Un pur bonheur! « France is back » a-t-il lancé face à une élite mondiale ébahie autant qu’enamourée, signifiant en cela le retour en pleine lumière du pays des fromages qui schlinguent. Un retour new-look, toutefois, revisité, comme on dit dans les émissions culinaires, remis au goût du jour par la grâce de l’idiome anglo-saxon outrageusement dominateur. Question de politesse, somme toute, il a bien raison de laisser choir un french language désormais inaccessible au commun des mortels et tout juste bon à laisser vivoter, outre une poignée d’écrivains faméliques coincés dans un micro-marché tristement étriqué, quelques profs de lettres modernes, vox clamans in deserto, enseignant leur discipline fossile devant des parterres clairsemés de petits branleurs scotchés à leurs smartphones.
Il a d’autant plus raison que la défense du français apparaît depuis longtemps comme un combat d’arrière-garde, dores et déjà perdu et dont la justification se bornerait purement à l’ordre sentimental. Et chacun sait bien que dans les affaires il faut se garder de tout sentiment. Macrouille, lui, il fait du bizness, ou plutôt du marketing, ou plus précisément du cinéma… conséquemment, la langue de Hollywood semble bien la seule adaptée au cas qui nous occupe. Tout cela n’est après tout qu’un juste retour des choses puisqu’à compter de l’ordonnance de Villers-Cotterets, l’État exigea que les actes officiels fussent rédigés en « langage maternel français et non autrement » avant que la Répupu n’en généralise l’emploi à toute forme d’expression publique voire privée, afin de faire un sort implacable et définitif aux différents parlers régionaux ou locaux. Ces derniers ne subsistent plus désormais qu’à l’état folklorique et se voient remplacés, au fil du temps, par l’anglais dans les strates huppées de la population et par l’arabe approximatif des cités au sein du vulgum pecus, le « langage maternel français » demeurant toutefois l’apanage de l’administration et des films amerloques dûment doublés par les intermittents syndiqués du spectacle.
D’aucuns parleront de renoncement, à juste titre sans doute, mais notre Chef de l’État n’en a rien à foutre, il vit avec son temps et son temps n’a plus grand chose à voir avec celui des vieux schnocks qui tenaient farouchement à leur langue comme partie essentielle de leur identité. Ces concepts à la con, poussiéreux et ringards, se révèlent désormais quantité négligeable face aux exigences de notre monde du vingt et unième siècle, globalisé, indifférencié et ouvert à tous les vents fussent-ils pestilentiels. Le succès fulgurant de Présipède tient essentiellement à sa solubilité dans la mondialisation; à le voir on ne dirait pas forcément un franchouillard, tel que par exemple son immédiat prédécesseur, et le contraste joue terriblement en sa faveur sur la scène internationale. Macron c’est la France sans les inconvénients des Français, voilà pourquoi il fait un tabac mondial!
Cela dit, si ce dernier, à Davos, assura le spectacle et amusa gentiment la galerie, le personnage principal, celui qui monopolisa l’attention générale, ce fut incontestablement le vieux Trump, le clown amerloque dont chaque parole, dite ou bien encore omise, fut disséquée, passée au crible et commentée de toute part. En comparaison, le bienheureux Barack-Hussein passait quasiment inaperçu, tant on constate aujourd’hui qu’il n’avait, somme toute, pas grand chose d’intéressant à raconter. Donald, lui, expliqua très clairement qu’il entendait appliquer son programme « America first » sans toutefois négliger complètement les copains occupés à ramer derrière lui. « Il y a de la place pour tout le monde à condition que je conserve la première et la conforte le plus possible ». Comme disait le fabuliste « primam partem tollo quia nominor Leo« …on connaît la suite, numérotons nos abattis: si la France est de retour, l’Amérique, elle, se réveille et les retombées, à n’en pas douter, se révèleront saignantes…de quoi alimenter les inquiétudes et les conversations! Pour peu qu’on intègre les Chinetoques à la réflexion nous obtiendrons beaucoup de souci à nous faire! Fort heureusement nous avons Macrounette et, grâce à lui, l’amitié des media et de la haute finance. Nos riches devraient donc s’en sortir sans trop de casse, c’est l’essentiel, non? Pour le reste, back ou pas, la France continuera à se traîner en queue de peloton. Quant on trimballe des populations de moins en moins employables, des salaires nets deux fois inférieurs aux coûts salariaux et un modèle social archaïque incapable de se réformer sérieusement, on a du mal à attirer les investissements. Mais bon, il faut toujours dire du bien de soi, histoire de faire courir le bruit favorable et pour ça nous pouvons faire confiance au petit Manu, il n’a pas son pareil et, en plus, sans vouloir me répéter, il le dit dans la langue de Shakespeare -ou à peu près- et du coup les autres l’écoutent poliment!
