16 septembre 2016

Cisco : 2 ans ferme pour Mustapha Benhaddou, récidiviste...


Cinq hommes étaient jugés ce jeudi 15 septembre à Bastia pour la rixe de Sisco qui avait dégénéré, opposant une famille de Marocains de Corse et des villageois de Sisco.

"Arrêtez de photographier, je vais monter et en crever un" : selon des témoins, c'est une banale altercation, qui a vite dégénéré, qui est à l'origine de la violente rixe survenue à Sisco (Haute-Corse) à la mi-août et pour laquelle cinq hommes étaient jugés jeudi à Bastia. Très calmement, la présidente Anne David décortique le déroulé des faits de cette journée du 13 août, à l'issue de laquelle une centaine de policiers et de gendarmes avaient été nécessaires pour ramener le calme après la rixe opposant une famille de Marocains de Corse et des villageois de Sisco.

Le procureur de Bastia a requis jeudi des peines allant jusqu'à 30 mois de prison, dont 24 ferme, à l'encontre des 5 hommes jugés pour leur implication dans la rixe évoquant "une crise paroxystique où tous les bas instincts sont ressortis". "La société française et la société corse, qui en fait partie, sont traversées par des fractures, mais ce n'est pas la réalité du dossier, qui est à la fois quelque chose de plus classique et de plus minable", a fustigé Nicolas Bessone au cours de son réquisitoire. Il a requis la peine la plus lourde --30 mois de prison, dont 24 mois ferme et une mise à l'épreuve de 2 ans-- à l'encontre de Mustafa Bennhadou, déjà condamné à de multiples reprises et décrit comme l'élément déclencheur des événements au cours de l'audience. 

"On a frôlé la catastrophe"

Des peines de 10 et 8 mois de prison avec sursis ont été requises à l'encontre de deux de ses frères, absents à l'audience. Un quatrième membre de la fratrie n'a quant à lui jamais été interpellé et n'a pas pu être jugé. M. Besson a aussi requis un an de prison avec sursis à l'encontre de Lucien Straboni, un boulanger de Sisco déjà condamné dans une affaire d'extorsion, et 8 mois avec sursis à l'encontre de Paul Baldi, employé municipal du village. Les deux hommes étaient aussi poursuivis pour leur implication dans les heurts qui avaient fait quatre blessés et nécessité l'intervention d'une centaine de membres des forces de l'ordre au soir du 13 août.

A l'origine de la rixe, des photos prises depuis le bord de la route. Installé avec sa famille depuis le matin dans une petite crique de Sisco, Mustapha Benhaddou, dont le procureur a dénoncé la volonté de "privatiser" la plage en multipliant les incidents, n'apprécie pas et le fait savoir, d'abord à un couple de touristes, puis à un groupe de jeunes. Des invectives sont échangées avec un groupe de jeune. Mustapha Benhaddou reconnaît avoir "secoué et giflé" Jerry Neumann, un jeune du village âgé de 18 ans, partie civile au procès. A partir de là, la rixe prend de l'ampleur, quand des villageois descendent porter secours aux jeunes "secoués", déclenchant ce que M. Bessone a qualifié de "lynchage collectif". "On a frôlé la catastrophe", a résumé le procureur.

Demande de dépaysement

"Vous avez conscience que tout cela aurait pu s'achever sur un drame?", avait demandé la présidente à Lucien Straboni et Paul Baldi. Les deux prévenus ont acquiescé, mais eux aussi tenté de minimiser leur rôle. Jamal Benhaddou "m'a dit 'fils de pute, je vais vous égorger' et a fait le geste", raconte Lucien Straboni, accusé d'avoir porté un coup de poing à l'un des frères absents jeudi alors qu'il était transporté inconscient sur un brancard. Pierre Baldi assure, lui, avoir donné involontairement un coup de pied au même frère gisant à terre parce qu'il était ceinturé par des gendarmes. Devant le palais de justice, plusieurs centaines de personnes s'étaient rassemblées en début d'après-midi pour soutenir les deux Siscais. Invoquant la "sûreté des prévenus" et critiquant "l'immixtion du politique" dans l'affaire, les avocats d'un des frères marocains avaient demandé le dépaysement du procès, une demande rejetée jeudi matin.

Quelques mois après l'agression de pompiers dans un quartier populaire d'Ajaccio le soir de Noël, qui avait été suivie d'une manifestation émaillée de slogans racistes et du saccage d'une salle de prière musulmane, la rixe de Sisco avait ravivé les tensions sur l'île. Le flou initial à propos des circonstances des échauffourées y avait contribué. Au lendemain des incidents, aux cris de "Aux armes!" et "On est chez nous!", quelque 500 personnes avaient défilé à Bastia dans le quartier populaire de Lupino, où certains pensaient que les familles marocaines impliquées vivaient. Le 16 août, le maire PS de Sisco avait quant à lui interdit le burkini dans sa commune. Sa décision avait été validée par le tribunal administratif de Bastia, qui a pris le contre-pied du Conseil d'Etat et mis en avant la rixe pour justifier sa décision.

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