11 mai 2017

Nordeste brésilien : une sécheresse sans fin


Maria de Fatima Pereira Barbosa a imploré sao José pour que l’eau revienne dans son village. Nous étions le 19 mars ; la légende dit que, s’il pleut ce jour-là, les récoltes seront bonnes. Mais le soleil a brillé, presque plus cuisant encore que les autres jours.

Nous sommes maintenant à la fin avril, la « saison des pluies » s’achève à Dormentes, petite commune du Nordeste brésilien dans l’Etat du Pernambouc. Maria de Fatima n’a plus de raison d’y croire : ses plants de maïs et de feijao ont séché. La jeune femme, qui attend son quatrième enfant, en a pleuré.

Dans une bicoque insalubre, la mère de 28 ans s’illumine seulement quand on parle du passé. De ce temps où on récoltait « tranquillement » jusqu’à sept sacs de feijao et de maïs. Une époque d’opulence dans le lieu-dit Baixa da Esperança (la « fosse aux espoirs ») sis au milieu du Sertao, une zone semi-aride décrite comme le « polygone de la sécheresse ». « Même les cactus meurent! »

Voilà six ans que la sécheresse s’abat sur cette région parmi les plus pauvres du pays. A Dormentes près de 90 % des récoltes auraient été perdues. La plupart des familles ne vivotent que grâce à la bolsa familia, un pécule attribué par le gouvernement de quelques centaines de reais au maximum. Les hommes, eux, désertent le foyer, tentant de vendre leurs bras à des agriculteurs qui, par miracle, en auraient besoin.

« C’est une catastrophe. Chaque année est plus sèche encore que la précédente. Même les mandacaru, cactus symboles de la résistance des Nordestins, meurent ! », se désole Josimara Cavalcanti Yotsuya, vice-maire de la commune, membre du Parti socialiste brésilien (PSB, centre gauche). Atterrée, sa suppléante nous emmène sur les barrages des alentours où le niveau de l’eau est dramatiquement bas. Elle peste contre les camions-citernes du gouvernement, trop peu nombreux.

« La sécheresse nous cogne », bougonne Manoel Nascimento de Macedo. Propriétaire d’une...
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