Laissez-moi commencer par la légende d'un enfant, né dans une grotte, sauvé de la mort après sa naissance, qui enseigne une nouvelle religion aux masses une fois adulte puis se retire dans le désert pendant une période prescrite et qui est mis à mort à son retour et attaché à une structure en bois, pour ressusciter trois jours plus tard et être déifié comme un dieu. La description, qui date de – 1800, est celle d'un homme-dieu nommé Krishna. Vous attendiez-vous à quelqu'un d'autre ?
Il existe 346 analogies entre le seul récit de Krishna et de Jésus, tout comme il y a d'autres avatars autour du monde qui répondent à la description ci-dessus. Et ils précèdent tous le christianisme de plusieurs siècles : Thammuz de Sumer, Atys de Phrygie, Indra du Tibet, Iao du Népal et Wittoba de Java – un homme-dieu cloué à un arbre et symbolisé par un crucifix. Sans oublier bien sûr l'homme-dieu sauveur des Mayas, Quetzalcoatl, né d'une vierge, qui a pratiqué un jeûne de 40 jours sur une montagne sacrée, s'est déplacé sur un âne, s'est purifié dans un temple avec de l'eau et a été oint, fut cloué sur une croix sur une colline sacrée, est resté dans l'Autre Monde pendant trois jours avant de ressusciter.
De la Phénicie à la Chine, le monde païen célébrait le héros qui passe dans l'Autre Monde en tant qu'homme "mort" au solstice d'hiver, pour ressusciter en tant que dieu trois jours plus tard. Mais au 4ème siècle, les chrétiens fondamentaux ont supprimé toute trace des précédents homme-dieux pour exalter le statut particulier du nouveau héros Jésus, mais hélas, l'idée était depuis longtemps en vogue.
Pourquoi l'Église a-t-elle fait la promotion du Christ en tant que cas unique ? Une partie de la réponse réside dans le passage souterrain de la tombe de Thoutmosis III, un pharaon ayant vécu aux alentours de – 1470. Inscrit sur les parois, il y a un texte appelé Traité de la Chambre Cachée, qui donne des instructions sur la manière de procéder dans l'Autre Monde, un lieu parallèle qui interpénètre le monde des vivants. Les Égyptiens l'appelaient "Amdouat". C'est un endroit à partir duquel toutes les formes physiques se manifestent et vers lequel elles retournent. C'est un composant intégral de la naissance, de la mort et de la renaissance. Ce n'est que par l'expérience directe de l'Amdouat qu'une personne peut comprendre les forces opérantes de la nature, les instructions pour transformer un individu en "akh" [esprit transfiguré] – un être rayonnant par 'illumination spirituelle intérieure'. Toutes ces instructions couvrent les murs de la sépulture de Thoutmosis. Il y a juste un problème : les instructions sont prévues pour les vivants : "Il est bon que les morts aient cette connaissance, mais également les personnes vivant sur Terre... Quiconque comprend ces images mystérieuses est un être illuminé. Cette personne peut entrer et quitter l'Autre Monde à volonté. Et continuer de parler aux vivants. Ce qui s'est prouvé des millions de fois."
La tombe de Thoutmosis est une anomalie : elle possède un puits, caractéristique redondante pour une personne décédée ; sa chambre principale est alignée vers le nord-est, direction traditionnelle associée à l'illumination et la sagesse ; son sarcophage ovale est un travail magistral et pourtant Thoutmosis a été inhumé dans le temple de la reine Hatchepsout. [dont la mort a permis à Thoutmosis III de régner]
[Pour des informations sur le pharaon Thoutmosis III, allez lire ICI.]
Le temple d'Hatchepsout à Deir-el-Bahari
Le cas de Thoutmosis, sans momie dans le sarcophage, n'était pas unique. Quand la pyramide à degrés de Sekhemkhet fut mise à jour, son entrée et ses chambres étaient toujours scellées, y compris son sarcophage d'albâtre ; et quand il fut ouvert, on ne trouva rien d'autre que de l'air. Même situation pour la pyramide de Zawiyet el-Aryan – deux pyramides non vandalisées de l'Ancien Empire, sans corps à l'intérieur : preuve que tous les monuments funéraires n'étaient pas prévus comme dernière demeure mais servaient un autre but, peut-être rituel.
Pour les anciens Égyptiens, la tombe était considérée comme un lieu de repos mais pas nécessairement comme la dernière demeure du pharaon, tout comme l'expérience de l'Autre Monde n'exigeait pas que la personne soit décédée. Les preuves montrent qu'après un rite secret d'initiation, le candidat s'éveillait comme s'il sortait du ventre maternel et se déclarait "ressuscité des morts".
