09 mars 2019

L'ostéopathie


En 1874, il vit une expérience déterminante, parvenant à guérir un enfant atteint de dysenterie en n'utilisant que ses mains. Cette même année, il comprend tout à coup qu'il est sur le point d'élaborer une nouvelle approche médicale respectant les lois de la nature et de la vie et qui deviendra l'ostéopathie.

« Ma science ou ma découverte naquit au Kansas
à l'issue de multiples essais, réalisés à la frontière,
alors que je combattais les idées pro-esclavagistes,
les serpents et les blaireaux puis, plus tard,
tout au long de la guerre de Sécession et jusqu'au 22 juin 1874.
Comme l'éclat d'un soleil, une vérité frappa mon esprit :
par l'étude, la recherche et l'observation,
j'approchais graduellement une science
qui serait un grand bienfait pour le monde. »[1]

Jusque 1885, il exerce son art de manière itinérante et continue d'apprendre et d'engranger des expériences. Comme tout novateur, il rencontre de grandes difficultés et se heurte à l'ostracisme de ses confrères médecins et du clergé. Comme il parvient à guérir de nombreuses maladies, on le considère comme suppôt du diable. Il se forge malgré tout une renommée dépassant largement les frontières des états limitrophes et finit par être obnubilé par l'idée de transmettre son savoir. En 1892, il fonde le premier collège d'ostéopathie à Kirksville dans le Missouri. Ses enfants et quelques proches sont ses premiers élèves. Entre 1892 et 1900, l'ostéopathie connaît un essor particulièrement impressionnant. À partir de 1898, Still, vieillissant, se retire peu à peu de l'enseignement et de la pratique ostéopathique pour écrire afin de transmettre son message philosophique ostéopathique. Il écrit successivement : Autobiographie (1897), Philosophie de l'ostéopathie (1898), Philosophie et principes mécaniquesde l'ostéopathie (1902), Ostéopathie, recherche et pratique (1910). Il meurt en 1917.

[1] A. T. Still, Autobiographie, pp. 73-74

Chronologie de la vie de Still

6 août 1828 : Naissance d’Andrew Taylor Still à Johnsville, petite bourgade de l’ouest de la Virginie d’Abraham Still, pasteur méthodiste d’origine germano-anglaise et de Martha Moore, d’origine écossaise.

1837 : La famille Still s’installe dans le Missouri. Activités de fermiers et de chasseurs. Still apprend dans le « Grand Livre de la nature. »
1849 : A. T. Still épouse Mary Vaughan. De ce mariage heureux, naîtront trois enfants.
1852 : Acquisition d’une ferme. Still s’initie à la médecine auprès de son père et s’occupe des indiens Shawnees.
Jusqu’en 1857, trou bibliographique. Still parle d’études d’ingénieur, mais aucune trace n’existe. Il étudie la mécanique pour améliorer les travaux de la ferme.
1857 : Premiers combats esclavagistes. Still, s’engage résolument chez les anti esclavagistes. Jusqu’en 1860, il sera député de la législature du Kansas.
Il continue son activité médicale et dissèque de nombreux cadavres exhumés des tumulus indiens. Il apprend l’anatomie.
1859 : Décès de sa première épouse, Mary Vaughn.
1860 : Mariage avec Mary Elvira Turner qui lui donnera quatre garçons et une fille.
1861-65 : Guerre de Sécession. Still s’engage chez les fédéraux (anti-esclavagistes). Il joue un rôle actif tout au long de la guerre. Il sera également médecin et chirurgien, améliorant ses connaissances.
1865 : Décès de quatre membres de sa famille au cours d’une épidémie de méningite cérébro-spinale. Au-delà de sa souffrance personnelle, il est traumatisé par l’incapacité des médecins à sauver ses enfants.
Années 60 : Il multiplie ses activités (ferme, minoterie, scierie). Il exerce la médecine allopathique. Études médicales au Kansas College of Medicine & Surgery. Dégoûté par la pauvreté de l’enseignement, il n’ira pas jusqu’au bout du cursus.
1870-74 : Premières expérimentations d’une autre médecine qui deviendra l’ostéopathie.
1874, 22 juin, 10 heures : Still comprend qu’il est en train de développer une nouvelle approche médicale cohérente. Il est âgé de 46 ans...
De 1870 1878 : Traversée du désert. Sa nouvelle orientation thérapeutique déclenche l’hostilité de ses confrères et du clergé. Il est considéré comme suppôt du diable. Abandonné par une bonne part de sa famille, il connaît également de grandes difficultés matérielles.
1878 : Installation à Kirksville dans le Missouri.
De 1878 à 1885 (environs) : Exerce l’ostéopathie de manière itinérante. Acquiert une renommée dépassant les états du Missouri et du Kansas. Il découvre les énormes ressources de son invention et traite presque toutes les maladies.
Fin des années 80 : Ne suffisant plus à la tâche, il forme ses enfants à l’ostéopathie. Il démontre ainsi que l’ostéopathie est un art transmissible et non pas un don surnaturel.
1892 : Fondation de l’American School of Osteopathy (ASO), à Kirksville.
1892-1900 : Expansion importante du collège et de l’ostéopathie. Malgré l’opposition violente des systèmes médicaux en place, l’ostéopathie continue à se développer et obtient progressivement le droit d’exercer dans tous les états. Mais cela ne correspond pas au statut médical actuel qui ne sera progressivement obtenu qu’entre 1930 et 1969.
1898-1910 : Still se retire progressivement et écrit. Quatre livres seront publiés. Autobiographie (1897), Philosophie de l’ostéopathie (1899), Ostéopathie, Recherche et pratique (1910), Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie (1902-1986).
1914 : Still est atteint d’un ictus. Il est confiné dans sa chambre mais demeurera lucide jusqu’à sa mort.
12 décembre 1917 : Still meurt d’une nouvelle attaque d’ictus cérébral.

