11 mai 2018

Hommage à l'Armée d'Afrique



La France vient de fêter « sa victoire sur la barbarie nazie le 8 mai 1945 ». Il est assez normal que l’on fête la libération de notre sol national mais j’aimerais qu’on le fasse avec un minimum d’honnêteté intellectuelle et qu’on arrête d’entretenir le mythe, aussi stupide que mensonger, de « la France libérée par elle-même » et du « premier résistant de France » boutant le teuton hors de France à coups de croix de Lorraine, aidé par les FTP communistes.


La « barbarie nazie » a été mise à bas par… 360 divisions soviétiques, et sur notre sol, par 90 divisions américaines, 20 divisions britanniques et… l’armée d’Afrique.

L’armée d’Afrique a libéré la France

Rappelons pour mémoire que, lors du débarquement en Provence d’août 1944, le général Giraud mobilisa 27 classes de français d’Algérie. Du jamais vu, même au moment de la Grande Guerre ! 176.500 furent réellement incorporés. Ils se sont remarquablement battus et leur taux de pertes au feu fut deux fois supérieur à celui des autres unités alliées ayant participé, de près ou de loin, à la libération du sol national.

Et tant pis s’il faut, ici, contredire les auteurs du film Indigènes, mais l’effort demandé aux Musulmans fut moindre : sur 14.730.000 habitants de l’Algérie, 233.000 furent mobilisés soit 1,58% de la population. La majorité était constituée d’engagés volontaires. L’effort consenti librement par les Musulmans d’Afrique du Nord (Algérie ET Maroc) fut 10 fois moins important que celui demandé aux « Pieds-noirs ».

À partir du 15 août 1944, ce sont environ 260.000 combattants de « l’armée B » du général de Lattre de Tassigny, qui sont arrivés dans le sud de la France. 10 % étaient originaires de la métropole (les « Français Libres » de De Gaulle), 90 % venaient d’Afrique du Nord dont une écrasante majorité pour les départements d’Algérie. (48 % étaient des «Pieds-noirs»).

Pour relativiser les choses, il faut se souvenir que le 6 juin 1944, les « Français libres » qui débarquèrent ce jour-là étaient… 170 : les « Bérets Verts » du commando Kieffer. La 2ème DB du général Leclerc (celle qui est entrée dans l’histoire) n’a débarqué sur le sol de France qu’en août 44, presque deux mois plus tard. Et, aussi glorieuse soit-elle, ce n’était jamais que “UNE” division.

Je sais… Je sais qu’on va me dire que j’oublie « le poids considérable de la Résistance ». Non, je n’oublie rien et j’ai un profond respect pour les vrais résistants. Ceux qui n’ont pas attendu les deux débarquements pour voler au secours de la victoire ; pas les salopards-revanchards qui punissaient la «collaboration horizontale» à coup de tondeuse !

Mais la Résistance, d’après l’historien Basil H. Liddell Hart, a représenté l’équivalent de deux divisions ; deux… sur les 500 venues à bout du joug nazi.

Il faut se souvenir aussi que lors de la Libération, l’armée a réussi à incorporer − péniblement − moins de 100.000 résistants alors que sur les trois départements d’Algérie, le général Giraud avait mobilisé 300.000 hommes.

Alors, pourquoi nos manuels d’histoire nous parlent-ils si peu de l’Armée d’Afrique ?

Sans doute pour faire oublier qu’après une guerre gagnée militairement, le 19 mars 1962, la France gaulliste a lâchement, tragiquement, honteusement, abandonné les « Pieds noirs » et les Musulmans venus la libérer en 1944…

Éric de Verdelhan

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