29 mars 2017

Hongrie: la détention des migrants entre en vigueur


La loi hongroise de mise en détention systématique des migrants est entrée en vigueur mardi, malgré les vives critiques des ONG de défense des droits de l'homme, l'Union européenne appelant de son côté au respect de ses "principes" humanitaristes.

Selon la nouvelle législation, tous les demandeurs d'asile présents en Hongrie ou y arrivant doivent être regroupés dans deux camps fermés installés à la frontière serbe, à Röszke et à Tompa, a précisé le ministère de l'Intérieur.

"A partir d'aujourd'hui, les zones de transit élargies fonctionnent 24 heures sur 24 pour les demandeurs d'asile", a annoncé György Bakondi, conseiller du Premier ministre Viktor Orban pour les affaires de sécurité intérieure.

La mesure vise à "empêcher les migrants dont le statut n'est pas clairement défini de se déplacer librement sur le territoire national et au sein de l'Union européenne, et donc de réduire les risques sécuritaires liés aux migrations", selon le ministère.

324 conteneurs habitables

Les camps ont été équipés de 324 conteneurs habitables. Les migrants devront y séjourner dans l'attente d'une décision définitive concernant leur demande d'asile et il ne leur sera possible de quitter les lieux qu'en cas d'avis positif ou s'ils retournent en Serbie, selon cette source.

La loi, adoptée le 7 mars à l'instigation de Viktor Orban, a été dénoncée par plusieurs ONG ainsi que par le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), qui a relevé qu'elle "viole les obligations de la Hongrie vis-à-vis des lois internationales et européennes" en matière d'asile.

En visite à Budapest, le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a appelé mardi au respect des "principes" de l'UE, sans évoquer explicitement la nouvelle mesure.

"Notre Union prévoit d'apporter à ceux qui en ont besoin une aide humaine, digne et respectueuse", a-t-il déclaré après une rencontre avec le ministre de l'Intérieur hongrois Sandor Pinter. "Cela signifie accorder un accès réel au processus d'asile" et garantir "une possibilité d'un appel impartial des décisions", a ajouté Dimitris Avramopoulos.

Le gouvernement hongrois a assuré que les camps, qui ne sont pas ouverts à la presse, sont dotés d'équipements de confort moderne et que leurs occupants bénéficieront de trois repas par jour ainsi que d'un accès aux soins et aux moyens de télécommunication.

Le Comité d'Helsinki a annoncé mardi avoir obtenu de la Cour européenne des droits de l'Homme le blocage en référé lundi soir du "transfert de huit demandeurs d'asile mineurs non accompagnés et d'une femme traumatisée en situation de grossesse à haut-risque". 

Barrière anti-migrants

Quelque 400 migrants se trouvent actuellement en Hongrie, selon cette ONG, dont une grande partie déjà détenus dans des camps fermés.

En 2013, Budapest avait renoncé à la mise en détention systématique des demandeurs d'asile sous la pression de l'Union européenne et du HCR.

Viktor Orban, un dirigeant souverainiste coutumier des provocations envers ses partenaires européens, avait reconnu en janvier que la réintroduction d'une telle mesure, contraire au droit européen, irait "ouvertement contre l'UE".

La Hongrie érige une deuxième barrière antimigrants à sa frontière serbe, parallèle aux barbelés de la première clôture et équipée de caméras thermiques ainsi que d'alarmes.

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