Le souvenir cuisant des propos malheureux de Jacques Parizeau sur « l’argent et les votes ethniques » le soir du référendum de 1995 est revenu hanter le Québec cette semaine, et c’est le candidat à la chefferie du PQ Pierre Karl Péladeau, un néophyte sur l’enjeu piégé de l’immigration au Québec, qui en a fait les frais.
Lors du débat des candidats à l’Université Laval tenu il y a quelques jours, il a établi un lien entre le vote des immigrants et les hésitations des Québécois à s’engager sur la voie de l’indépendance en suggérant que la situation risquait de devenir irréversible. Il était loin d’être le premier à le faire. L’un des tout premiers, fin 1995 ou début 1996, avait été le député Libéral de Laurier, Christos Sirros, lorsqu’il avait déclaré : « Le désir d’indépendance des Québécois pour l’indépendance va s’éteindre avec l’immigration. »
Quand même incroyable que quand un député Libéral tient de tels propos, la chose passe dans le beurre de la rectitude politique, et que quand c’est un député péquiste qui le fait, il devient automatiquement suspect de nationalisme ethnique, comme a eu l’indécence grossière de le suggérer ce salopard de Couillard qui nous tient lieu de premier ministre !
Pierre Karl Péladeau n’avait pas à s’excuser. Il a raison. En effet, dans un article paru en décembre 2013, dans la foulée de la démission du Bloc Québécois de la députée Maria Mourani qui avait justement utilisé cet argument du nationalisme ethnique à propos du projet de Charte des valeurs du gouvernement Marois pour justifier sa démission, j’avais écrit un article pour Vigile dans lequel j’expliquais en quoi son accusation était sans aucun fondement, et comment la situation qui prévalait au moment du référendum en matière d’immigration avait changé du tout au tout.
Dix-huit mois plus tard, les événements survenus depuis mon analyse n’ont fait qu’ajouter à sa pertinence. Je me permets donc d’en reprendre quelques extraits qui justifient les titres du présent article :
« Cela dit, il faut comprendre que la situation en 2013 [et c’est encore plus vrai en 2015] est très différente de ce qu’elle était en 1996 au moment de l’adoption de ma motion par l’Assemblée Nationale. Le contexte n’est plus du tout le même. Le projet de Charte des valeurs vise à rassurer les Québécois sur une évolution démographique et sociale dans laquelle ils ne se reconnaissent pas, et ils n’ont aucune confiance, à très juste titre comme je l’ai démontré dans un article récent, et comme mon analyse est confirmée ici, dans la capacité du modèle multiculturel à les protéger contre ce qu’ils perçoivent comme un envahissement et une dépossession.
En cela, ils ne sont guère différents des anglais, des européens du sud, et notamment des français, dont les gouvernements ont ouvert toutes grandes les portes à l’immigration pour favoriser une croissance rapide de leur économie.
Mais hélas, les recettes qui ont fonctionné dans le passé ne fonctionnent plus aujourd’hui. Tant qu’il s’agissait d’ouvrir les portes aux ressortissants issus du même bassin de civilisation et de culture, l’immigration s’est révélée facile et très utile.
Mais lorsque l’immigration en provenance de pays de ce bassin a commencé à se tarir, les dirigeants politiques, aveugles à toute autre réalité que la croissance du PIB, ont pensé que les humains étaient tous interchangeables, et se sont lancés dans ce que j’appellerai, pour les fins de cette démonstration, l’immigration panachée. Quelques dizaines de milliers de ceux-ci, quelques dizaines de milliers de ceux-là, un zeste d’une autre provenance, et on brasse le tout pour la plus grande joie et le plus grand profit des promoteurs immobiliers de banlieues et des opérateurs de grandes surfaces. Je caricature, mais à peine.
Les problèmes de tous ordres n’ont pas tardé à apparaître. Les problèmes liés à l’étalement urbain, au transport en commun, à l’accroissement de la demande de services sociaux et de santé, etc. Les bénéficiaires des politiques de l’immigration s’en déchargent bien entendu sur l’État qui est justement là pour ça, n’est-ce pas ? C’est ce qui nous vaut ces situations détonantes qui sont en train d’éclater un peu partout dans le monde. Et la difficulté se présente partout de la même façon. Certaines communautés ne parviennent pas à s’intégrer ou le font difficilement à cause de différences trop grandes en termes d’éducation, de niveau social, de culture, de langue et de valeurs.