Alors bien sûr, la France qui brille à Davos, encensée par le super-gratin de la finance-économie, ça ne suffit pas à satisfaire les gardiens de prisons, ni les riverains de Château Bougon, le fameux aéroport de Nantes, ni même les vieux croutons dont la misérable retraite se voit encore amputée d’une dose supplémentaire de CSG. Certes, je n’en disconviens pas mais en cherchant bien on peut toujours trouver le moyen de satisfaire les braves gens. Ainsi par exemple, tenez, notre bien aimé Ministère de la Culture s’apprêtait à commémorer dans un bulletin officiel le cent-cinquantenaire de Charles Maurras, lequel, né en 1868, arrivait cette année, comme un certain nombre d’illustres plus ou moins connus, à maturité commémorative sous le regard un peu distrait du Haut Comité aux Commémorations Nationales. On apprend du coup l’existence dudit Haut Comité dont le prodigieux intérêt n’a d’égale que la richesse de sa composition, toutefois, je vous fais grâce de cette dernière car vous me croirez sûrement sur parole. L’instance en question conseille la dame Nyssen, actuelle Ministre de la culture, sur les anniversaires de marque à souhaiter dans l’année aux disparus dignes de quelque intérêt. L’ennui, dans le cas qui nous occupe, c’est le côté vachement nauséabond du défunt Maurras: royaliste, nationaliste, capable de traiter Léon Blum de « détritus » et antidreyfusard par surcroît! Avec un palmarès de cette qualité, le type ne possédait pas la moindre chance de se tirer sans encombre de la Libération et de ses purges! Indignité nationale, voilà! Plus quelques mois de taule pour mauvaises pensées…et c’est ce mec là que les abrutis du Haut Comité croupion susvisé voudraient commémorer? Non mais des fois! Alors la LICRA et ses copines, montées au créneau avec l’ardeur qui caractérise les nobles vecteurs de grandes causes, ont obtenu illico la mise au pilon de tous les bouquins commémoratoires édités! Il y en a sans doute pour un paquet de pognon, mais peu importe, Maurras se retrouve une nouvelle fois rayé des cadres de la Franchouillie bien-pensante. Ouf, l’honneur est sauf!
L’ennui c’est évidemment que Charles Maurras, on aime ou on n’aime pas, fait partie des Grands Français qui ont marqué l’histoire et la littérature…manque de pot il n’avait aucun goût pour les envahisseurs et puis, disons le tout net, il ne s’agissait pas d’un homme de gauche, il s’en faut de beaucoup. Qu’on le laisse donc tomber dans l’oubli et qu’il y reste ad vitam aeternam, amen! Parce que dans ce pays à a con, la pire des tares c’est d’être de droite, je veux dire vraiment de droite, n’est-ce pas, on ne parle ni de Juppé ni de Pécresse, pour ceux là et leurs semblables, ça pourra toujours s’arranger…
Je ne vous raconte pas les avanies techniques dont la production du présent article s’est trouvée émaillée, mais je vous prie de bien vouloir en excuser la piètre qualité.
A la semaine prochaine si tout va bien.
Amitiés à tous.
Et flûte pour qui ne me lira pas
NOURATIN.
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