franceinfo est allé à leur rencontre. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cet historique "peuple de gauche" hésite. En 2012, les enseignants avaient voté à 44% François Hollande au premier tour. Aujourd'hui, ils sont les premiers déçus du quinquennat.
Le vote enseignant ne va plus de soi. L'enquête de Solenne Le Hen
"Zorro" n'est finalement pas venu
Pour Sarah, directrice d'une école en banlieue parisienne, l'élection de François Hollande en 2012 représentait des "rêves plein la tête, avec enfin une gauche, un Zorro qui allait venir sauver notre école". La désillusion, explique-t-elle, a été "d'autant plus grande que l'espoir était grand". "Les réformes se suivent sans concertation. Ainsi, cette réforme des rythmes scolaires qui a épuisé autant les enseignants que les enfants. Avec le sentiment, chez les enseignants, d'être désorientés, de n'être plus rattachés ni à la droite ni à la gauche."
Ni droite, ni gauche... et surtout pas le PS, confirme Aurélien, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis.
Pendant cinq ans de Sarkozy, nous nous sommes fait traiter de faignants. Là, pendant cinq ans de gouvernement socialiste, on s'est fait traiter d'incapables
Aurélien, prof d'histoire-géo
à franceinfo
La réforme du collège était ni fait ni à faire. J'ai toujours voté socialiste. Mais là, je ne peux pas laisser croire à Benoît Hamon qu'on en veut encore. Ce n'est pas possible", s'indigne-t-il.
Pas d'amélioration visible au quotidien
Un rejet du Parti socialiste, très fort, malgré les 54 000 postes créés pendant le quinquennat pour l'Education nationale, malgré aussi les augmentations de salaires pour les enseignants. Des moyens qui ont été trop peu visibles dans leur quotidien, selon Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp, principal syndicat d'enseignants du primaire. "Les collègues ne voient pas d'amélioration. Le premier indicateur est l'effectif d'une classe. Or les effectifs n'ont pas bougé. Alors les enseignants se demandent quelles ont été les améliorations...", explique-t-elle.
Certes les enseignants comme tous les Français votent en fonction d'un projet global de société... mais ils restent très sensibles aussi aux programmes spécifiques en matière d'éducation. Or, selon Benoît Teste du Snes-FSU , principal syndicat du secondaire, l'éducation ne semble pas une priorité des candidats à l'élection : "Aujourd'hui le discours est très pauvre là-dessus. On ressort des vieilles recettes à droite : revenir à des soi-disant fondamentaux, une école plus élitiste et moins égalitaire. À gauche, il n'y a qu'une discussion, quand elle a lieu, sur les moyens. Nous sommes très perplexes..."
Emmanuel Macron, par défaut ?
Mais alors, pour qui voter ? "Macron", répondent la plupart des enseignants, pas par adhésion, mais par défaut. C'est ce que confirme le dernier sondage mené par le Cevipof, le centre de recherche politique de Sciences Po. Emmanuel Macron arrive en tête des intentions de vote des enseignants au premier tour, à 33%.... contre 25% seulement pour Benoît Hamon et 15% pour Jean-Luc Mélenchon et François Fillon. Luc Rouban, spécialiste du vote des fonctionnaires au Cevipof. "Emmanuel Macron récupère les déçus du socialisme, du quinquennat Hollande. Il récupère aussi les enseignants centristes, puisque 13% avaient voté Bayrou en 2012. Et n'oublions pas le phénomène du vote utile dans la perspective du second tour, en pensant que Macron sera le meilleur candidat face à Le Pen", analyse-t-il.
...ou Marine Le Pen, et c'est inédit !
Marine Le Pen justement doublerait son score auprès des enseignants : de 4,5% en 2012 à 9% cette année. Du jamais-vu dans le monde des maîtres et maîtresses selon Sarah, directrice d'école : "J'ai même entendu des enseignants évoquer la possibilité de voter pour l'extrême droite [...]".
De tout temps, l'éthique des enseignants a toujours rejoint celle de la gauche pour l'ouverture que la gauche était censée représenter
Sarah, directrice d'école
à franceinfo
Les enseignants déboussolés, perdus dans leurs certitudes politiques, et qui on le sent conservent en majorité des valeurs de gauche, mais pas forcément le vote. L'une des inconnues de cette élection, ce sera aussi l'abstention, qui pourrait, pour la première fois atteindre des scores importants dans le monde enseignant.
Source
à franceinfo
Les enseignants déboussolés, perdus dans leurs certitudes politiques, et qui on le sent conservent en majorité des valeurs de gauche, mais pas forcément le vote. L'une des inconnues de cette élection, ce sera aussi l'abstention, qui pourrait, pour la première fois atteindre des scores importants dans le monde enseignant.
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