01 octobre 2018

Un espoir pas si fou : les loups hors de chez nous


Faire les yeux doux à Bakou

L’intérêt de Vladimir Poutine pour le sport japonais, qu’il pratique avec un grand art, ne justifie pas à lui seul sa présence à Bakou pour l’édition 2018 du championnat du monde de judo. Poutine s’adonne à un inlassable travail de détricotage des fils tissés autour de la Fédération de Russie. Au cours de sa rencontre avec le chef d’Etat de l’Azerbaïdjan qui a eu lieu à cette occasion, il a été question de sécurité régionale, d’armements et d’une éventuelle intégration de l’Azerbaïdjan, pays ‘non aligné’, au sein de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective. Il s’agit de supplanter l’influence de Tel Aviv fournisseur de drones utilisés par Bakou en 2016 contre l’Arménie. Ilham Alyiev avait déclaré récemment que son pays avait acquis pour 5 milliards d’armements russes.

Mieux, Poutine voudrait rapprocher les vues de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan à propos du conflit des territoires du Haut-Karabakh et ainsi désamorcer un conflit qui est une source depuis 1988 d’instabilité et de terrorisme, alimenté par des parties extérieures soucieuses de vendre des guerres permanentes. Le sommet des chefs d’Etats de la Communauté des Etats Indépendants, fondée en 1991, s’est tenu à Douchambé, capitale du Tadjikistan, il en aura fourni l’occasion. Nikol Pashinyan, Premier Ministre d’Arménie, est arrivé au pouvoir au terme d’une révolution colorée, manifestations ‘spontanées et populaires’ en lien avec des ONG financées par Georges Soros. Cependant, les manifestations qui ont dégagé Sargsyan n’étaient pas motivées par des raisons géopolitiques ni par le rejet des liens avec la Russie, principal débouché commercial de l’Arménie. Pashinyan qui comprend comme tous les Arméniens qu’une rupture des liens avec la Russie est impossible mène une politique réaliste où l’option souhaitée d’intégration à l’OTAN est, pour l’instant au moins, exclue. La réussite du coup d’Etat en Ukraine en 2014 devait beaucoup au délitement d’un Etat aux mains d’oligarques apparentés au grand banditisme, au soutien préalable depuis de nombreuses années de forces alternatives antirusses par la CIA. Enfin, l’existence de milices armées fascistes facilement mobilisables pour terroriser la population et appuyer la confiscation du pouvoir a permis une réplique caricaturale du nazisme. Ces conditions sont inexistantes en Arménie.

Au sein de cet arc composé d’ex-pays de l’URSS, le Kazakhstan semble cependant basculer vers la Turquie et l’alliance nord-atlantique. Quelques mesures récentes prises par Astana en témoignent. Plus que l’abandon de l’alphabet cyrillique en faveur du latin, ce sont des accords de formation du personnel militaire kazakh au déminage et à la destruction d’engins explosifs aux Usa comme l’exemption de visa pour les Etasuniens qui inquiètent la Russie. Un autre motif, plus sérieux encore, indispose Moscou car il constitue une menace grave. Au prétexte de créer des centres d’alerte sur les épidémies en Asie Centrale, le Pentagone est en train d’installer tout un chapelet de laboratoires en Ukraine mais aussi au Kirghizistan, Azerbaïdjan et Kazakhstan. D’après des analystes russes, ces centres de recherche biologiques, fermés et sous contrôle exclusif des militaires étasuniens peuvent élaborer de quoi nuire aux hommes, aux animaux et au système écologique de toute la région. La présence de la peste porcine africaine en 2013 au Sud de la Russie aurait pu être causée par des essais biologiques.

Serrer les écrous à Netanyahou

L’Occident ne veut pas admettre qu’il a perdu la partie en Syrie.

L’élaboration du coup tordu par les militaires israéliens, faire détruire un avion russe avec à son bord 15 militaires spécialisés dans la transmission par la DCA syrienne, avec très probablement l’assistance de la France et peut-être à l’insu de Trump correspond à son impuissance exaspérée. Ce coup tordu rend compte de la maladresse d’entités habituées à ce qu’aucune contrariété conséquente ne soit venue entraver jusque là leurs perpétuelles activités d’agression et de gangstérisme.

L’énorme écho horrifié de ce crime dans la presse russe et la déclaration ferme et sans ambiguïté de Serguei Shoygu laissaient présager une réponse à la hauteur du forfait monstrueux commis par une bande de voyous effrontés.

Plus que les batteries des S300, on parle maintenant de S400 voire de S500, disposés un peu partout sur le territoire syrien, l’installation de systèmes de brouillage des communications qui rendent aveugles et sourds les radars et les avions ennemis va interdire le ciel syrien et libanais à toute incursion non désirée.

Toute la quincaillerie de l’OTAN sera bloquée sur un rayon de plus de 600 km d’un tel dispositif. On s’en doutait depuis les difficultés des Usa en Irak, mais la démonstration avait été faite en 2014 quand un Su-24 avait désactivé le système AEGIS de l’USS Donald Cook. Quatre ans plus tard, les capacités russes n’ont pu être que raffinées et multipliées.

