
L’Europe cherche à réduire sa dépendance au gaz russe qui passe par l'Ukraine. Ces derniers mois, un volume record de gaz a été stocké dans notre région de manière à minimiser les risques de pénuries au cours de l'hiver prochain. Entretemps, l'UE prépare une série de nouvelles sanctions contre la Russie.
Sur le graphique ci-dessous de l'agence de presse Bloomberg, on peut suivre facilement les volumes de gaz transportés quotidiennement de la Russie vers la Slovaquie en passant par l’Ukraine (ligne bleue), dont on voit qu’ils sont tombés à un niveau très bas le mois dernier? En rouge, en bas, on voit également les niveaux du volume de gaz que l'UE a stockés au cours des derniers mois.

Les livraisons directes de gaz de la Russie à l'Europe n’ont pas été affectées par la crise en Ukraine. Selon les chiffres du lobby de l'infrastructure Gas Infrastructure Europe, les sites de stockage situés en Slovaquie étaient à 92% de leur capacité le 4 Septembre dernier.
L’Europe est donc en train de stocker de grandes quantités de gaz, probablement pour se prémunir contre une potentielle suspension des livraisons de la part de la Russie.
L'UE espère avoir stocké des quantités de gaz suffisantes à l’approche de l’hiver, mais elle souhaite surtout nuire à la Russie en privant les compagnies énergétiques russes de leurs recettes, tarissant ainsi leur source de financement (sanctions) afin de mettre l’économie russe en difficulté, et de forcer le président russe Poutine à plier...
Un plan audacieux qui comporte pourtant 3 écueils importants:
1) Il ne tient pas compte de l'hypothèse d'un hiver plus froid que la normale, un phénomène qui pourrait être avéré en raison du retour du phénomène El Niño, associé avec des hivers européens plus froids de 2 à 3° C en moyenne par rapport à la normale.
2) La Douma s’est déjà engagée à soutenir financièrement les sociétés russes affectées par les sanctions. Le gouvernement russe est prêt à débloquer 1.500 milliards de roubles pour maintenir le niveau de production de Rosneft à son niveau actuel. De son côté, Gazprom a sollicité des prêts auprès de banques européennes qui seraient en train de les lui octroyer avant l’entrée en application des sanctions.
3) Que se passera-t-il au printemps, lorsque l'industrie allemande aura besoin de gaz, et que les stocks seront épuisés ? Poutine est un homme patient qui saura attendre ce moment.
Les plans de l'Europe pour une «guerre d'hiver» menacent de générer un effet boomerang, écrit le Wall Street Journal :
Les nouvelles sanctions de l'UE sur la Russie vont augmenter le nombre d'entreprises russes devenues incapables de lever des fonds sur les marchés de capitaux du bloc, pour inclure 3 sociétés pétrolières d’Etat [Gazpromneft, Rosneft et Transneft], selon des documents dont le Wall Street Journal a eu connaissance. Les documents montrent que l’UE cherche à frapper les compagnies pétrolières russes, mais à laisser indemnes celles qui sont impliquées dans la production et l’exportation de gaz, qui sont cruciales pour l’approvisionnement de plusieurs pays européens».
Les dirigeants européens semblent donc prêts à faire un pari ayant pour enjeu les vies de leurs contribuables cet hiver, basé sur la météo - sous la pression de Washington? - écrit le blog Zero Hedge. Mais les stocks de gaz que l’Europe a constitués l’aideront-elle à éviter un désastre hivernal de type napoléonien ?
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