La rupture d’une partie d’un glacier dans le nord de l’Inde a provoqué dimanche des flots torrentiels qui ont tout emporté sur leur passage, y compris un barrage hydroélectrique.
Plus d’une centaine de personnes étaient toujours portées disparues dimanche 7 février dans le nord de l’Inde après la rupture d’un glacier de l’Himalaya, qui a provoqué une crue éclair en tombant dans une rivière. Lorsque la nuit a empêché la poursuite des recherches, sept cadavres avaient été découverts, selon les autorités de l’Etat de l’Uttarakhand.
L’énorme masse d’eau a dévasté la vallée de la rivière Dhauliganga, détruisant tout sur son passage, submergeant un complexe hydroélectrique et emportant des routes et des ponts, selon les images prises par des habitants terrifiés. « Il y avait un nuage de poussière quand l’eau est passée. La terre tremblait comme lors d’un séisme », a témoigné l’un d’eux auprès de la télévision indienne.
Des dizaines d’employés des deux centrales électriques installées sur le barrage de Richiganga sont portés disparus, ainsi que des habitants de la région, emportés par les eaux alors qu’ils s’occupaient de leur bétail, d’après les autorités. Le barrage a été ravagé par le déluge causé par la chute d’un énorme morceau de glacier qui s’est détaché d’une paroi de la montagne en amont.
Le premier ministre de l’Etat de l’Uttarakhand, Trivendra Singh Rawat, a estimé qu’au moins 125 personnes étaient portées disparues, mais que le bilan pourrait encore évoluer. Le chef de la police locale, Ashok Kumar, avait quant à lui évoqué, plus tôt, 200 disparus pour les seules centrales électriques.
Une vingtaine d’employés se sont retrouvés coincés dans un tunnel, mais douze ont été secourus. La route principale ayant été emportée, ce tunnel était rempli de boue et de roches. Les secouristes ont dû utiliser des cordes pour réussir à atteindre l’entrée. Des centaines de militaires et de paramilitaires, ainsi que des hélicoptères et des avions militaires, ont été mobilisés dans la région.
Situé dans le massif de l’Himalaya, l’Uttarakhand est un Etat indien où le Gange prend sa source. La rivière Dhauliganga est l’un de ses affluents. Les autorités ont vidé deux barrages pour empêcher les eaux déchaînées de venir gonfler le Gange dans les villes de Rishikesh et Haridwar, et ont interdit aux habitants de s’approcher des rives du fleuve sacré. Les villages dans les montagnes surplombant la rivière ont été évacués, mais le plus gros du danger d’inondation est passé, ont rapporté les autorités dimanche soir.
« Un sinistre rappel »
De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux ont filmé ou photographié le désastre. Des vidéos montrent la masse d’eau ravageant une étroite vallée sous la centrale électrique, laissant les routes et les ponts détruits sur son passage.
Le premier ministre, Narendra Modi, a déclaré qu’il suivait les opérations de secours. « L’Inde se tient aux côtés des habitants de l’Uttarakhand et la nation prie pour la sécurité de tous dans cette région », a-t-il assuré sur Twitter.
Quatorze glaciers surplombent la rivière dans le parc national Nanda Devi. Ils font l’objet d’études scientifiques, à cause d’inquiétudes grandissantes concernant le changement climatique et la déforestation. Un quart de la glace de l’Himalaya a fondu ces quatre dernières décennies à cause de la hausse des températures.
« Les avalanches sont un phénomène courant dans la zone du bassin-versant », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) M.P.S. Bisht, le directeur du Centre d’applications spatiales de l’Uttarakhand. « De gros glissements de terrain se produisent également couramment. »
En 2013, des inondations dévastatrices dues à la mousson avaient tué 6 000 personnes dans l’Uttarakhand, entraînant des appels à revoir les projets de développement prévus dans cet Etat, et plus particulièrement dans les zones isolées comme celle du barrage de Rishi Ganga. Uma Bharti, une ancienne ministre des ressources hydrauliques, a précisé avoir demandé, lorsqu’elle était au gouvernement, le gel des projets hydroélectriques dans les régions himalayennes « sensibles » comme celles du Gange et de ses affluents.
Pour Vimlendhu Jha, fondateur de l’ONG de défense de l’environnement Swechha India, ce désastre est un « sinistre rappel » des effets du changement climatique et du « développement incohérent des routes, des voies ferrées et des centrales électriques dans les zones écologiquement fragiles ». « Les militants et les habitants n’ont cessé de s’opposer aux grands projets dans la vallée de la rivière », a-t-il fait valoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.