La pyramide de Sekhemkhet se situe à Saqqarah, complexe étendu de temples de cérémonie dédié à Seker, le dieu-faucon de la renaissance. Le nom provient de sy-k-ri, le cri proféré par le dieu de la résurrection Osiris pendant qu'il vagabonde dans l'obscurité de l'Autre Monde ; et, en fait, c'est ici qu'on trouve, dans la tombe souterraine du voisin de Sekhemkhet, le pharaon Unas [ou Ounas], les premières œuvres de littérature sacrée qui nous sont parvenues, offrant une expérience rituelle unique en mettant une personne vivante en connexion avec l'Autre Monde.
Les Textes des Pyramides [initiés par le pharaon Ounas] contiennent les instructions les plus détaillées sur l'Amdouat, comment s'y rendre et utiliser au mieux les incantations essentielles pour que l'âme ait son attention dirigée tout au long de son périple. Son influence résonne dans toutes les anciennes écoles de mystères. Mais par-dessus tout, les Textes des Pyramides impliquent qu'ils étaient destinés au rituel prévu pour que l'initié revienne dans son corps.
Les inscriptions occupent les chambres les plus profondes de la pyramide d'Ounas (- 2350) ; et comme la chambre funéraire de Thoutmosis III, la nécropole d'Ounas contient un sarcophage mais aucun indice de son inhumation. Le site ressemble en fait à un complexe ritualiste, accessible au départ depuis la rive orientale du Nil par un bac permettant de faire traverser l'initié qui débarquait à l'ouest du temple de la vallée puis empruntait une chaussée couverte menant au temple souterrain sous la pyramide. Après avoir résidé pendant un temps prescrit dans la chambre du ventre maternel, le candidat réapparaissait à l'aube au sommet de cette colline artificielle. Il suivait ainsi le chemin figuré du soleil dans l'Autre Monde.
Pyramide d'Ounas
Le sarcophage de granit noir d'Ounas repose symboliquement dans la section ouest du complexe. Le granit était un matériau de choix, car, en tant que roche éruptive émanant en fusion des profondeurs de la terre, il imite parfaitement l'immersion de l'âme dans le vide, passant d'une forme liquide à une forme solide en repassant dans le monde matériel après la transfiguration. Le choix de la couleur noire apporte une connotation supplémentaire car c'était la couleur associée à la résurrection spirituelle.
Loin d'être de pures croyances funéraires, les Textes des Pyramides représentent une expérience mystique analogue à celle du chamanisme, comme l'ascension de l'âme et la renaissance spirituelle de l'individu. Ce qui les définit comme une instruction prévue pour une personne passant par une mort littérale et non figurée se trouve dans l'inscription 213 : "O Ounas, tu n'es pas parti mort, tu es parti vivant pour siéger sur le trône d'Osiris, avec ton sceptre aba [en forme de palette] à la main qui te permet de donner des ordres aux vivants". Il est clair que le pharaon a accédé vivant à l'Amdouat et qu'il peut communiquer aussi bien avec les vivants qu'avec les désincarnés.
Un deuxième indice se trouve dans le passage où Ounas passe par une purification spirituelle et une renaissance, accompagné d'un chœur scandant "Ounas n'est pas mort, Ounas n'est pas mort, Ounas n'est pas mort" et où son esprit retourne dans son corps vivant. Aucune autre inscription ne résume autant le thème central commun à toutes les traditions mystiques : que l'âme a la capacité de se dégager du corps vivant, et de voyager de manière indépendante dans le monde spirituel, puis de revenir.
Il existe à Saqqarah un thème associé à la résurrection, où les membres de la maison du pharaon Téti Ier rejoignent un cercle restreint privilégié. Une inscription décrit la surprise d'un individu admis aux "maîtres secrets du roi". Téti a fait bâtir sa pyramide à côté de celle d'Ounas et elle contient une partie des derniers Textes des Pyramides. L'humble serviteur continue, "Aujourd'hui en présence du fils de Ra, Téti... plus honoré par le roi qu'aucun autre serviteur, comme maître des choses secrètes... Quand sa majesté m'a favorisé, elle m'a fait entrer dans la chambre à accès limité." À la fin de son expérience rituelle, cet individu déclare, "J'ai trouvé la Voie".
