24 mai 2015

La nouvelle arnaque d'Attali


Tandis que le Parti communiste français appelait mercredi dernier les militants et les citoyens à « écrire la société de demain » en prévision d’une « convention nationale du projet » d’ici le printemps 2016, un homme qui dit ne pas faire de politique lançait un appel similaire.

Jacques Attali, puisqu’il s’agit de lui, veut construire un programme « audacieux » et, qui plus est, « applicable par le prochain président », nous disent Les Echos. Quel que soit le président. C’est même pour « obliger les politiques à sortir du bois», sur le fond que son association baptisée « France 2022 » se donne pour objectif « d’ici à la fin 2015, un programme clés en main, qui comporterait cinq ou six réformes et serait applicable par le président élu en 2017. Car Attali l’affirme, les Français « sont mûrs pour se poser des questions de fond ».

Jacques Attali est un récidiviste dans ce genre de démarche, son but essentiel, sinon unique, étant de se mettre sous les feux des projecteurs. On se souvient comment, à peine élu en 2007, Nicolas Sarkozy lui avait demandé de créer une « Commission sur la libéralisation de la croissance » qu’il composa essentiellement d’énarques, d’économistes libéraux et de PDG, à l’exclusion de tout syndicaliste en activité. Et le rapport que publia cette Commission ne fut finalement que la copie d’un autre rapport de l’OCDE publié un peu plus tôt avec les recommandations de cet organisme pour la France .

C’est ce que je montre de manière très précise dans le septième chapitre du livre que je publie cette semaine sur les enjeux climatiques et la conférence de Paris (1). « Notre rapport avait très vite été oublié sur une étagère. Il faut que, en 2017, le prochain président puisse se saisir de ce programme dès son élection afin de remettre la France sur les rails avant 2022. L’inverse signifierait l’arrivée au pourvoir des extrêmes », confie Attali aux Echos.

Racket permanent contre leurs fournisseurs

Le conseiller des princes est trop modeste. Son rapport a bien été appliqué par la droite dans ses préconisations les plus perverses. Certaines préconisations de ce rapport visant à introduire plus de concurrence dans le commerce ont fait l’objet d’une Loi de modernisation économique (LME) voulue par Michel-Edouard Leclerc et Nicolas Sarkozy, justifiée par le rapport Attali et votée en 2008 par les parlementaires de droite pour être appliquée à partir de 2009. Depuis le vote de cette loi, les enseignes de la grande distribution disposent de moyens étendus pour pratiquer un racket permanent contre leurs fournisseurs qu’il s’agisse des coopératives agricoles vendeuses de fruits et légumes, des abattoirs coopératifs ou privés, des PME de l’agroalimentaire.

Qu’ils soient producteurs de viande bovine, de viande porcine, de lait ou de fruits et légumes, les paysans vivent plus mal qu’avant depuis le vote de cette loi et beaucoup d’entreprises agroalimentaires sont en grande difficulté quand elles ne ferment pas leur portes. Tout cela à cause de la LME qui a donné les pleins pouvoirs aux centrales d’achat de la distribution tandis que les distributeurs peuvent aussi exiger de leurs fournisseurs des livraisons plus fractionnées, y compris pour des boites de conserve, ce qui augmente le nombre de livraisons par semaine pour une même quantité de marchandise, réduit la marge déjà étriquées des entreprises et augmente les émissions de gaz à effet de serre sur les route.

Mieux vaut donc savoir tout cela avant de lancer dans une contribution en faveur du nouveau projet de Jacques Attali. En sachant aussi que son rapport pour Sarkozy n’est plus sur étagère. Emmanuel Macron l’a récupéré pour terminer le sale boulot avec la loi qui porte son nom.

(1) « L’écologie peut encore sauver l’économie », de Gérard le Puill, une coédition Pascal Galodé éditeurs et l’Humanité , 314 pages , 22€

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