18 janvier 2014

Appareils hypersoniques : la Chine entre en lice

La Chine a testé son premier appareil hypersonique, devenant le troisième pays, après les Etats-Unis et la Russie, à posséder un tel matériel. Selon des sources chinoises, l'appareil testé revêt une importance purement scientifique. Cependant, à terme, il permettra de développer des missiles de croisière hypersoniques et des blocs d'attaque de missiles balistiques capables de surmonter la défense antimissile.

Réaction logique

Les essais chinois d'un appareil hypersonique et la reprise, quelques années plus tôt, des travaux dans le même domaine en Russie (accompagnés eux aussi d'essais) s'inscrivent dans une nouvelle étape d'une course qui n'a pas été engagée par Pékin ou par Moscou. Les deux capitales cherchent des réponses aux systèmes développés aux Etats-Unis. Il s'agit en tout premier lieu du système de défense antimissile et des appareils d'attaque hypersoniques développés dans le cadre du concept de frappe planétaire rapide (Prompt Global Strike, PGS).

Le trait principal du programme PGS, qui le distingue des forces nucléaires stratégiques modernes, est son caractère non-nucléaire. De ce fait, il n'est pas concerné par les limitations des armes stratégiques offensives bien que son objectif est de porter un coup de haute précision dans n'importe quel point du globe en l'espace d'une heure. Il est tout à fait possible que le programme ne soit pas réalisé à part entière, néanmoins, ce changement des « règles du jeu » n'est pas passé inaperçu.

A terme, l'appareil hypersonique chinois pourra créer une menace militaire dans l'endroit le plus sensible pour les Etats-Unis : dans le centre de la région d'Inde-Pacifique. A condition d'avoir une portée suffisante, ces blocs d'attaque téléguidés seront une menace sérieuse pour les armes offensives des forces armées américaines et pour le système d'ABM, notamment pour les navires AEGIS se trouvant aux avant-postes.

L'avantage principal des blocs hypersoniques dans la compétition avec l'ABM est leur manœuvrabilité : un tel bloc peut modifier sa trajectoire, ce qui diminue notablement la probabilité de l'interception.

La perspective des années 2020

Au lieu de niveler les potentiels nucléaires, le développement de PGS peut augmenter leur rôle. C'est là sa conséquence la plus dangereuse en puissance. Cela aura pour résultat l'accroissement des arsenaux russe et chinois qui seront considérés par Moscou et Pékin comme l'unique moyen de causer aux Etats-Unis un préjudice garanti inacceptable en cas de guerre.

La défense antimissile nationale allant de pair avec la fabrication en série des moyens de PGS éliminera toute alternative à la reprise de la course aux armements nucléaires face à un retard sur les Etats-Unis dans le domaine des systèmes non-nucléaires de haute précision.

Le problème doit s'exacerber au maximum au milieu des années 2020 alors que le système d'ABM sera complètement mis en place et les premiers systèmes de PGS deviendront opérationnels. Face à un regain de différends politiques, il est probable qu'en 2023 le climat international ressemble à celui de 1963 ou de 1983, bien que la confrontation ait des raisons politiques et économiques et non pas idéologiques. Pourtant, il y a encore le temps d'éviter l'enlisement dans la confrontation. En l'occurrence, les essais réussis d'une telle arme ne sont qu'un objet de marchandage lors des futures négociations sur la limitation des armements stratégiques tant nucléaires que non-nucléaires.

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