Les malades se disant victimes de la nouvelle formule du Levothyrox ont manifesté mercredi 2 mai devant l'Assemblée nationale à Paris pour dénoncer "une crise sanitaire loin d'être terminée". L'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) a dévoilé les résultats d'expertises qu'elle a fait réaliser sur la nouvelle formule du Levothyrox. Des analyses effectuées par un laboratoire privé et dont l'AFMT juge les conclusions "préoccupantes".
L'étude mise en avant par l'AFMT met en cause la présence de nanoparticules de métal dans la nouvelle formule du Levothyrox. Il s'agit de deux analyses réalisées en France et en Italie. Elles montrent dans la nouvelle formule des traces de nanoparticules avec des métaux qu’on ne trouvait pas dans l’ancienne : chrome, nickel, silicium, aluminium. Attention le médecin spécialiste de l’association refuse de parler de poison. Il n'est pas question de déclencher une panique étant donné les faibles quantités décelées.
Le laboratoire Merck dément formellement la présence de nanoparticules ou de "débris d’acier" dans le médicament
Sur franceinfo, l'avocate de l'Association française des malades de la thyroïde (AFMT) Marie-Odile Bertella-Geffroy a demandé "une expertise judiciaire"pour confirmer ou infirmer ces premiers résultats.
Franceinfo : Pourquoi avoir demandé ces analyses ?
Marie-Odile Bertella-Geoffroy : Je pense devoir comme avocate essayer de comprendre ce qui s'est passé : pourquoi ces malaises ? Pourquoi ces 500.000 personnes qui ne prennent plus la nouvelle formule ? Ces expertises ont porté sur la composition de ces médicaments, l'ancienne et la nouvelle formule. Mais ce sont des expertises privées car j'ai eu beaucoup de mal à trouver un laboratoire en France. J'ai trouvé un laboratoire en Italie que je connaissais. Ce sont donc des expertises privées qui doivent être confirmées ou infirmées par une expertise judiciaire.
Pour vous, l'explication se trouve forcément dans le médicament ?
Oui c'est le b.a.-ba, il faut savoir ce qu'il y a dans la nouvelle formule, ce qu'il y a de nouveau dans ce médicament. Avec toutes les imprudences et les négligences qui ont été faites au moment de sa sortie et depuis 2012, avec la décision de changer de formule. Trois pays étrangers avaient essayé la même chose et ont abandonné. Nous on y va quand même, et bien c'est un échec !
Certains médecins, sans nier les symptômes, estiment qu'ils ne sont pas liés directement à la nouvelle formule mais à un effet nocebo, c’est-à-dire un effet psychologique négatif d’un médicament, que répondez-vous à cela ?
Je suis estomaquée ! Ce n'est pas dans la tête des gens ! J'ai des milliers de plaintes avec les mêmes symptômes, les mêmes malaises. J'ai des décès. Il y aura un lien de causalité qui sera demandé pour chaque cas, de façon singulière. Mais il y a des suicides. On ne peut pas nier cela ! Ce n’est pas possible, ce n'est pas dans la tête !
D'après vous, la parole des malades est-elle méprisée ?
C'est un déni de la parole des malades qui sont en souffrance. "Effet nocebo", cela veut dire "imaginaire". Or ce n'est pas imaginaire. Cela n'explique pas tous ces malades qui ont les mêmes symptômes. J'ai lu et étudié des centaines et des centaines de plaintes, ce sont les mêmes doléances et les mêmes effets perturbateurs qui vont, pour certains, jusqu'au décès. Et il faudra une expertise.
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