a de pouvoir, plus elle fera inévitablement preuve d'intégrité. Ces âmes fragiles et bercées d'illusions sont intimement persuadées que, là où l'expérience personnelle et les connaissances préalables ne sauraient combler les lacunes de leur vision du monde — en d'autres termes, tous les endroits dont l'accès est interdit — papa et maman seront toujours là pour veiller à ce que leur petit trésor soit à l'aise, heureux et en sécurité pour toujours.
Il s'agit là de l'illusion fondamentale et réconfortante qui sous-tend l'état d'esprit des adeptes du déni de conspiration, le socle délabré sur lequel ils érigent un monumental édifice de justifications et à partir duquel ils peuvent de manière pompeuse ridiculiser et railler toutes les personnes dont la vision est différente.
On comprend dès lors pourquoi ces adeptes du déni de conspiration combattent la moindre suggestion selon laquelle l'archétype du soignant n'existe plus — que des psychopathes se trouvent derrière chaque accès interdit, et qu'ils nous traitent avec le plus grand mépris voire nous ignorent complètement. Ces adeptes du déni de conspiration s'en prendront à toute suggestion similaire aussi violemment que si leur survie en dépendait — ce qui, dans la composition de leur psyché inconsciente et précaire, est, d'une certaine manière, le cas.
Leur sentiment de bien-être, de sécurité, de confort, voire même d'avenir, est complètement — et de manière totalement inconsciente — investi dans ce fantasme. L'enfant en eux n'a jamais mûri et, parce qu'ils n'en sont pas conscients, si ce n'est sous la forme d'un attachement profond à leur sécurité personnelle, ils attaqueront férocement toute menace envers cet aspect inconscient et central de leur vision du monde.
Leur refrain épuisant de banalité est le suivant : « une conspiration d'une telle ampleur ne peut exister ».
La réponse simple à un tel expert autoproclamé des conspirations est évidente : quelle ampleur ?
Les plus grandes entreprises « médicales » du monde peuvent, depuis des décennies, considérer comme de simples dépenses commerciales les amendes considérables dont elles écopent pour des crimes qui vont de la dissimulation d'effets indésirables liés à aux tests de leurs produits à des meurtres multiples provoqués par des expérimentations non déclarées, en passant par des crimes environnementaux colossaux.
Sans être le moins du monde inquiétés, les gouvernements mènent sur leurs propres populations les « expériences » — les crimes — les plus viles et les plus impensables.
Les politiciens ont coutume de nous mentir ouvertement, sans conséquence.
Et ainsi de suite. À quel moment, exactement, une conspiration devient-elle à ce point considérable qu'elle constitue pour « eux » une limite, et pourquoi ? Je pense que le point de rupture se produit lorsque leur capacité cognitive faiblit et que leur instinct de survie inconscient se déclenche. Le moment même où l'intellect est submergé par l'ampleur des événements et où l'instinct se replie sur la foi familière et réconfortante qu'ils connaissent et ont cultivé depuis leur toute première tétée. La foi selon laquelle quelqu'un d'autre s'en occupe — qu'au moment où le monde devient inconnu, il suffit de placer une foi absolue dans l'existence d'une autorité humaine puissante et bienveillante pour être assuré d'une sécurité émotionnelle éternelle.
Cette dangereuse illusion pourrait bien être le facteur clé qui remet entre les mains des psychopathes la sécurité physique et l'avenir de l'humanité.
À tous ceux qui ont l'habitude de rejeter les personnes qui posent des questions, enquêtent et sont sceptiques — comme peuvent l'être les partisans de Trump, qui nient la science, sont paranoïaques et portent un chapeau en aluminium — je pose la question suivante : en quoi croyez-vous ? Où avez-vous placé votre foi et pourquoi ? Comment pouvez-vous, alors que personne ne fait confiance aux autorités, vous fier de manière absolue aux organisations de gouvernance mondiale naissantes ? En quoi est-ce rationnel ?
Si vous accordez votre confiance en de telles organisations, considérez qu'à l'ère de la mondialisation, ces organisations — aussi extraordinaires puissent-elles paraître — ne sont que des émanations plus ambitieuses des versions locales auxquelles nous savons ne pas pouvoir nous fier. Elles ne sont pas nos parents et ne font preuve d'aucune loyauté envers les valeurs humaines. Il n'existe aucune raison d'accorder une quelconque confiance à ne serait-ce qu'une seule d'entre elles.
Si vous n'avez pas développé consciemment une foi ou si vous ne vous êtes pas, dans une certaine mesure, interrogé sur les raisons pour lesquelles vos croyances sont animées d'une telle ferveur, une telle position peut sembler misanthropique, mais en vérité, c'est le contraire. L'argent des relations publiques et les mensonges mielleux sont les deux seules formules qui ont permis à ces organisations de gagner votre confiance. Le véritable pouvoir reste, comme toujours, entre les mains du peuple.
Ce n'est pas pour rien si les bouddhistes recommandent vivement de placer sa foi dans le Dharma, ou loi naturelle de la vie, plutôt que dans les personnes, et que des préceptes similaires sont courants au sein d'autres systèmes de croyance.
Le pouvoir corrompt. Et, dans le monde d'aujourd'hui, la confiance mal placée et non fondée pourrait bien être l'une des plus grandes sources de pouvoir qui soit.
Les conspirations criminelles monumentales existent. Les preuves sont accablantes. L'ampleur de celles en cours actuellement est inconnue, mais rien, dans la nouvelle ère mondiale, ne permet d'imaginer une diminution de la quête psychopathique du pouvoir ou la possession des ressources nécessaires pour y parvenir. En tout cas, pas tant que la dissidence est tournée en dérision et réduite au silence par les gardiens, les « idiots utiles » et les adeptes du déni de conspiration, lesquels, par leurs attaques incessantes contre ceux qui voudraient faire la lumière sur les malversations, sont en fait les complices directs du programme des psychopathes.
Il est de la responsabilité urgente de chaque être humain d'exposer les agendas psychopathiques peu importe où ils se manifestent — et de ne jamais attaquer ceux qui cherchent à le faire.
Plus que jamais, il est temps aujourd'hui de mettre de côté les futilités et les pulsions enfantines, et de réagir en adultes afin de protéger l'avenir des enfants qui n'ont d'autre choix que de nous confier leur vie.
Cet essai s'est concentré sur ce que je considère comme le moteur psychologique le plus profond du déni de conspiration.
Il en existe certainement d'autres, comme le désir d'être accepté ; fuir la connaissance et le combat des zones d'ombre intérieure et extérieure ; préserver une image positive et juste de soi qui constitue une version généralisée du phénomène d'« abus par procuration », dans lequel une classe sociale intéressée et vicieuse se protège en se regroupant autour du tyran ; adopter de manière subtile et inconsciente la vision psychopathique du monde (par exemple, « l'humanité est un virus pour la planète ») ; développer une addiction à l'indignation, au complexe de supériorité et aux jeux de prestige ; entretenir un intellect rabougri ou sans ambition qui octroie au maintien du statu quo sa raison d'être ; adopter un mécanisme de protection dissociatif en imaginant que les crimes et les horreurs commis à plusieurs reprises au cours de notre vie ne se produisent pas maintenant, pas « ici », et enfin la bonne vieille paresse et la lâcheté.
Je pense que, dans une certaine mesure, tous ces mécanismes reposent sur les fondements de la cause principale que j'ai décrite ici.
Source de l'article initialement publié en anglais le 6 mars 2021 : Reporting For Beauty
Traduction : Sott.net
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