09 juin 2018

Le GBL, un solvant industriel devenu drogue à la mode

Dans les lieux publics, il ne faut jamais laisser son verre sans surveillance. Photo d'illustration Pixabay/domaine public

Le GBL est un produit chimique utilisé comme solvant à peinture ou comme décapant. Après ingestion, il se transforme dans le corps en GHB, qui n'est autre que la "drogue du violeur".

GHB, GBL ? On entend de plus en plus parler de ces substances et de leurs conséquences dramatiques sur leurs consommateurs lors de soirées branchées, sans forcément savoir de quoi il s'agit exactement... Face à l'ampleur que prend le phénomène, l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies a publié un rapport sur le sujet. Décryptage.

Regain d'intérêt pour deux substances

Surtout utilisés comme produit "récréatif" dans les soirées, le GHB et son dérivé, le GBL, sont ingérés par les fêtards dans le but de leur procurer une euphorie et un sentiment de bien-être. Si le nom usuel donné au produit reste le plus souvent GHB, c’est actuellement son précurseur, le GBL, qui circule et qui est consommé.

Les deux substances connaissent un regain d'intérêt auprès des consommateurs depuis le début des années 2010. Mais leur ingestion n'est pas sans risque : selon une enquête menée au niveau national (1), depuis 2011, on compte un à deux décès tous les ans où le GHB ou le GBL est impliqué seul ou de façon prédominante. En 2015, un décès était dû au seul GHB. Le produit était en outre impliqué de manière prédominante dans un autre cas de décès et manière codominante (avec les mêmes taux dominants) dans un troisième cas.

Le GHB, qu'est-ce que c'est ?

Classé comme stupéfiant depuis 1999, le GHB (pour gamma-hydroxybutyrate) est une molécule utilisée dans le cadre médical comme anesthésique et dans le traitement de la narcolepsie. Incolore et inodore, il possède une double action : sédative et amnésiante. Dans les années 2000, il a acquis une notoriété à travers les mises en garde à l'encontre de cette "drogue du violeur", allusion à l’usage criminel qui en était fait. Les effets du GHB apparaissent au bout de 15 minutes et durent jusqu'à 2 heures. A fortes doses, il peut plonger dans un coma profond et entraîner la mort.

Le GBL, qu'est-ce que c'est ?

Incolore, le GBL (pour gamma-butyrolactone) est un solvant industriel précurseur du GHB c’est-à-dire qu’une fois ingéré, ce dernier est métabolisé en GHB par l’organisme. La prise de GBL entraîne donc les mêmes effets que celle du GHB. En revanche, le temps d’apparition de ses effets et leurs durées varient puisqu’ils dépendent du temps d’absorption et de métabolisation du GBL. Ainsi, les effets apparaissent plus progressivement que ceux du GHB, c'est-à-dire entre 30 et 45 minutes et durent un peu plus longtemps, entre 3 et 5 heures.

Pourquoi le GBL prend la place du GHB ?

Depuis 2006, l’usage détourné du GBL remplace progressivement celui du GHB puisqu'il est plus facile d'accès et peu cher. En outre, à l'inverse du GHB, le GBL ne fait l’objet d’aucun classement juridique du fait d’une utilisation courante dans l’industrie, comme solvant à peinture ou comme décapant pour le nettoyage des jantes de voiture, par exemple. Toutefois, l’État a interdit sa cession et sa vente au grand public en 2011 à la suite de cas d’hospitalisations occasionnés par des ingestions de GBL.

Néanmoins, on le trouve aisément en vente sur la toile, en tant que solvant industriel. L'achat sur internet est d'ailleurs le premier moyen d’approvisionnement pour le GBL. Son prix se situe dans une fourchette comprise entre 50 et 70 euros le demi-litre.

Dépendance

Habituellement pris à la pipette, transportés dans une fiole ou une petite bouteille, GHB et GBL exigent tous deux un dosage extrêmement précis du fait de l’écart étroit entre la dose nécessaire à l’obtention des effets recherchés et la survenue d’une perte de connaissance. Quand ils sont associés à d'autres substances, notamment l’alcool, qui agissent sur les mêmes récepteurs du système nerveux, ils augmentent les risques de coma.

Dotés d’un fort potentiel addictif, ils peuvent aussi entraîner une dépendance lorsqu’ils sont pris régulièrement.

C'est pourquoi, dans les lieux publics, il ne faut jamais laisser son verre sans surveillance, au risque de prendre ce type de produit dangereux sans même le savoir.

(1) Enquête Drames (Décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances), menée par le centre d'addicto-vigilance de Grenoble avec le soutien de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament)

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