28 juillet 2015

Saada, un guignol à Canal+


Saada à la direction générale du groupe Canal+ à la place de Rodolphe Belmer (Bertrand Méheut perd son écuyer), et l’access du soir dévolu à la paire Armillei/Bénichou, qui produisent Maïtena Biraben, très bien vue du côté de l’Élysée (après deux dîners privés avec le président Hollande…), c’est la tendance du moment...

Vincent Bolloré, ce grand copain de Sarkozy (qui lui arrangeait des PV délicats), a mis la main sur le groupe Canal+ (1er groupe média français loin devant TF1 et FT). La neutralisation des Guignols (considérés comme antisarkozystes) par le passage du clair au crypté ne serait pas pour lui déplaire. Canal+ conserverait donc les Guignols, mais pas pour tout le monde, ce qui désactiverait leur nuisance, malgré une audience en clair de près de 2 millions de téléspectateurs chaque soir.

Bolloré s’était rendu presque célèbre en déclarant, à propos de Havas, qu’il ne voyait pas pourquoi il conserverait la branche du conseil politique maison, qui représentait « 1% de son chiffre d’affaires et 99% de ses emmerdes ». Si on applique cette loi à Canal, on va vers une normalisation, avec en plus l’éviction du Groland de la bande à Moustic. Qui, il est vrai, ne fait plus que dans l’humour pipi-caca-nichons de bas étage. Rien de bien dangereux, politiquement. Mais même ce petit peu, visiblement, dérange les puissants. On est donc presque sûrs que les Guignols taperont sur Sarkozy dans le vide, et que Biraben saura soigner les ministres socialistes chaque soir.

Exit donc Le Grand Journal du riche producteur Renaud Le Van Kim, remplacé par une version chic du Supplément de Biraben. Émission faite pour mettre en valeur les politiques, car la maison Canal a besoin de leur imprimatur. Du lèche-culisme déguisé en journalisme, avec la dose d’humour nécessaire pour faire passer la pilule de la propagande… et de l’antipropagande. Car les vraies cibles sont toujours les mêmes : populistes, patriotes, mal-pensants.

Une émission estampillée Flab Prod, du tandem Armillei/Bénichou, ou le nec plus ultra de la bien-pensance, impossible de qualifier leurs productions autrement. C’est chic, c’est beau, et c’est plat. Ils ont par exemple créé l’horrible Nouvelle Édition, le summum de l’abrutissement souriant en plateau. On ne répètera pas ici (il y a des enfants) les propos récurrents tenus par ces agents de la division Guerre Psychologique du Mossad réunies autour d’Ali Baddou, la caution palestinienne du dispositif, dispositif qu’on croirait réalisé en direct de Tel-Aviv chaque midi. La soupe télévisuelle la plus infâme qu’on puisse imaginer : de la morgue parisienne, de la soumission à l’idéologie sioniste, des chroniqueurs cupides aux pupilles dilatées, sans oublier des bimbos à tête creuse. Plus vil, plus déshumanisé, plus propagandiste, tu meurs dans la kippa d’Ariel Wizman.

Si jamais la quotidienne de Biraben, animatrice d’une intelligence suffisamment limitée pour qu’elle ignore faire de la propagande, ressemble à un croisement entre Le Supplément et La Nouvelle Édition, pas sûr que les téléspectateurs arrivent à conserver leur repas dans le gosier. Mais on fait confiance à la maestria des producteurs pour transformer ce salmigondis collabo-bourratif en rivière d’émeraudes. Attention, avec Saada, formé chez McKinsey, les coûts seront bien tenus. Il y a intérêt : Le Grand Journal coûte quatre fois plus cher que C à Vous, le rendez-vous quotidien d’Anne-Sophie Lapix, l’hôtesse d’accueil de France 5. Pire, Antoine de Caunes se fait distancer par Cyril Hanouna et ses insolentes audiences de bonimenteur de marché.

