Comme chacun le sait, les marchés financiers ont été créés dans le but de rendre le maximum de gens le plus malheureux possible, le plus souvent possible, et ils remplissent parfaitement leurs missions. Ce mois-ci, je fête mon cinquantième anniversaire d’observation des marchés financiers, c’est vous dire si j’en ai pris des claques.
En ce qui me concerne cependant, depuis cinquante ans, je suis fasciné par leurs capacités à faire n’importe quoi à court terme mais à avoir toujours raison à long-terme et du coup, depuis un demi-siècle, je m’échine à essayer de comprendre ce qu’ils sont en train d’essayer de me dire, ce qui revient à séparer les bruits sans importance de la réalité profonde qu’ils s’essaient à mesurer.
Et très sincèrement, je pense que les marchés financiers ont la plupart du temps une espèce de petite musique, fort agréable à entendre, qui ressemble un peu au printemps de Vivaldi, quand tout va bien. Mais de temps en temps, la musique change et se met à ressembler à l’été du même Vivaldi quand un orage se met à gronder au fond de l’horizon.
Et aujourd’hui, je me mets à entendre des roulements de tonnerre quelque part dans les profondeurs et du coup, je commence à avoir encore plus la trouille que d’habitude (cela fait cinquante que je vis en ayant peur tout le temps) et je commence à me dire que je vais à nouveau en prendre plein la tête, ce qui à mon âge devient de plus en plus douloureux.
Comme je me méfie autant de mon intuition que de celle de toute autre personne, je me précipite donc sur un certain nombre d’outils qui, dans le passé, m’ont permis de limiter les dégâts pour vérifier si certains de ces instruments ne seraient pas en train de se détériorer, ce qui confirmerait mon intuition.
Et il y en a trois qui me donnent du souci.
Première constatation : Le RENDEMENT sur le 10 ans Italien MONTE, de peu certes, mais il monte.
Et s’il y a une chose que je sais c’est que l’Italie ne PEUT supporter la moindre hausse des taux…
Et donc j’ouvre mon journal pour savoir ce que se passe chez notre sœur Latine et j’apprends que le premier ministre Conte vient de donner sa démission. Qui est monsieur Conte ? Pour faire simple, un pantin qui a été mis là par les habituels Kisling Italiens aux ordres de Bruxelles pour empêcher monsieur Salvini et les « Fratelli », les populistes, d’arriver au pouvoir.
Or aussi bien les Fratelli que Salvini et sa Ligue veulent sortir l’Italie et de l’euro et de l’Europe, ce qui est à peu près la seule chance de sauver non seulement l’économie Italienne mais aussi le peuple et la Nation.
Bien entendu, tout le monde me dit que monsieur Conte, avec l’aide du Président de la République, Sergio Matarella, vieux routier de la Démocratie Chrétienne, va trouver une solution qui prolongera l’agonie de l’Italie jusqu’à la date limite des élections en Mai 2023.
Mais qu’est qui se passera si messieurs Conte et Matarella ne trouvent pas assez de coquins à débaucher ?
Eh bien, nous aurons des élections en Mars 2021, c’est-à-dire demain, Salvini aura une élection de maréchal et les taux Italiens exploseront à la hausse, ce qui forcera l’Italie à sortir de l’Euro, et donc de l’Europe, ce qui devrait créer de légers remous.
Si ce scénario venait à se passer, la BCE n’aurait plus aucun pouvoir, tout le monde retournerait à sa monnaie nationale (enfin une bonne nouvelle) et les banques centrales nationales devraient prendre le relais tandis que madame Lagarde irait s’inscrire au chômage. La quasi-totalité des banques devrait être nationalisées, ou plutôt, les banques qui sont déjà officieusement nationalisées le deviendront officiellement et l’indice des banques européennes cotées en bourse tendra vers zéro.
Vérifions cet indice qui se trouve être mon DEUXIÈME marqueur (voir le graphique plus bas).
- Depuis le début de la grande crise financière de 2008, il est en baisse de… 82 %, alors que les banques américaines sont en hausse de 10 % depuis la même date. L’Euro a complètement détruit le système bancaire européen.
- L’année dernière, pendant la panique du premier trimestre, il a baissé de 50 % en quelques jours. Après l’intervention des gouvernements et des banques centrales, il est remonté de 50 %, ce qui le laissait quand même en baisse de 25 % sur le début de l’année, et là, depuis une semaine, il vient de rebaisser de 12 %.
- Il faut à ce point que le lecteur sache que la baisse de cet indice a toujours accompagné ou précédé toutes les petites ou grandes crises financières qui se sont produites depuis 1996, date de sa création. Le voir se ratatiner à nouveau n’est pas bon signe. Si la baisse continuait dans les jours qui viennent, ce serait très, très inquiétant.
Et là, il faut peut-être réfléchir un peu. Les prochaines élections générales en Italie auront lieu au plus tard le 23 Mai 2023.
L’Italie est en train de plonger dans une nouvelle récession, comme la France et l’Espagne d’ailleurs. La situation est désespérée, le niveau de vie moyen a baissé de 20 % depuis l’arrivée de la monnaie commune, la population Italienne le sait, et comprend fort bien que la seule possibilité est de sortir de l’Euro, sinon tout est foutu. Je ne vois aucune raison pour laquelle l’économie Italienne irait mieux d’ici deux ans, bien au contraire.
Pour la classe technocratique responsable du désastre, attendre 2023, c’est garantir un triomphe de Salvini en 2023, et ils le savent.
