25 décembre 2015

Se nourrir dehors en situation de chaos


C'est avec plaisir que nous accueillons Aurélie dans nos colonnes, qui nous livre dans son premier article quelques conseils bienvenus en cette période de fête et d'agapes, au cas où vous souhaitiez ajouter quelques protéines dans vos assiettes !

Survivre en mangeant ce que l’on trouve... Hors cas de contamination générale par des attaques nucléaires, radiologiques, bactériologiques ou chimiques rendant l’environnement impropre à alimenter l’Homme.

1) Rappel des éléments fondamentaux nécessaires à la survie de l’Homme
Il est des éléments plus importants que d’autres, des éléments que l‘organisme possède en réserve et d’autres qui, en cas de carence avérée, se traduit très vite par des troubles ou une maladie. Quelques rappels à ce sujet :

Les protéines sont les éléments constitutifs de nos cellules : une carence induit une fonte musculaire, entre autres.

En situation de survie en extérieur on en trouve dans les œufs, la viande, le poisson, les pissenlits (!), les noix, le lait, le sang.

Les glucides : C’est ce que l’on appelle communément les Sucres, tout ce qui se finit par « oses » est un sucre. C’est le carburant du cerveau et des muscles, il est de plus beaucoup plus vite assimilé par notre intestin grêle que les lipides et apporte de l’énergie rapidement. Les fruits contiennent du fructose, (un sucre), les noix également, tout comme les massettes de roseaux.

Les lipides : Ce sont les graisses, on devrait dire « acides gras ». Ils « portent » 2 fois plus d’énergie par unité de masse que le sucre, mais sont moins rapidement assimilables. On comprend pourquoi notre organisme porte ses réserves sous forme de graisse…
En contiennent : La moelle, le foie, le jaune d’œufs, lait.

Les minéraux : Ce sont essentiellement le phosphore, le soufre, le calcium, le magnésium, le potassium, le fer. Le magnésium et le sodium ont leur implication dans la conductivité nerveuse entre autres, le fer de l’hémoglobine sert au transport de l’oxygène dans le sang. On voit là leur importance !
En contiennent : Sang, pissenlit, orties (à manger en soupe).

Les vitamines : Servent au fonctionnement métabolique du corps. Une carence en vitamine C et vous développez le scorbut… Maladie quasi disparue mais qui referait surface en cas de malnutrition ; la vitamine C a un rôle important dans l’immunité. En cas de carences, vous serez plus sensible aux maladies. Et ce n’est pas le moment.
En contiennent : Pousses de pins et d’épicéa, orties, poissons, plantes et baies comestibles, fruits et légumes frais.

les fibres : Elles sont nécessaires au microbiote intestinal. Les bactéries qui s’y trouvent y ont leur refuge et nous aident à digérer.
En contiennent : Aiguilles de pins, fines herbes.

Vous devrez, en situation de survie, trouver tous ces éléments si vous voulez perdurer en bonne santé.


2) Précautions liées à la nourriture trouvée/obtenue, hygiène des aliments 
 
La nourriture trouvée dehors devra, même en cas de chaos, faire l’objet de nettoyage et d’attention et ce pour plusieurs raisons. Les maladies liées à l’ingestion de certaines bactéries, protistes et/ou de certains champignons microscopiques pathogènes vous guettent. Qu’une diarrhée vous prenne et c’est votre hydratation qui devra la compenser, il vous faudra donc trouver plus d’eau… potable. Et si là aussi l’eau n’est pas assez potable vous courez doublement à votre perte. Vous perdrez de l’eau par la diarrhée qui ne sera pas compensée par une réhydratation, vous serez donc cloué sur place avec des crampes intestinales, de plus en plus faible, incapable de poursuivre votre recherche de nourriture et de vous défendre si besoin. Vous allez vous affaiblir et si cette situation dure jusqu’à un certain niveau de déshydrations vous mourrez.

Petit rappel au sujet de l’hydratation, qui est encore plus important que l’alimentation pour la survie. Sachez que notre corps est composé, comme la plupart des mammifères, d’environ 70% d’eau. Dehors ou chez vous, vous pouvez rester plusieurs jours sans rien manger, même quelques semaines en fonction de votre âge et état de santé. Vous perdez de l’eau en permanence, par votre seule respiration déjà, puis par l’évacuation d’urine, défécation, sudation (proportionnellement à la température ambiante), votre activité, l’altitude ou même certains états particuliers comme la maladie ou les brûlures qui augmentent encore la demande en eau. Plus vous vous déshydratez, plus vous perdez en lucidité et en état de santé par différents phénomènes de dysfonctionnements physiologiques.

S’il vous manque 5 % d’eau dans votre organisme, vous avez soif, vous souffrez d’irritabilité, de nausées et de faiblesse. A 10 %, vous subissez vertiges, maux de tête, picotements et incapacité à marcher. A 15 % vous êtes aveugle et sourd, votre langue est gonflée et votre peau est engourdie. Au-delà, la plupart des humains meurent par arrêt cardiaque du à un épaississement excessif du sang… L’hydratation est vraiment à prendre au sérieux, et elle est liée à la quantité de liquide que votre corps possède, donc n’attrapez pas de diarrhée surtout en cas de chaos : le lien entre hygiène des aliments, hydratation et nourriture doit vous paraître plus clair maintenant !



3) Le gibier chassé : Comment le manger et le conserver
Il importe de chasser du petit gibier plus facile à piéger, qui demande moins d’énergie et fait courir moins de risque en général. De plus, il y aura à aussi moins de risque de gaspillage et de voir la nourriture s’avarier avec le temps.

