Le projet de l’Institut Français de Civilisation Musulmane piloté par l’association du même nom verra le jour rue Guillaume-Paradin à proximité de la mosquée.
Pour sa construction, l’établissement recevra une subvention de la Ville de Lyon dans le cadre du projet « Aide au patrimoine et lieux culturels ». La subvention a d’ailleurs été inscrite au plan d’équipement pluriannuel de la Ville, une notion évoquée ce mercredi lors du conseil d’arrondissement du 8e. La municipalité souhaite prendre part à la création du lieu qui entend aborder les aspects culturels de l’islam.
L’Institut abritera notamment des spectacles, expositions, conférences et autres animations accessibles à un large public musulman ou non. A ce titre, l’Institut bénéficiera également de subventions de plusieurs collectivités. Une salle de 240 places verra le jour ainsi que dix salles de classe d’enseignement, deux laboratoires de langues et une médiathèque. Des espaces publics et une terrasse qui donneront sur les jardins seront également accessibles à tous. L’architecture fera référence au style arabo-musulmane tout en s’inscrivant dans la modernité et les normes environnementales.
Le coût du projet est estimé à 6,5 millions d’euros. Un tiers du financement sera apporté par la communauté musulmane.
Lyon Mag
Gérard Collomb savait la partie serrée. Il y a une semaine, au conseil municipal, son opposition avait fustigé le « manque de transparence » qui entourait l’octroi d’une subvention d’1 million d’€ pour la construction de l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM), à Lyon. Elle dénonçait notamment la présence de cofinanceurs étrangers et le « flou » de la gouvernance du futur centre culturel.
Hier, c’était au tour des élus de la Métropole de se prononcer sur une subvention équivalente. Et pour convaincre sa majorité plurielle et notamment les centristes du groupe Synergies, Collomb a soigneusement déminé ce dossier explosif. Avec succès : 115 élus ont voté pour, 43 se sont abstenus mais pas un n’a voté contre hier soir, alors qu’au conseil municipal, les voix des Républicains, des centristes de l’UDI et du FN étaient contre, à de rares exceptions près.
Interrompu pendant quelques minutes par une quinzaine d’Identitaires qui ont réussi à pénétrer dans l’enceinte du conseil en scandant « non à l’islamisation », le président de la Métropole a redit son soutien au projet d’IFCM, avant de présenter un amendement censé répondre « à des questions qui peuvent être légitimes ». Ainsi, sur la gouvernance, il a précisé la composition du futur conseil d’administration de l’IFCM présidé par Kamel Kabtane, le recteur de la Grande mosquée : « 11 membres de l’association IFCM et 11 membres institutionnels dont 3 représentant la ville de Lyon, 3 la Métropole, 2 l’Université de Lyon qui en coopteront 3 autres, des personnalités qualifiées. » Mais la véritable nouveauté par rapport au conseil municipal de Lyon, c’est l’annonce de la création d’un conseil d’orientation et de stratégie qui comprendra, outre les 23 membres du conseil d’administration, des représentants de l’Etat, issus des ministères de l’Intérieur, de l’Education nationale et de la Culture. Il aura « un droit de regard sur les orientations et sur les embauches » du futur IFCM. « On répond aux questions de ceux qui s’interrogeaient sur d’éventuels glissements. Les pouvoirs publics sont là pour garantir qu’il n’y aura aucune dérive ». La majorité des groupes du conseil métropolitain ont salué ce qu’ils estiment être une clarification nécessaire, même si l’UDI a souligné : « Vous avez fait évoluer le dossier sous la contrainte, sinon vous n’auriez pas de majorité sur ce projet ».
Gérard Collomb a aussi précisé qui financera les 6,6 millions de travaux de l’IFCM : l’Etat, la Ville de Lyon et la Métropole contribueront à hauteur de 3 millions d’€; l’association IFCM versera 2 millions issus de ses ressources propres ; des « entrepreneurs lyonnais » mettront 600 000 € et des « financeurs étrangers » – l’Algérie et l’Arabie Saoudite- donneront le million restant. Cette dernière participation « gêne » encore nombre d’élus métropolitains. Mais plusieurs groupes de gauche et du centre estiment que si Laurent Wauquiez, le nouveau président de la Région, avait honoré les engagements de son prédécesseur en subvention le projet, l’IFCM n’aurait pas eu besoin de capitaux étrangers.
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