Témoignage du Dr William Smith

Les patients étaient dithyrambiques sur Still et ses traitements, de sorte que certains médecins locaux craignaient la ruine de leur pratique. Ils le considéraient comme un vieux charlatan. Ils se plaignirent amèrement de Still auprès d’un représentant en instruments médicaux, le Dr William Smith, diplômé de l’université d’Édimbourg en 1889, également détenteur de certificats du collège royal de médecine d’Édimbourg, du collège royal de chirurgie et de la faculté de médecine et de chirurgie de Glasgow.
Intrigué par les divergences des rumeurs circulant à propos de Still, Smith se rendit à son cabinet qu’il trouva submergé de patients attendant leur tour. Il laissa un message proposant à Still de le rencontrer plus tard à l’hôtel Pool.


Sur la photo : Andrew Taylor Still et William Smith en grande conversation

Voici le récit que fit plus tard W. Smith de cette première visite : « Ce qu'il me dit semblait tellement éloigné de tout ce qu'on m'avait enseigné dans les écoles médicales, si complètement absurde et chimérique que je lui demandais des preuves de ce qu'il avançait. Les preuves me furent données par les quelques seize patients qui témoignèrent de leur condition lors de leur arrivée à Kirksville et de leur état consécutif au traitement. [...] Laissez moi vous dire que l'ostéopathie ne peut être évaluée que par un esprit clair et sans préjugé. Si un homme, un médecin, vient à Kirksville et entend ce qu'il entendra tout en raisonnant à partir de ce qu'il a appris dans une école médicale, la seule conclusion possible pour lui est que l'ostéopathie est une tromperie et une illusion, une gigantesque foutaise destinée à extorquer tous les mois des centaines de dollars aux malades et aux affligés. Mais, si l'investigateur se donne la peine d'approcher le problème comme s'il n'y connaissait rien (et quatre années d'expérimentation de l'ostéopathie, me permettent d'affirmer que les docteurs n'y connaissent pas grand chose), de ne rien accepter pour acquis, de n'accepter aucune déclaration pour ou contre l'ostéopathie, mais de se contenter d'interroger une douzaine de patients en les considérant comme des hommes et des femmes sensés et non comme des hystériques, prêts pour l'asile d'aliénés ou comme des menteurs patentés, alors, s'il est homme honnête, il devra conclure, comme je le fis, qu'il existe encore des choses dans l'art de guérir qui ne sont pas connues de la profession médicale. » Source : R. V. Schnucker, Early Osteopathy, p. 75.

Le Dr Smith fut tellement conquis, qu'il aida Still à fonder le collège de Kirskville en 1892 et fut le principal enseignant d'anatomie dans le collège, pendant plusieurs années.


Textes à télécharger

Traduire et lire Still aujourd'hui : Est-il intéressant de se préoccuper aujourd'hui des écrits de Still ? A n'en point douter, ils datent, marqués par leur époque. Alors pourquoi s'acharner à les traduire et les faire connaître ?

L'Autobiographie de Still enfin disponible : Interview réalisée par Alain Andrieux pour la revue Aesculape n° 13 Juillet-août 1998.

Andrew Taylor Still (1829-1917), Vie et oeuvre d'AT Still, le fondateur de l'ostéopathie. Conférence préparée et présentée par Laurent Gaisnon et Pierre Tricot dans le cadre des journées professionnelles de la SOO, le 7 mars 2009.

Synopsis du cheminement de Still et du développement de l'ostéopathie : texte destiné à établir un parallèle entre le développent de l'ostéopathie et les autres grands jalons contemporains de l'histoire.

Le 22 juin 1874 : Que s'est-il exactement passé ce 22 juin 1874 que Still considère comme le jour de naissance de l'ostéopathie ?

Philosophie de l'ostéopathie, naissance et développement d'un concept : Texte ayant servi de préface à la traduction de Philosophie de l'ostéopathie et destiné à resituer les écrits de Still dans leur époque et leur lieu.

Le concept biogène. Ce texte correspond au chapitre XI de Philosophie et principes mécaniques de l'ostéopathie (1892-1902). Still y présente le concept biogène, la manière qu'il a d'envisager la liaison entre vie et univers physique au sein d'un organisme vivant. C'est le seul texte de Still présentant ce concept avec autant de détails.

L'immortalité. Dans ce texte, Still exprime ce qu'il ressent profondément à propos de la mort.

Le traitement de la grippe, un court texte tiré de Recherche et Pratique, dans leques Still explique comment il envisageait et traitait la grippe.

L'ostéopathie a été fondée par un médecin américain du siècle dernier : AndrewTaylor Still (1828-1917). Son père, pasteur méthodiste, pratique également la médecine. Le jeune Andrew apprend donc comme on le fait à cette époque dans l'Amérique des pionniers : en pratiquant avec son père, notamment auprès des indiens shawnee dont il a la charge. Au cours de la Guerre de Sécession, il est marqué par son impuissance à soulager son semblable. À son retour, il découvre avec stupeur que dans les régions où les médecins sont moins nombreux, les enfants meurent moins. En 1865, Il perd trois de ses enfants de méningite cérébro-spinale. Dès lors, il est obsédé par l'idée de soigner plus efficacement et se plonge dans l'étude intensive du corps humain, n'hésitant pas à déterrer des corps des tumulus indiens pour en étudier l'anatomie. Acharné à démontrer sa vérité, il se promène souvent avec un sac rempli d'os, qu'il utilise pour démontrer ce qu'il avance, ce qui le fait bien évidemment passer pour un excentrique. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.