La Voie était un rituel d'auto-réalisation pratiqué par les écoles de mystères de l'ancien Japon et de l'ancienne Chine en – 2600, ainsi qu'en Perse, Irlande et chez les Amérindiens et adopté plus tard par les Mandéens et les Esséniens, auxquels appartenait Jésus. Bien que la version populaire de la légende donne Jésus comme étant originaire de Nazareth, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, car Nazareth ne se composait que de quelques grottes et masures. Cependant, le titre de "nasoraiyi" [mages] était attribué aux membres de la fraternité des Mandéens qui possédaient la connaissance secrète (ce titre dérive du terme babylonien nasiru, signifiant "protecteurs des secrets divins"), quelqu'un ayant réalisé le plus haut grade d'initiation après un rituel dans une "chambre nuptiale" secrète, après quoi le candidat victorieux était déclaré "ressuscité des morts". Ils étaient les seuls officiellement qualifiés pour administrer ces rites les plus secrets, la résurrection vivante. Plus tard, quand Jésus créa sa propre secte, son nasoraiyi était basé dans la ville de Cochaba.
Quand la nouvelle religion arriva à Rome, avec Yeshua ben Yosef occupant le rôle de héros ressuscité, cette version n'eut pas beaucoup de succès auprès d'une population accoutumée à déifier ses héros. Elle n'en eut pas plus avec les gnostiques de Grèce, d'Asie Mineure et d'Égypte qui considéraient cet homme Jésus comme un simple mortel, jamais crucifié et encore moins réincarné après une mort physique. Les partisans de telles 'hérésies' étaient l'évêque Marcion deSinope , Valentin d'Alexandrie et l'érudit Basilide , qui prétendaient que la crucifixion était une fraude – qu'un remplaçant nommé Simon de Cyrène avait pris la place de Jésus. Des manuscrits rédigés dans le siècle qui suivit Jésus et redécouverts à Nag Hammadi disent la même chose. L'un d'eux, le Second Traité du Grand Seth, est particulièrement accablant, parce qu'il cite Jésus décrivant la crucifixion à la première personne : "Je ne suis pas mort en réalité mais en apparence, par crainte d'une disgrâce... Car ma mort, qu'ils pensent réelle, n'est de leur part qu'erreur et aveuglement quand ils ont cloué leur homme jusqu'à ce que mort s'ensuive...c'est quelqu'un d'autre qui a bu le fiel et le vinaigre ; ce n'est pas moi...c'est quelqu'un d'autre, Simon, qui a porté la croix sur son épaule. C'est sur la tête de quelqu'un d'autre qu'ils ont placé la couronne d'épines...Et je me moquais de leur ignorance."
Avant la fin du septième siècle, le Coran soutint le même argument :"Et leur fausse allégation d'avoir tué le Messie, le fils de Myriam, le messager d'Allah, quand en réalité ils ne l'ont jamais tué ni crucifié". Le plus accablant est l'aveu du pape Léon X admettant que l'histoire de Jésus était un mythe : "Toutes les époques peuvent assez témoigner de combien la fable du Christ a été profitable, à nous et à notre compagnie". La vision littérale de la résurrection a néanmoins été exploitée par l'Église, dont l'autorité s'appuyait sur l'expérience d'un groupe fermé de partisans de la renaissance miraculeuse de Jésus et sur la position d'incontestable autorité que l'événement leur conférait. Comme Pierre était le premier témoin et que le pape en vint à lui retirer son autorité, il était dans les meilleurs intérêts de l'Église de promouvoir une interprétation littérale de la résurrection. Cette position fut aidée par la méprise de l'apôtre Paul parlant de Jésus qui ramenait des morts à la vie et la première épître aux Corinthiens vend presque la mèche en notant que Paul était "déterminé à ne connaître rien d'autre que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié", en d'autres mots, que Paul cherchait à nier l'existence de mythes établis plus anciens d'homme-dieux ressuscités.
Une population entière subit donc un lavage de cerveau en acceptant la résurrection de Jésus comme miracle exceptionnel, contraire aux lois de la nature, contraire même à la vision personnelle de Jésus ! Mais pour que la nouvelle secte de Jésus-le-dieu supplante les anciens dieux, il lui fallait se faire accepter par les populations du monde romain et d'ailleurs : on devait le voir en possession des mêmes pouvoirs surnaturels. Donc, comme les dieux régénérés des égyptiens, des perses, des phéniciens et des grecs, Jésus devait passer dans l'Autre Monde au solstice d'hiver et réapparaître en tant que dieu ressuscité.
À la différence de la religion orthodoxe, les gnostiques reconnaissaient Dieu en tant qu'expérience intérieure, grâce aux siècles de connaissances secrètement acquises. Ils pouvaient revendiquer l'expérience et donc l'autorité qui surpassait celle des apôtres et de leurs successeurs, point soulevé par Jésus dans un autre évangile banni – l'Apocalypse de Pierre – dans lequel il explique à Pierre : "ceux qui se donnent le titre d'évêque ou de diacre et agissent comme s'ils avaient reçu leur autorité de Dieu sont en réalité des canaux sans eau. Bien qu'ils n'aient pas compris le Mystère, ils se vantent que le Mystère de la vérité appartient à eux seuls. Ils ont mal interprété cet enseignement de l'apôtre et ont installé une imitation d'église à la place de la vraie fraternité chrétienne".
