11 février 2014

Angleterre : le gouvernement souhaiterait attirer davantage d'hommes dans les classes

Dans l'enseignement primaire, le pourcentage de femmes, qui était de 65% en 1954, dépasse désormais les 82%. Ici, une classe de l'école de Dugny en 1947.
Les femmes sont trop nombreuses dans les établissements scolaires anglais. C'est ce que pense le premier ministre David Cameron. Pour restaurer l'autorité en classe, il juge urgent de renforcer la présence d'enseignants masculins, capables de montrer à la fois «force et sensibilité». En France, l'idée fait aussi son chemin. Dans l'entourage du chef de l'État, on juge qu'il y a «trop de femmes enseignantes» et qu'il faut tendre vers «davantage d'équilibre» sur ce point. Le débat sur le statut des enseignants annoncé comme «primordial» pendant la campagne présidentielle n'évacuera pas ce sujet. «En réformant ce métier, en offrant un salaire de cadre, nous espérons attirer davantage d'hommes. Beaucoup de femmes viennent à l'enseignement pour des raisons d'équilibre de vie. Elles prennent beaucoup de mi-temps, ce qui pose des problèmes d'organisation. Nous voulons des professeurs investis à 100%, mieux payés mais plus présents dans les écoles», explique-t-on.

Un rapport différent au métier

À l'instar des autres pays occidentaux, la France connaît un taux de féminisation grandissant de ses enseignants depuis soixante ans. Dans l'enseignement primaire, le pourcentage qui était de 65% en 1954, dépasse désormais les 82%. Il atteint même 91% dans l'enseignement privé! Dans l'enseignement secondaire, cet écart reste aussi important, quoique moins impressionnant. On connaît les causes de ce déséquilibre. Les hommes se sont détournés de ce métier parce qu'il s'est dévalorisé, les élèves venant de milieux de plus en plus hétérogènes. Et les disciplines universitaires plus volontiers scientifiques dans lesquels s'inscrivent les jeunes hommes leur ouvrent des possibilités professionnelles plus rémunératrices que le professorat.

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Cette féminisation peut entraîner un rapport différent au métier, selon une étude des administrateurs Jean-Richard Cyterman et Alain Lopes. Parmi les motifs qui ont entraîné leurs choix de devenir enseignant, les femmes citent plus volontiers «le désir de s'occuper d'enfants», «l'équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée» et «la vocation», alors que les hommes évoquent plus souvent «l'exercice d'un métier de service public».
«Éviter une féminisation totale»

Un équilibre de la représentation hommes-femmes paraît désormais «difficile à atteindre», affirmait en 2008 Marcel Pochard dans son rapport sur les conditions du métier. Mais les recteurs devraient «veiller à éviter une féminisation totale dont on peut penser qu'elle donne une représentation partielle de la société aux élèves», recommandait-il. C'est aussi ce que pense le formateur Jean-Louis Auduc dans son récent essai Sauvons les garçons! Toutes les professions qui interviennent autour de l'enfance et de l'adolescence se sont massivement féminisées. Et, pendant leur scolarité, les garçons ne rencontrent plus de modèles masculins auxquels ils peuvent s'identifier.

Serait-ce pour cette raison qu'ils réussissent moins bien que les filles à l'école? Plus turbulents, ils redoublent davantage et sont moins nombreux à décrocher le bac. Rien n'est moins simple. Des études réalisées dans plusieurs pays montrent qu'il n'y a pas de liens entre le sexe du personnel enseignant et la réussite scolaire. Ce qui compte avant tout, c'est la qualité de la relation entre le professeur et l'élève, affirment les chercheuses canadiennes Michèle Asselin et Gisèle Bourret.

Ceux qui ont le plus de difficultés à l'école sont les jeunes qui sont les plus attachés aux stéréotypes sexuels traditionnels et qui proviennent d'un milieu défavorisé. «Ces derniers contestent parfois l'autorité des professeurs femmes», affirme une professeur de français. Les observateurs s'accordent en tout cas pour regretter le peu d'hommes à l'école, ne serait-ce que pour inverser l'idée selon laquelle cette dernière est devenue une «affaire de femmes».

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