27 décembre 2015

"Les zones de non-droit n'ont pas leur place en Corse" (ni en France)


Au lendemain des événements qui ont frappé la cité impériale, les responsables politiques ne font pas de concessions aux actes ni à leurs auteurs. Pour eux, un constat s'impose aussi : celui de la responsabilité de l'État

Inadmissible". "Insupportable". "Exécrable". Au lendemain du guet-apens qui a visé les sapeurs-pompiers lors d'une intervention dans le quartier des Jardins de l'Empereur et du saccage du lieu de prière musulmane de la cité, les mots varient selon responsables politiques, mais aucun n'est trop fort pour tenter de qualifier les événements qui ont frappé Ajaccio.

Concerné au premier chef par ces actes de violence, le député-maire (LR) de la ville, Laurent Marcangeli, ne le cache pas : "Je le sentais venir".

Ne souhaitant pas endosser le rôle du donneur de leçons avec un "je vous l'avais bien dit", plutôt facile après coup, le premier magistrat ajaccien ne se voile pas la face pour autant : "Il ne faut pas se raconter des histoires, depuis que je suis maire, et même avant, il y a un vrai problème au niveau du quartier des Jardins de l'Empereur. Il revient en tête d'affiche à chaque fois que l'on soulève des problèmes de délinquance et d'intégration. D'ailleurs, il y a plusieurs jours, les services de la ville sont intervenus pour y enlever des palettes et des pneus - car le feu aurait pu être plus important encore - et ils ont été insultés et menacés".

Et le maire de rappeler : "En 2013, déjà, le Samu s'était fait agresser dans ce quartier, et depuis quelques temps le bus n'y passe plus. Chacun sait à Ajaccio que c'est un quartier où il y a des stups. Certes, on ne parle pas de milliers de personnes comme il peut y en avoir dans les barres d'immeubles du 93. Mais d'une bande de vingt ou trente voyous méprisables et réprimables si l'on s'en donne les moyens. Car il ne faut pas oublier les malheureux qui habitent ce quartier et qui en ont ras-le-bol".
 
"Il faut une action de long terme, pas une politique du coup par coup"

Mais au-delà du constat de terrain, pas vraiment réjouissant, ce sont surtout les "raccourcis", "la montée perceptible des tensions" puis, aux yeux du maire, cette "agression insupportable" des pompiers , "qui a été l'élément déclencheur des événements à l'encontre du lieu de culte, et a fait ressortir tous les instincts les plus vindicatifs. Tout cela déborde de drames vécus il y a encore quelques semaines.

"Après les attentats qui ont frappé Paris, j'avais dit, devant le président du conseil départemental de Corse-du-Sud, l'ancien président de l'Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, et le préfet de région qu'il fallait faire attention aux lieux de culte d'Ajaccio.

"Il faut tenir compte de ces tensions, ainsi que de ce début de passage à l'acte, et les quartiers soumis à la délinquance doivent être traités comme tels par les services publics qui ont en charge la police et la justice. Il y a quelque temps, nous avions insisté auprès du préfet pour inscrire les Jardins de l'Empereur dans le prochain contrat de ville qui prend en compte un accompagnement social. Mais cela ne servira à rien si l'on ne met pas les voyous hors d'état de nuire.

"Il faut agir dans la durée et non pas dans l'émotion en envoyant des renforts seulement pour quelques jours, le temps que tout cela soit retombé et chassé par une autre actualité...

Il faut une action de long terme, pas une politique du coup par coup".
 
"Ces groupuscules n'ont rien à voir avec notre culture"

Même son de cloche du côté des responsables politiques à la tête de la région. Au-delà de la solidarité qu'ils expriment, eux aussi, envers les sapeurs-pompiers visés dans l'exercice de leurs fonctions dans "un guet-apens d'une extrême gravité", dixit Jean-Guy Talamoni, c'est surtout la "nécessité de travailler sur un modèle d'intégration", qui est mise en exergue par les nationalistes. Si bien que le président de l'Assemblée de Corse et Gilles Simeoni n'hésitent pas à dénoncer d'une seule voix "le processus de ghettoïsation qui s'est opéré dans certains quartiers pendant des décennies san s action des responsables de l'État, qui détiennent la compétence judiciaire et policière".

Jean-Guy Talamoni va même plus loin : "La Collectivité territoriale de Corse n'a pas tous les leviers pour agir, mais nous avons suffisamment de légitimité pour demander des comptes à l'administration française, car nous ne pouvons pas accepter que des zones de non-droit s'installent et que les policiers ou les pompiers ne puissent pas y pénétrer. C'est la première fois que cela se produit ici, et il faut être clair : cela existe dans certaines banlieues de France, mais il n'y a pas de place pour cela en Corse".

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