Le Canada a connu un exemple parfait de ce genre de drame d’intégration avec l’affaire Shafia lorsque les valeurs traditionnelles des membres de sexe masculin d’une famille sont entrées en conflit avec celles de leur milieu d’accueil, et se sont soldées par un crime « d’honneur » (sic) au cours duquel quatre membres de sexe féminin de la même famille ont trouvé la mort.
Bien entendu, des drames de cette ampleur ne se produisent pas tous les jours, mais pour un seul comme celui-là, combien d’autres plus petits qui laissent des cicatrices, physiques ou psychologiques, tant sur les immigrants eux-mêmes que sur leurs milieux d’accueil ?
Et la crise économique que nous vivons depuis maintenant cinq ans ne fait qu’aggraver les choses. Dans un contexte où les finances publiques sont serrées et les déficits s’accumulent, les choix et les réflexes de solidarité deviennent plus difficiles. La prospérité est facile à partager, mais quand vient le temps de répartir la misère, le réflexe humain naturel est de limiter la solidarité aux siens les plus proches.
L’immigration coûte 20 milliards par an au Canada !
Ainsi, au Canada, une étude récente de l’Institut Fraser, intitulée « Canada’s Immigrant Selection Policies : Recent Record, Marginal Changes, and Needed Reforms commentée largement au Canada anglais, mais à laquelle Vigile a été le seul média au Québec à faire écho, révélait que l’immigration imposait aux contribuables canadiens un fardeau budgétaire additionnel de 20 milliards $ par an.
La somme est colossale, et pour le Québec seulement, elle s’élève au minimum à environ 4 milliards $ par an, largement de quoi remettre en question, sur sa seule base économique, le bien-fondé de nos politiques d’immigration, sans même parler des conséquences sociales, culturelles, linguistiques et politiques.
On comprend dès lors que les apôtres du multiculturalisme au Québec se soient bien gardés de diffuser une telle information dans le contexte du débat sur la Charte des valeurs, car cette étude nous place devant une conclusion à laquelle il n’y a pas moyen d’échapper : ce sont les mauvaises décisions de nos dirigeants politiques en matière d’immigration ces vingt dernières années qui sont à l’origine de ce sentiment que partagent une majorité des Québécois d’être menacés dans leur identité et dans leur survie en tant qu’entité distincte. »
Quatre milliards $ par an au Québec seulement ! De quoi construire trois CHUM à chaque année ! Si le Québec n’avait pas à supporter une telle dépense, non seulement ne serait-il pas en déficit, mais il engrangerait plutôt un confortable surplus. De quoi supporter sans peine les centres à la petite enfance, les bibliothèques de nos écoles, et apporter les améliorations nécessaires à la situation des urgences dans nos hôpitaux, pour ne parler que des cas les plus criants évoqués dans le contexte de la politique d’austérité du gouvernement Couillard.
Quatre milliards $ par an pour acheter les votes du PLQ et du PLC et rendre difficile l’affranchissement du Québec de sa tutelle fédérale et sa démarche vers l’indépendance ! « Vous n’êtes pas écœurés de mourir, bandes de caves ? ».
Vous croyez que j’exagère ? Lisez plutôt cet extrait d’un communiqué diffusé par l’institut Fraser le 30 septembre 2009 à l’occasion du lancement d’un ouvrage collectif de son équipe de recherche intitulé « The Effects of Mass Immigration on Canadian Living Standards and Society » :
« Depuis 1990, le taux annuel d’immigration du Canada est le plus élevé au monde, menant à une hausse de la population de 3,9 millions de personnes entre 1990 et 2006. Cette immigration massive a eu des conséquences profondes sur les conditions économiques, démographiques, sociales et politiques du Canada, nuisant au bien-être des Canadiens en général, y compris les immigrants des vagues précédentes », a affirmé Herbert Grubel, senior fellow de l’Institut Fraser et co-auteur du livre.
Malheureusement, la plupart des Canadiens sont insuffisamment informés quant à ces conséquences en partie à cause d’un code de rectitude politique qui tend à associer au racisme tout examen des politiques d’immigration et également parce que le système électoral canadien récompense les politiciens qui appuient le taux élevé d’immigration actuel. »
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