On le sait, l’euro est une devise artificielle, une monnaie mal-née qui a été introduite au chausse-pied (quand ce n’est pas au pied-de-biche) dans les porte-monnaies de près de 350 millions d’Européens dont les niveaux de vie sont souvent très différents.
C’est le progrès, a-t-on dit à l’époque, c’est ainsi que va la marche du monde, et il faut être en mesure de lutter, ou en tout cas de concurrencer, ce dollar qui ne cesse de prendre des parts de marché au détriment de nos économies.
L’euro a amplifié les différences entre les économies au lieu de les lisser
Mais justement, de ces économies nationales, il n’en est plus question depuis 15 ans, supplantées qu’elles sont par une pseudo-économie européennes aux contours aussi flous que ses effets sont contestables. Aujourd’hui, alors que l’euro a été avant tout créé par les principales puissances européennes (l’Allemagne et la France en tête), ces mêmes pays envisagent aujourd’hui de se débarrasser de cet avorton encombrant, qui semble avoir fait plus de mal que de bien à feue la Communauté Européenne. Car, de communauté, il n’y en a plus guère, l’euro ayant exacerbé les différences entre les pays en essayant de les aligner sur un modèle économique commun dont le résultat a été, d’une part, de faire souffrir inutilement les nations les plus fragiles, et d’autre part, de frustrer les nations les plus fortes agacées d’être continuellement tirées vers le bas par les pays qui n’ont pas le même niveau (ni les mêmes exigences de rigueur, pour certaines).
Ainsi, l’Allemagne, celle qui pourtant a plus ou moins offert son Deutsche Mark en guise de gabarit pour élaborer l’euro, celle-là même qui a vu un moment dans la monnaie unique le moyen d’étendre son influence économique et commerciale (voire politique) au continent européen tout entier, cette même Allemagne réfléchit actuellement à créer, au mieux une zone euro à deux vitesses, au pire une toute nouvelle zone monétaire basée sur une devise forte commune aux pays du nord de l’Europe.
L’effet Brexit, ou la boîte de Pandore européenne
Ensuite, il y a eu l’effet Brexit qui, s’il se déroule comme prévu, risque bien de montrer à beaucoup de pays européens que, non seulement on vit très bien sans l’euro… mais même sans être dans l’Union européenne, tout en bénéficiant d’avantages commerciaux, économiques et même politiques non négligeables (à l’instar de la Suisse, par exemple, qui a toujours entretenu des relations extrêmement privilégiées avec l’UE sans jamais envisager pour autant d’en devenir membre).
Les premiers à se voir libérés de l’euro, voire de l’Union européenne, sont bien sûr les Néerlandais qui ont demandé au gouvernement des Pays-Bas d’organiser un référendum dès l’annonce des résultats de la Grande-Bretagne. On a aussi la Suède, qui n’a jamais voulu de l’euro, certes mais que sa participation à l’Union aurait pu amener un jour ou l’autre à adhérer à la monnaie unique. C’est désormais totalement exclu. En Espagne, en Italie, en Grèce et partout où l’euro a exacerbé les problèmes économiques (et aussi un peu mis à jour des méthodes de comptabilité publique pas toujours très orthodoxes), on appelle désormais de plus en plus ouvertement à la sortie de la monnaie unique. Ce ne sont pas encore des mouvements majoritaires, mais leur influence politique grandit jour après jour.
Même la Bulgarie, la Lituanie ou encore tout récemment la Pologne (laquelle devait pourtant passer à l’euro l’année dernière), ont indiqué qu’il était désormais hors de question d’intégrer « un système monétaire devenu aussi instable ». On croit rêver…
En France, les eurosceptiques sont devenus majoritaires
Enfin, en France, les eurosceptiques ne se cachent plus, ils deviennent même populaires (pour ne pas dire populistes) et chaque candidat majeur à l’élection présidentielle du mois prochain y va de sa petite dose d’anti-europe pour séduire les quelques 53% de Français qui souhaiteraient être consultés par référendum sur le maintien du pays dans l’Union. Cela va de la plus radicale Marine LePen qui veut totalement s’affranchir de la monnaie unique, de l’Union européenne et même un peu des engagements internationaux de la France, au plus modéré François Fillon qui se dit européen convaincu mais explique à qui veut l’entendre qu’il passera outre les règles communautaires en matière de déficit public si besoin. Sans oublier Jean-Luc Mélenchon qui continue à faire tourner sa petite musique politique d’un autre âge (qui rappelle d’ailleurs plus le 78 tours que le mp3) et qui, lui aussi, verrait bien la France sortir de l’euro mais cette fois pour entrer dans une ère nouvelle de prospérité digne des plus belles heures de l’URSS.
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Au final, la plupart des pays européens ne veulent plus de l’euro, ou en tout cas se rendent compte aujourd’hui qu’ils n’en ont jamais vraiment voulu mais qu’ils ont cru aux beaux discours d’union et d’âge d’or qu’on leur a servis à la fin des années 1990. Le réveil fut souvent douloureux et certaines économies nationales ne s’en sont jamais vraiment remises, mais ce sont surtout les citoyens qui comprennent aujourd’hui qu’on leur a imposé une monnaie qui ne leur apporte rien de très positif, hormis le fait de pouvoir dépenser de l’argent chez leurs voisins frontaliers. En dehors de cela, avec une devise dont 97% de la masse monétaire alimente exclusivement les marchés financiers, de plus en plus de Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Italiens, de Portugais ou encore de Grecs ont compris qu’ils étaient devenus otages d’une monde sur-financiarisé qui peut les ruiner du jour au lendemain en dépit de tous les efforts qu’on leur demande sans cesse de faire pour améliorer la situation économique de leur pays.
Pas étonnant qu’un nombre croissant de citoyens aient choisi depuis une dizaine d’années maintenant de préparer un éventuel « après-euro », voire un « après-devises », en se constituant peu à peu un capital dans la seule et unique monnaie qui n’a jamais fait défaut dans toute l’histoire de l’humanité : l’or.
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