Il est temps, après les années de vache folle, d’inaugurer les années de vaches maigres avec l’arrivée d’un cost-killer : les abonnés fuient par dizaines de milliers chez beIN Sports pour le sport (13€ par mois pour une offre dévastatrice, d’où l’accusation de dumping), et Netflix pour la fiction (11€99 contre 39€90 chez Canal). Au lieu d’améliorer les programmes en injectant un peu de liberté d’expression ou des nouveaux talents venus d’en bas (à la place des filsde et des poufs), la direction joue la défense… agressive : les hotliners maison obligent les abonnés récalcitrants ou écœurés par la vacuité des programmes (le niveau des films sombre, les rediffusions douteuses se multiplient, les séries sont incomplètes) à payer l’année entamée jusqu’à la lie… au besoin en les menaçant de poursuites juridiques ! Alors qu’il suffit de bloquer le prélèvement à sa banque, et de résister au harcèlement du 01 71 25 39 12, la voix automatique qui nous enjoint de « régulariser son impayé »…

Des techniques commerciales sordides qui montrent tout le mépris qu’inspirent les petits qui ont fait la richesse de la chaîne. Adieu, trésor de l’abonné, qui faisait nager Lescure et de Greef dans le cash et la luxure. Pour les animateurs/producteurs, l’ère de l’overdose de fric s’achève. La chaîne des riches regardée par les pauvres vous remercie. Certains regretteront les Guignols, ceux de la bonne période (à l’instar du vrai Charlie Hebdo, transformé en organe de propagande prosioniste), quand l’humour était fabriqué par quelques enfants des classes moyennes et laborieuses (Gaccio, Delépine, Halin). Maintenant, Canal nous inflige un humour de gosses de riches, des bourgeois sans âme mais avec des crocs comme ça, issus du Studio Bagel, qui porte bien son nom (petit pain yiddish). La subversion qui plaît au pouvoir sioniste, c’est l’essentiel.

Bolloré/Saada, ou la World Company qui a gagné.

Source


Biographie

Maxime Saada est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (1992) et titulaire d’un MBA de HEC (1994).
Maxime Saada débute sa carrière en 1994 au sein de l’antenne nord-américaine de la DATAR (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale), chargée de la promotion, de la prospection et de l’accueil des investissements américains en France. Il intègre ensuite, en juin 1999, le cabinet de conseil McKinsey & Company où il conduit notamment des missions dans les domaines des télécoms et de la distribution auprès de directions générales.

En mai 2004, Maxime Saada quitte le conseil pour devenir directeur de la stratégie du Groupe Canal+, dont il devient par la suite membre du comité de direction et responsable des études consommateurs pour l’ensemble du groupe. Après sa contribution au rapprochement entre les actionnaires de TPS et Groupe Canal+, Maxime Saada est devenu directeur de Canalsat en juin 2007, puis directeur commercial du Groupe Canal+ en octobre 2009.

Il est nommé directeur général adjoint du Groupe Canal+, chargé de la distribution début 2011.

En novembre 2012, nouvelle promotion : Maxime Saada entre au directoire de Canal+ France.

En avril 2013, il est nommé directeur général adjoint du Groupe Canal+, chargé de l’édition des chaines payantes. À ce titre, il prend la responsabilité des chaînes Canal+ et de l’ensemble des unités de programmes (cinéma, sport, création originale, flux, …). Il est également responsable des chaines thématiques payantes du groupe Canal+ (Ciné+, Comédie+, Planète+, … soit plus d’une vingtaine de chaines). Outre ses fonctions de DGA du Groupe Canal+ et suite au départ de Cyril Linette, il assure depuis mars 2015 l'intérim de la direction des sports jusqu’à la nomination d’un nouveau directeur des sports qui lui sera rattaché.

Maxime Saada est par ailleurs maître de conférence associé à Sciences Po Paris, dans le cadre du Master Finance et Stratégie. Il a également fait partie du conseil de direction de Sciences Po de de 2006 à 2013.

Le 3 juillet 2015 il est nommé directeur général du Groupe Canal + en remplacement de Rodolphe Belmer par la maison mère Vivendi.
 

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