Tous ceux extérieurs à l'Église s'accordaient sur le fait que la résurrection devait être réalisée du vivant, point souligné dans l'évangile supprimé de Philippe : "Ceux qui disent qu'ils mourront d'abord puis qu'ils ressusciteront sont dans l'erreur. S'ils ne reçoivent pas d'abord la résurrection pendant qu'ils sont en vie, ils ne recevront rien quand ils mourront." En d'autres termes, ceux qui croient à l'interprétation littérale de la résurrection confondent une vérité spirituelle avec un événement réel.
Depuis l’Égypte ancienne et l'Inde en se dirigeant vers l'ère grecque classique, les enseignements du Mystère étaient ouverts à ceux qui étaient reçus aux tests d'aptitude morale après une année probatoire, pendant leurs études des mystères mineurs ; on enseignait aux candidats retenus les Grands Mystères et leurs vérités secrètes. Des philosophes comme Platon – lui-même initié aux Mystères d'Éleusis – décrit le rite final de passage comme une expérience volontaire de mort imminente impliquant une immersion dans un sarcophage ou un contenant du même genre dans une chambre secrète, quand la conscience de l'initié sort du corps, puis retourne ensuite dans le corps, l'initié étant alors déclaré "ressuscité des morts". En découvrant le vrai lieu et la réelle nature de son âme, l'initié revenait pour faire face sans peur à la mort physique ressentie comme une tyrannie, parce qu'il a déjà expérimenté le paradis et qu'il est maintenant libéré.
Malgré l'interdiction de révéler une quelconque information recueillie dans l'Autre Monde, chacun décrit unanimement l'expérience comme le pinacle du développement spirituel en révélant la véritable nature de l'âme et la mécanique céleste qui meut l'univers.
Le rituel survécut à l'Inquisition, en partie grâce aux Chevaliers du Temple qui suivirent les prescriptions fixées par les Esséniens, après avoir redécouvert les instructions cachées sous le Mont du Temple [de Jérusalem], où il est dit que les aînés de Jérusalem "s'engageaient dans des mystères secrets … de provenance égyptienne, dans l'obscurité en dessous du temple de Salomon" dans une chambre secrète qu'on nommait "chambre nuptiale".
Ces rituels, hérités de l'époque du pharaon Seqnenrê-Taa (qui signifie 'la Voie') à Louksor, existaient déjà 1500 ans auparavant, au moment où apparaît le concept de cercle fermé d'initiés définis comme "les vivants" qui se démarquent des gens ordinaires, "les morts". C'est commémoré aujourd'hui dans le troisième degré de la Franc-Maçonnerie, où le candidat est hissé hors d'une tombe fictive et déclaré 'ressuscité'.
Platon nous rappelle que le but de l'initiation aux Mystères est de ramener l'âme à cet état de perfection qui a présidé son entrée dans le monde, mais à partir de cet objectif elle se met à dévier dans le corps physique. Les Évangiles gnostiques décrivent cette poursuite comme l'antidote aux forces de l'ombre dont le but premier est de contrecarrer le pouvoir personnel "en faisant boire aux gens les eaux de l'oubli... pour qu'ils ne puissent apprendre d'où ils viennent". Tout système politique fondé sur la tromperie a toujours encouragé la poursuite d'un "aveuglement de l'esprit". Les sectes ésotériques ont libéré les humains de ce penchant grâce à une initiation dans le culte de la Connaissance, à partir de laquelle ils peuvent découvrir la vérité via un voyage chamanique. On ne sera pas surpris par les conseils de l'évangile de Philippe : "pendant que nous sommes dans le monde nous devons connaître la résurrection".
Un avantage à vivre la résurrection est d'aider les gens à transcender leur désarroi en révélant leur rôle actif dans le processus de la manifestation consciente. Ils deviennent ainsi maîtres de leur propre réalité plutôt que d'en être victimes ; et loin d'être des observateurs passifs, ils peuvent faire répondre la réalité à leur désir. Le cadeau final est la liberté de conscience, comme nous le rappelle précisément l'évangile de Thomas : "Celui qui se trouve lui-même est supérieur au monde".
Extrait du livre de Freddy Silva, "L'art perdu de la résurrection : "Initiation, Chambres secrètes et quête de l'Autre Monde".
Par Freddy Silva, AtlantisRising
Traduction par Hélios
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