S’il y a un fond de vérité dans cela, ce n’est pas encore le cas sur les conséquences, à savoir que cette garantie est toujours en vigueur mais qu’elle est attaquée, qu’elle vacille, qu’elle est remise en cause, et d’une manière fort passionnante qui devrait vous faire poser certaines questions fondamentales sur la crédibilité même d’une telle garantie.
Il n’y a rien de garanti !
Pourtant, il y a une chose à savoir, c’est que si ces articles, qui sont en grande partie faux mais pas totalement, inquiètent autant les gens, c’est uniquement parce que les gens, les épargnants, veulent croire à la réalité de cette garantie en cas de problème sérieux.
Pourtant, depuis des années, je vous explique en long, en large et en travers, preuve à l’appui, en analysant même les comptes du FGDR, qui est le Fonds de garantie des dépôts et de résolution, qu’il n’y a que quelques milliards dans ces caisses (3) pour garantir les 2 000 milliards de dépôts et d’épargne au sens large… Franchement, vous y croyez ? 3 milliards pour en garantir 2 000 ? Vous pensez que cela est crédible ou cohérent ?
La garantie des dépôts est donc une immense fiction imaginaire, et je peux vous garantir que tous nos dirigeants le savent très bien. D’ailleurs, voici le titre de la dernière dépêche Reuters sur ce sujet, et je peux vous dire que Reuters, il n’y a pas plus conventionnel et pas moins complotiste sur le marché de l’information d’État !
Pas de garantie européenne des dépôts sans réduction des NPL-Draghi
Je vous livre l’information, et après nous allons traduire ensemble tous mes termes barbares afin que tout soit très clair en quelques secondes. Comme vous le savez, l’économie n’est compliqué que si personne ne vous fait la traduction. Avec le bon traducteur, tout est très facile à comprendre, et comme je n’avais rien à faire de plus important….
« Un mécanisme européen de garantie des dépôts bancaires ne peut voir le jour si le montant des créances douteuses ne diminue pas, a déclaré lundi le président de la Banque centrale européenne (BCE). Ces propos de Mario Draghi, qui font écho, fait rare, à ceux de Berlin, constituent également une réponse aux critiques de Rome irritée par la décision de l’institut de Francfort de contraindre les banques à renforcer leurs fonds propres face à ces créances non performantes (NPL).
La BCE prône depuis longtemps la création de ce mécanisme, baptisé EDIS (European Deposit Insurance Scheme), auquel l’Allemagne est opposée. Berlin craint en effet qu’un partage des risques aboutisse à ce que les banques allemandes viennent étayer celles, plus fragiles, d’autres pays de l’Union tels que l’Italie, dont les établissements concentrent plus du quart de l’encours des NPL au sein de la zone euro.
La réglementation européenne garantit tous les dépôts de la zone euro à hauteur de 100 000 euros, une disposition destinée à renforcer la confiance dans le secteur bancaire après une décennie de crise qui a obligé certains États à renflouer quelques-unes des plus grandes banques européennes.
Mais les mécanismes nationaux pour garantir les dépôts sont jugés insuffisants en cas de crise majeure bancaire.
Traduisons d’abord les « NPL ».
Cela veut dire les « non profitables loans »… En gros, créances pourries et autres prêts bancaires donnés ou « octroyés » qui ne seront jamais remboursés. Et quand une banque voit son taux de NPL exploser à la hausse, eh bien cela veut dire qu’elle a prêté plein d’argent qu’elle n’avait pas à des gens qui ne la rembourseront pas. En général c’est mauvais signe, et ça sent bon la faillite à plein nez. Concept assez simple à comprendre. Quand banque plus de sous, banque kaput. Quand banque kaput, système fatal error ! Quand système fatal error, il ne reste plus que l’or… (C’était juste pour vous caser une rime poétique dans cet article un brin technique, et vous remarquerez la deuxième rime glissée subrepticement.)
Deuxième machin à comprendre : le EDIS…
European Deposit Insurance Scheme ou schéma européen d’assurance des dépôts. C’est encore un machin européen que les Européens aimeraient mettre en place pour garantir les dépôts en gros avec une caisse commune et mutuelle au niveau… européen, mais comme en Europe personne n’est d’accord, on n’arrive à rien, et quand on arrivera à quelque chose, ce sera une chose bancale génétiquement parce que reposant sur le plus petit dénominateur commun. Du coup, eh bien du coup, on en reste avec nos machins nationaux et comme à chaque fois quand il y a un problème potentiel, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous !
Qu’a dit Mario Draghi ? (là aussi une p’tite rime)
Mario a dit que pour qu’il y ait un système européen de garantie des dépôts, il faudrait que dans chaque pays les taux moyens de créances pourries détenues par les banques soient sensiblement les mêmes… ce qui est assez logique. En gros, ce serait une convergence des taux de NPL, ou crédits moisis en langage de chez nous.
Résultat ?
Chaque pays reste avec son propre organisme de garantie, et inutile de vous dire que pour le système de garantie italien, au hasard, il y a de quoi avoir des sueurs froides… pour les épargnants italiens. Le léger problème c’est que si les banques italiennes tombent, l’Italie tombe, et avec, plus de 2 000 milliards d’obligations souveraines italiennes. Si l’Italie tombe, l’Europe tombe. Si l’Europe tombe, le monde tombe, et les 3 petits milliards dans les caisses du fonds de garantie français ne seront que roupies de sansonnet.
Conclusion ?
La garantie des dépôts de 100 000 euros existe toujours même si certains pensent qu’il faudrait l’inclure dans des moratoires lors de faillites bancaires ou qu’il faudrait mettre en place un EDIS, c’est-à-dire un système européen de fonds de garantie.
La garantie théoriquement existe, et tel n’est pas le problème. Le problème c’est que vous croyez en sa solvabilité, et en cas de pépin, soyons clairs, n’attendez aucun secours car il n’y a pas assez d’argent dans les caisses. C’est aussi simple que cela.
La garantie, en réalité, n’a jamais existé et ne pourra jamais exister, car pour cela il faudrait un système où chaque unité de monnaie est garantie par une autre unité de monnaie. Un système où chaque euro correspond à un euro… Bref un système où la monnaie serait neutre, un système où elle ne reposerait pas sur la dette ou sur la création à partir de rien et sans contrepartie. Ce système c’était l’étalon-or. On le connaît très bien, mais il n’a jamais arrangé ni les faux-monnayeurs que sont les banques centrales, ni les États, ni de façon générale toutes les cigales.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
Charles SANNAT
Source Les Échos ici
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