Avaler la pilule maintenant, c’est peut-être limiter le triomphe des populistes et les rendre responsables du désastre financier pan-européen qui accompagnera la sortie de l’Italie. Et, divine surprise, si Salvini avait une faible majorité, « on » pourrait essayer de le virer grâce à une nouvelle « combinazione » avant que Salvini ait eu le temps de sortir de l’Europe. Et pendant la campagne électorale, avec l’aide de la BCE « on « pourra sans doute organiser une panique sur les obligations Italiennes qui amènerait à une absence de majorité pour le dirigeant populiste. Cependant, je ne doute pas une seconde que le peuple et les petits patrons Italiens qui sont à l’agonie (12 % du PIB Italien est produit par le tourisme, en état de mort clinique) ne poussent autant qu’ils le peuvent pour sortir aussi vite que possible du piège mortel dans lequel l’Euro les a enfermé. Entre être certainement ratatiné dans deux ans et être battu beaucoup moins sévèrement aujourd’hui, le choix va être dur pour les Eurocrates Italiens…
Est-ce que le lecteur dans ce monde-là, a la moindre envie d’acheter soit une banque soit une obligation en Italie en France ou en Espagne ? J’en doute quelque peu…et s’il le faisait, je ne pense pas qu’il gagnera beaucoup d’argent, car même si les banques ont baissé déjà de 82% depuis 2008, elles peuvent encore baisser de 100 %… Il risque de perdre beaucoup.
Et donc, pour la énième fois depuis 2009, ça commence à sentir le roussi dans la zone Euro… mais, comme le lecteur le sait, à chaque fois, la BCE, la banque centrale de Chine et la Reserve Fédérale aux USA sont intervenues comme des folles, en violant tous les traités et toutes les pratiques bancaires normales pour sauver le soldat Euro. Cette fois ci cependant, la Chine ne sera pas là.
Et donc, pour préciser mon jugement, je vais me servir d’un TROISIÈME outil, le VIX sur le S&P 500 qui est littéralement un « trouillomètre » calculé seconde par seconde en prenant en compte la variation du prix des options nécessaires pour se couvrir en cas de risque de baisse aux USA. J’épargne aux lecteurs la façon dont cet outil est calculé car cela ne rajouterait rien à l’analyse. L’idée ici est de vérifier si la panique européenne est en train de se propager à Wall Street.
Voici le graphique de cet instrument (en noir, échelle de gauche INVERSEE), auquel j’ai joint le graphique de l’indice des banques de la zone euro (en rouge, échelle de droite).
Le VIX, le trouillomètre, c’est donc la ligne noire, échelle de gauche. Quand tout va bien, le VIX se balade entre 10 et 20. Quand il passe au-dessus de 20, il faut commencer à surveiller le bête. Si la température monte au-dessus de 25, enfiler son gilet de sauvetage est recommandé. Si elle monte au-dessus de 30 ; faire des mouvements discrets vers la chaloupe la plus proche s’impose. Nous sommes à 33.5 au moment où j’écris ces lignes…
Le lecteur avisé remarquera que toutes les hausses du VIX au-dessus de 25 (périodes hachurées vertes sur le graphique) ont été accompagnées -ou précédées- de violentes baisses sur l’indice des bancaires européennes, ce qui semble bien confirmer mon analyse que, depuis 2009, le marché de New-York a peur d’un drame bancaire en Europe.
Et qu’est que je constate aujourd’hui ?
- Que les taux Italiens commencent à monter.
- Que les valeurs du secteur bancaire se viandent.
- Que le VIX aux usa est en train d’exploser à la hausse.
Si je rajoute à tout cela que l’économie Italienne est en train de s’effondre à nouveau et que l’Italie sortira de l’Euro de toutes façons dans deux au plus, parce qu’il n’y a pas d’autre solution, je me dis que mon conseil d’avoir zéro obligations, zéro cash, aucune action en Europe qui ait quoique ce soit à voir avec les gouvernements dans la zone euro, le minimum syndical de revenus fixes aux USA et tout le reste en Asie et en or me parait de plus en plus avoir été la bonne recommandation.
Conclusion.
- Cela fait vingt ans que l’Euro détruit l’Europe de la diversité que j’aimais pour essayer de la remplacer par un monstre technocratique que les peuples rejettent à chaque fois que l’on a demandé leur avis. Pour maintenir ce Frankenstein en vie, « on » a détruit non seulement toutes les économies du Sud de l’Europe mais aussi les systèmes bancaires locaux et une grosse partie du potentiel industriel dans le Sud.
- Le Covid a accéléré le désastre en montrant à quel point ”ils » étaient incapables de prendre la moindre décision et a été le moment « Tchernobyl » de Bruxelles.
- Du coup, nous sommes dans une situation où il n’y a plus ni prix de marché pour le capital, ni prix de marché pour le taux de change, ni prix de marché pour l’énergie. Nous ne sommes plus dans un monde d’économie libre mais dans un monde Kafkaïen d’économie dirigée par des fous qui ont un « projet politique » que les peuples rejettent de plus en plus violemment.
- Et nous en avons encore pour deux ans, sauf si un accord ne peut être trouvé dans les jours qui viennent pour un nouveau gouvernement Italien qui n’aura de fait aucune légitimité, ou si les Français, ou peut -être les Grecs rejetaient ce monstre aux oubliettes de l’histoire avant les Italiens, ce qui est peu probable mais pas impossible.
Et donc pour moi, depuis 2010, je sais que la prochaine grande crise financière commencera en Europe et non pas ailleurs.
Ce que je ne sais pas c’est si les grondements actuels sont les prémisses de cette crise qui pourrait s’accélérer violemment dans les jours qui viennent, ou s’il s’agit encore une fois d’une fausse alerte.
Mais je sais que cette crise aura lieu dans les deux ans.
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