Les lapins devront être vidés, dépecés, avec la tète et les pattes enlevées. Ils devront ensuite être grillés à la broche au dessus du feu.

Les serpents (sous nos latitudes et en France : couleuvres essentiellement) devront avoir la tête enlevée, et seront vidés, puis coupés en tronçons et grillés.

Les lézards auront tête et viscères enlevés, puis seront grillés.

Les oiseaux devront être plumés et étêtés, puis vidés. Bien que cela paraisse ragoutant, le sang devrait être bu tiède car très riche en protéines. Ils seront ensuite cuits.

Les poissons seront vidés, mais cuits avec les écailles enveloppés dans des feuilles ou des écorces pour en faire une sorte de papillote jusqu’à ce que le blanc de l’œil sorte de ses orbites : il est alors cuit, vous pouvez le manger sans risquer une toxi-infection…

Pour conserver tout reste de viande que vous auriez, car en situation de survie il n’est pas question de gaspiller, il faut absolument la faire sécher ou fumer pour éviter un développement bactérien ou fongique qui vous serait toxique.

Pour cela il faut prélever cuire et manger toute la graisse. Couper la viande en bande pour la faire sécher plus vite. Les morceaux de viande mis à sécher devront être exposés au soleil et à l’air ; si les mouches posent problème il est alors préférable de faire fumer la viande, il n’y aura pas d’autre choix… Viande à faire fumer lentement à la fumée d’écorce mais en évitant absolument celles de pins et de sapins, toxiques.

Enfin, n’hésitez pas à faire le charognard. En situation de survie, quand le manque de nourriture vous tenaille et que vous n’avez pas le choix, il ne faut pas réfléchir. Si vous êtes en milieu urbain et que vous trouvez un chien, un chat, un oiseau mort et comestible car mort depuis assez peu de temps, profitez-en….

Bon appétit !

4) Plantes et champignons comestibles 
 
En Europe, et en France y compris, il y a une foule de choses que l’on peut trouver dans les champs et les sous bois pour manger. Voici quelques exemples :

Les massettes : Ce sont ce que l’on appelle généralement les roseaux, plus précisément leur extrémité de couleur brune. On en mange aussi les racines qui contiennent beaucoup de sucre.

Les pissenlits : On en mange les feuilles, les racines.

Les orties : Il faut faire bouillir les feuilles une quinzaine de minutes avant de boire la soupe.

(Note de Pierre : En général, on n'aime pas l'ortie en raison des irritations qu'elle provoque lorsqu'on s'y frotte. Pourtant, l'ortie piquante (Urtica Dioica) est un remarquable aliment de survie, l'une des rares plantes à posséder entre 25 et 40 % de protéines, sans compter les vitamines et minéraux. Lors des dernières guerres, des familles entières dans les campagnes ont survécu en mangeant uniquement de l'ortie. Personnellement, je vous conseillerais d'en planter une bonne surface dans votre jardin dès le printemps prochain. En plus, il y a peu de chance pour que l'on vienne vous la voler... Un article particulièrement intéressant qui décrit en détail tous les bienfaits de cette plante : http://mr-ginseng.com/ortie/)

Cynorrhodon : Egalement appelé « poil à gratter », ce sont de petites baies rouges fruits d’un rosier sauvage. A consommer en infusion.

Nénuphar : On en consomme les fleurs et les feuilles, les graines également, crues ou cuites.

Aiguilles d’épicéa ou de pin : Infusées dans de l’eau chaude.

Panais : Les feuilles et racines sont comestibles, d’ailleurs les panais font partie de ce que l’on appelle aujourd’hui « les légumes oubliés »

Fougères : Faire bouillir les jeunes frondes et les consommer ainsi, tout comme les rhizomes.

Fruits : Il y a une foule de fruits en fonction de la saison : pommes, poires, noix, noisettes etc. Mais tout cela, chacun saura les reconnaître. Sachez chercher les petits si vous êtes en saison favorable : fraises des bois et mures sont excellentes car riches en vitamines et sucres.

Les fleurs : elles sont presque toutes comestibles sous nos latitudes.

Champignons : à éviter si vous ne connaissez pas l’espèce. La cuisson ne détruit pas le poison bien que ce soient des enzymes à la base…


L'ortie piquante à la rescousse du survivaliste...

5) Autres sources d’aliments

Il ne faut pas négliger tout ce qui peut apporter des protéines, et donc aider à la survie. Tout ce qui sera comestible sera nécessaire.

Insectes et arthropodes : On peut manger quasiment tous les insectes et arthropodes à une condition : afin de se prémunir des venins, toxines et autres problèmes, on ne doit jamais manger d’araignées ni d’animaux « poilus » en général.

Les insectes sont une source importante de nutriments et peuvent être mangés : Les criquets, les sauterelles, les asticots (si, si...), les vers de terre, les limaces. Pour ragoutants que sont ces animaux, ils constituent une source de protéines importante, surtout les insectes.

Les petits mammifères sont tous comestibles après cuisson pour éviter, là aussi tout risque sanitaire : rats, mulots, taupes, ragondins, fouines, putois etc.

En attendant le prochain chaos pour devoir mettre ces conseils en pratique, nous vous souhaitons à toutes et à tous de Bonnes et Joyeuses fêtes de Noël !

Article rédigé par Aurélie, biologiste et rédactrice de Survivre au Chaos. 

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