Ainsi, la Russie se donne les moyens de ne pas se laisser embourber dans une guerre sans fin dans laquelle espèrent l’enliser le Pentagone et son appendice, l’OTAN.

Dans quelque temps, peut-être des stratèges apprécieront comment l’essentiel des troupes de Daesh a été entassé dans l’espace confiné de la région d’Idlib. De même sera saluée l’alliance avec Erdogan, l’ancien passeur des « djihadistes », qui se charge de les contenir par une formation modérée qui n’obéit qu’à ses ordres puisqu’elle est le fruit de ses œuvres. Le National Liberation Front (NLF), composé d’un certain nombre de factions, Free Syrian Army, Harakat Noureddine al Zinki et Harakat Ahrar Al Sham a été concentré dans le nord de la Syrie, il se bat contre le groupe appuyé par les Usa, la Syrian Democratic Force (SDF) kurde représentée surtout par l’YPG.

Le principal groupe djihadiste, Hayat Tahrir al Sham se retire de la bande démilitarisée du gouvernorat d’Idlib après avoir annoncé qu’il agréait l’accord de déconflictualisation il y a une semaine. D’autres groupes djihadistes l’ont rejeté comme le Jaysh al Izza qui a proclamé son intention de poursuivre le combat contre l’armée gouvernementale.

Les détails techniques de l’accord ont été publiés ce 29 septembre par Nedaa Syria.

A l’égout les fous et les voyous

Sur le front de l’Orient arabe, la Russie va s’assurer une alliance renforcée avec l’Irak vers lequel les terroristes risquent de se tourner une fois chassés de la Syrie. Le responsable des Affaires Etrangères russes pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord a annoncé que la Russie est prête à fournir ses missiles S300 à la défense irakienne. Corruption, pénurie d’eau potable et d’électricité ont conduit à des manifestations à Bassora ces derniers jours au cours desquelles eurent lieu une dizaine de morts et des milliers de blessés. La coalition parlementaire qui avait reconduit le Premier Ministre Haïdar Abadi, au pouvoir depuis 2014, le désavoue maintenant. Un nouveau président du Conseil, Adel Abdel Mehdi, proche de l’Iran, a été désigné après plusieurs mois d’incertitude au terme d’élections législatives de mai 2018 qui avaient vu vu triompher des listes communistes et shiites alliées.

L’Irak est un pays encore occupé. Les armées étasunienne, britannique et française y interviennent régulièrement, y font tout ce qu’elles veulent, sauf combattre Daesh. Elles viennent de créer de nouvelles bases à la frontière avec la Syrie. Elles lancent des attaques contre les Unités Populaires de Mobilisation qui sont des bataillons auto-organisés populaires. La principale force kurde en Irak représentée par Barzani ne fait plus confiance aux Usa. Au Parlement, toutes les factions politiques s’accordent pour rédiger un accord qui rendra impérative la sortie des troupes étrangères du pays, surtout les américaines. Le vœu d’une mise en place d’un calendrier y a été exprimé depuis mars 2018.

Les deux crises, l’irakienne et la syrienne, sont intimement liées. La destruction des deux pays (avec celle de la Libye et du Soudan) a été programmée par les néoconservateurs de longue date. L’installation de Daesh sur bientôt plus du tiers du territoire irakien a succédé de très près avec beaucoup d’à propos l’allègement de la présence de soldats étasuniens sur le sol irakien. Combattu par les forces gouvernementales irakienne et syrienne, Daesh ne dispose plus des ressources pétrolières qui l’ont aidé à devenir un véritable proto-Etat et ne subsisterait pas quelques jours sans les aides occidentales, israélienne et pétro-monarchiques.

A cette heure, le plan de néantisation de l’Irak commence à être mis en échec. Depuis 2017 et la reprise de Mossoul, la tendance des diverses forces politiques est à la convergence. Le parrain américain a failli, le mouvement centrifuge du régionalisme, confessionnalisme et séparatiste se dissipe.

Celui de la disparition de la Syrie sous une multitude de principautés ne verra pas le jour. Hayat Tahrir al Sham, ex Jabhat al Nosra qui faisait « du bon boulot », en consentant à participer au plan de déconflictualisation de la région d’Idlib, va sans doute rendre les armes.

Seulement, la force anciennement hégémonique en déclin ne s’avoue pas vaincue. Elle envoie ses métastases néfastes partout où elle le peut. Des unités du corps des Marines ont participé en 2017 à une opération militaire en Tunisie, à la frontière algérienne. Elles auraient assuré un soutien aérien et au sol aux forces tunisiennes en lutte avec al Qaida au Maghreb. (AQIM). Les USA ont assuré la ‘transition démocratique’ de la Tunisie grâce à une présence militaire continue depuis au moins 2014. Présence qui couvre la guerre pas si secrète que cela des USA en Afrique où l’affrontement aura lieu directement avec la Chine. La base de lancement des drones tueurs au Niger en constitue une petite partie émergente, elle a été permise grâce à la récente intervention française au Mali qui en a été la phase préparatrice.

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